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Présidentielle 2018: Paul Biya est Responsable et Coupable de la Désintégration avancée du Cameroun - Présidentielle 2018: le pire est à venir, par Jean-Bosco Talla

Présidentielle 2018: Paul Biya est Responsable et Coupable de la Désintégration avancée du Cameroun - Présidentielle 2018: le pire est à venir, par Jean-Bosco Talla

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Index de l'article
Présidentielle 2018: Paul Biya est Responsable et Coupable de la Désintégration avancée du Cameroun
Présidentielle 2018: le pire est à venir, par Jean-Bosco Talla
Opération Epervier: un grotesque défilé de boucs-émissaires, par Hilaire Sikounmo
Peut-on vendre les oeufs pourris ad vitam aeternam? par Jean-Bosco Talla
Paul Biya ou la stratégie du fond de l'Abîme ou de l'Enfer, par Hilaire Sikounmo
Paul Biya applique à la lettre la leçon de son maître
Paul Biya, un obstacle pour la sécurité du Cameroun, par Pierre Ela
Paul Biya prend la petite porte démocratique de l'histoire
PostScriptum: Au voleur!!! Au violeur!!!, par Jean-Bosco Talla
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Présidentielle 2018: le pire est à venir, par Jean-Bosco Talla
La candidature de Paul Biya à la présidentielle du 07 octobre 2018 est inutile. Elle est d’autant plus inutile que le prolongement de notre satrapie sclérosée constituera le moyen le plus sûr d’enfoncer le Cameroun et les Camerounais dans l’abime de la malgouvernance et de la décomposition avancée. En 36 ans de despostisme, Paul Biya a suffisamment démontré son incapacité à gouverner et à mainternir l’unité nationale si chère aux Camerounais. Méfions-nous des slogans!
Le 7 octobre 2018, comme nous l’avions annoncé dans une de nos précédentes éditions, les citoyens camerounais, ceux qui ont décidé de s’inscrire sur les listes électorales et qui pourront avant le jour du scrutin retirer leurs cartes d’électeur, iront élire le président de la République du Cameroun. A quelques semaines de cette importante échéance, M. Paul Biya, chef de l’État et président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), pour des raisons qui lui sont propres et par calculs politiciens, a choisi de proroger les mandats des députés et ceux des conseillers municipaux. Aussi a-t-il, par twitter interposé, et dans un message laconique, annoncé sa candidature à sa propre succession, après 36 ans passés à présidence de la République et 56 ans passés dans les hautes sphères de l’Etat, répondant selon ses propos, à l’appel de ses compatriotes et prenant à contre pieds ses camarades du parti qui avaient pensé à tort, que c’est lors d’un congrès ordinaire que le candidat du Rdpc à la présidentielle du 7 octobre 2018, sera désigné. Sur son compte twitter, on peut lire, « Chers Compatriotes du Cameroun et de la Diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants. Je serai Votre Candidat à la prochaine élection présidentielle ».
Il fallait bien s’y attendre, au regard de l’horrible brouhaha qui se faisait entendre autour de sa potentielle candidature
On connait la position de Paul Biya par rapport aux élections, mode par excellence de dévolution du pouvoir dans un système démocratique. A la veille des élections couplées du 22 juillet 2007, il l’avait déjà for opportunément rappelée à ses concitoyens en des termes clairs. Selon lui, les « élections libres sont le seul moyen qui permette à chacun en son âme et conscience […] de se prononcer sur le devenir d’un pays […] et qui puisse donner à tous les Camerounais une chance égale de participer à la gestion des affaires publiques ».
Autrement dit, dans l’entendement de Paul Biya, la démocratie présuppose les élections. Ses propos laissent transparaître l’idée selon laquelle un peuple ne se gouverne qu’en choisissant les femmes et les hommes à qui il confie des missions précises. « La souveraineté nationale appartient au peuple camerounais qui l’exerce soit par l’intermédiaire du président de la République et des membres du Parlement, soit par voie de référendum », dispose d’ailleurs l’article 2 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
Au regard de tout ce qui s’est dit sur l’organisation et le déroulement des élections ces dernières années au Cameroun, et compte tenu du fait que plusieurs Camerounais ne croient plus à l’accession au pouvoir par les urnes, les actions quotidiennes du régime en place et celles de ses défenseurs semblent toujours s’inscrire en faux contre les discours lancinants et lénifiants de leur champion. Cette situation et leurs pratiques ont rendu plusieurs Camerounais sceptiques quant à la volonté réelle du régime en place d’organiser les élections libres, transparentes et justes au Cameroun.
Pour ces Camerounais défaitistes, toutes les dispositions ont déjà été prises pour que Paul Biya soit élu le 7 octobre 2018. Aussi estiment-ils qu’il n’est pas possible, après 58 ans de règne sans partage d’un régime d’abord dictatorial, puis pseudo-démocratique et d’un État administratif partisan, que ses dirigeants - englués dans la corruption et les privilèges matériels et sociaux, frappés pour certains d’amnésie et de sclérose intellectuelles - se prétendent encore être en mesure d’impulser et de piloter unilatéralement une nouvelle gouvernance, les réformes administratives, économiques et surtout institutionnelles qui s’imposent, pour libérer les énergies créatrices d’un peuple qui devra les juger.  
Ils pensent aussi qu’un régime - qui fait semblant d’être démocratique, mais qui ne se hâte pas pour le devenir véritablement, qui ne fait que des concessions formelles en les vidant de tout contenu - ne peut pas organiser les élections sincères et impulser les mutations profondes souhaitées par de nombreux Camerounais. Même Saint Augustin aurait douté des bonnes intentions de Paul Biya et de son régime, lui qui pensait très simplement et sans hésitation que « pour rendre un homme meilleur, il faut s’obstiner à le croire bon »
Face à ce que d’aucuns considèrent comme étant une mise en scène démocratique, il est tout de même aisé de s’interroger sur les capacités de l’opposition patriotique ou de ce qui en reste, d’impulser un changement démocratique dans notre pays. Cette opposition patriotique est encerclée par une opposition incohérente qui a privilégiée la politique abdominale. Fragilisée par des faux jetons, constituée de satellites du Rdpc, d’opportunistes et de joueurs de Pari mutuel urbain camerounais (Pmuc), de saprophytes et d’indigents intellectuels et matériels en mal d’immunité-refuge, elle s’obstine à penser qu’en allant en rang dispersé elle peut faire contrepoids à une organisation mafieuse bien huilée, constituée de l’’administration, du parti au pouvoir et ses affidés.
Répétons-le quitte à choquer, les candidats de l’opposition à la prochaine présidentielle glaneront quelques voix, principalement dans les grandes villes où les citoyens sont suffisamment  politisés, ce faisant, l’opposition ne cessera de jouer le rôle de faire valoir démocratique qu’elle a toujours joué avec le concours intéressé du pouvoir en place. Tout cela parce que cette opposition, qui versent trop facilement dans le populisme et des sophismes qui ne trompent plus grand-monde, fait semblant de ne pas comprendre l’importance des coalitions, des alliances et des regroupements stratégiques, face à un adversaire hyperpuissant qui utilise les moyens de l’État et qui fait flèche de tout bois pour conserver le pouvoir.
C’est dire si la présidentielle à venir se présente comme un jeu sans enjeux au cours duquel de nombreux Camerounais assisteront à une reconduction inutile d’un satrape dont le bilan sur tous les plans est calamiteux et dont le seul et unique projet politique est de durer et de mourir au pouvoir.
C’est d’ailleurs une lapalissade : le Cameroun va très mal. Cette Afrique en miniature se trouve aujourd’hui dans une phase critique de désagrégation et de putréfaction avancées. Il a mal à sa gouvernance politique, économique, socioculturelle et environnementale. Une situation facilitée par une clique de vampires et d’imposteurs amorphes qui ont pris en otage tous les rouages de l’État mais qui entretiennent dans l’ombre des velléités de conquête du pouvoir. Leur stratagème est fort simple : le jour, ils présentent Paul Biya comme leur idole à travers motions et émotions de soutien farfelues ; la nuit, en espérant que survienne un coup d’Etat biologique, ils affinent leurs stratégies de conquête du pouvoir.
Au moment où le charisme de certains leaders est en crise ; au moment où les querelles ethniques, de leadership effritent la cohésion nécessaire à l’élaboration des stratégies pertinentes, le moment semble venu pour un renouvellement de la pensée au sein de l’opposition et de la société civile afin que les actions à entreprendre en faveur de l’enracinement des projets de l’alternance dans un vaste mouvement social, soient efficaces.
Cet enracinement ne peut avoir lieu que si et seulement si les acteurs, mus par la conviction d’œuvrer pour l’intérêt général relèvent le défi de l’organisation qui transcende les intérêts individuels, les clivages politiques et idéologiques. On ne le dira jamais assez, on ne peut vaincre l’organisé que par l’autrement organisé.
Jean-Bosco Talla