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Société Jeunesse et drogues, l’avenir d’une nation en danger.

Jeunesse et drogues, l’avenir d’une nation en danger.

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Le 1er février 2018, le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, lançait, comme ses pairs, une « campagne de sensibilisation des jeunes […] sur les méfaits du cannabis ». Cet acte pendulaire des autorités administratives s’inscrivait plus dans une logique médiatique que dans celle de la recherche des résultats en termes quantitatifs.
En levant un pan de voile sur ce fléau social aux conséquences inimaginables, les pouvoirs publics dont l’une des missions est de faire appliquer les lois et les règlements, avait cru agir avec une précision chirurgicale sur un fait social qui touche à la morale et à la santé publiques. Le caractère évanescent de cet acte tient à trois raisons principales.
Primo ; le déploiement pour la « sensibilisation » des jeunes semblait corroborer l’hypothèse de l’opportunité administrative. Aussi avons-nous été en droit de nous demander si une « semaine de la jeunesse » était suffisante pour prétendre atteindre des résultats escomptés.
Secundo, le problème des stupéfiants a été présenté d’un point de vue de ses « méfaits ».

 tactique ou stratégie de l’évitement ?

Tertio, la montée presqu’exponentielle du nombre de jeunes camerounais(e)s consommant la drogue est un fait qui vient signaler à la réprobation de tous la somnolence et l’incapacité de l’Etat du Cameroun quant à la protection de sa jeunesse, trivialement et pompeusement appelée « fer de lance de la nation ». Selon le Global Youth Tobacco Survey, les jeunes scolarisés et des personnes en situation sociale précaire sont des usagers réguliers des drogues. Que visaient les pouvoirs publics ? Quels gains espéraient-ils pendant la semaine de la jeunesse ?
La jeunesse est une période de la vie de l’être humain se situant entre l’enfance et l’âge adulte. Elle est hautement sensible. Dès lors quelles réflexions mener sur une tranche d’âge sociologiquement indéterminable, mais politiquement façonnée par des idéologues partisans comme incluant des futurs et potentiels électeurs ?
Cette dissonance de perception et de définition de la jeunesse prouve néanmoins que celle-ci trouve dans la drogue un moyen d’affirmation et de compensation. Sans doute, c’est pendant la semaine de la jeunesse que nos jeunes se livrent à la débauche, à cause du relâchement du contrôle parental et scolaire. Mais une préoccupation demeure : ces jeunes ne se droguent-ils que pendant la semaine de la jeunesse ?
Les cas de consommation de drogue relevés au quotidien dans les établissements scolaires s’inscrivent-ils dans la mouvance de la fête du 11 février ? N’y a-t-il que les élèves/étudiants qui se droguent, Que faire des autres catégories de jeunes (enfants de la rue, conducteurs des motos taxis, chômeurs …) ?
La consommation des drogues, qu’elles soient douces ou dures, est en partie motivée par des pseudo-certitudes dues aux émotions télévisuellement commandées. D’où la nécessité d’élargir le spectre et le temps de sensibilisation ; la santé d’une société se mesure à l’aune de celle de sa progéniture.
Le tramadol, le cannabis (encore appelé chanvre indien ou banga) apparaissent comme des drogues les plus abusivement consommées par les jeunes. Le Comité interministériel de lutte contre la culture du cannabis et le Comité national de lutte contre la drogue (CNLD)ont manqué l’angle d’attaque. En effet, que comprendra un jeune qui ne connaît que des conséquences d’une pratique qui s’opère et se développe dans son environnement immédiat ? Qu’attend-on de ce jeune s’il n’a aucune idée sur la trajectoire de ces substances dangereuses ?
La démarche des autorités politico-administratives qui se résume uniquement à la formulation et la diffusion des slogans pourrait s’apparenter en tout état de cause à l’encouragement des jeunes à consommer les drogues. La stratégie du laisser-faire adoptée par les autorités qui se contentent de quelques opérations coup de poing, laisse le champ libre aux passeurs et à des agents des forces de l’ordre pour l’introduction et la commercialisation de la fameuse arme de destruction massive qu’est devenu le tramadol illicitement vendu. C’est du moins la position du Dr Agwe Samuel qui affirme que : « we don’t yet know the exact source of ones [tramadol] on the street. It is unfortunate that we are steel looking through the various options but one of the illegally imported into the country through the borders. People who go out to by this drug certainly hide from the law enforcement officers to bring them into the country.”
Quels résultats peut-on mettre à l’actif du CNLD et du ministère de la Santé publique dans la lutte contre les « pharmacies du gazon » ou de « la rue « ? Ne faudrait-il pas commencer par nettoyer nos rues et nos marchés de ces médicaments aux origines douteuses ? La persistance des étalages et kiosques à médicaments explique à suffisance la gestion transactionnelle de cet aspect de la santé publique.
Il nous semble que c’est une faute de mangement lorsqu’on fait fi de l’importance de la planification dans toute organisation. La pusillanimité des poursuites judiciaires et autres décisions des pouvoirs public n’est pas à mesure de donner l’espoir aux jeunes contre des risques liés aux drogues.
Boussogue.