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Livres Quand les opposants refusent le pouvoir. Analyse des stratégies de la défaite. - Le charlatanisme comme alternative politique, par Jean-Bosco Talla

Quand les opposants refusent le pouvoir. Analyse des stratégies de la défaite. - Le charlatanisme comme alternative politique, par Jean-Bosco Talla

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Index de l'article
Quand les opposants refusent le pouvoir. Analyse des stratégies de la défaite.
2018: A vraincre sans péril, on triomphe sans gloire, par Jean Baptiste Sipa
Elections en 2018 au Cameroun : Faut-il déjà crier ''haro'' sur l'opposition?, par Roger Kaffo Fokou, enseignant, écrivain et chercheur
Les opposants et leurs stratégies de la défaite, par Ikemefuna Oliseh
Pour changer la donne
Le charlatanisme comme alternative politique, par Jean-Bosco Talla
Le défi de l'organisation
Les chances de succès des candidats potentiels ou déclarés sont assez limitées, par Ahmadou Sehou
Occasions manquées et myopie de l'opposition camerounaise, par Enoh Meyomess
Problèmes actuels de nos luttes actuels, Guillaume Henri Ngnepi, Philosophe
Toutes les pages

Le charlatanisme comme alternative politique, par Jean-Bosco Talla
Presque tous les présidentiables potentiels ou déjà déclarés sont en pleine campagne. Mais au vu de leurs démarches, et faute d’avoir à temps politisé les masses politiques, leur échec est prévisible, d’autant plus que presque tous versent dans le charlatanisme politique
Les observateurs avertis n’ont cessé d’attirer l’attention de l’opposition camerounaise sur leurs erreurs et errements qui ont très souvent conduit aux échecs lors des précédentes consultations électorales depuis le retour du multipartisme au début des années 1990 et faisant d’eux de simples faire-valoir démocratiques. On croyait qu’ils avaient appris de ces erreurs et échecs. Hélas, en ce début d’année électorale, il est loisible de constater que tous ou presque veulent devenir président de la République, embouchent les mêmes rengaines, les mêmes refrains, se projettent devant les Camerounais comme des messies attendus, se contentent des réseaux sociaux et de leurs expositions médiatiques, comme si les Camerounais étaient restés figés au moyen âge politique, et sans prendre la peine de faire le travail politique qui devrait être fait sur le terrain longtemps avant les échéances électorales.
Le premier travail politique, le plus important, qui aurait dû être fait, au lendemain de la présidentielle de 2011, est celui de la politisation des masses populaires, autrement dit de l’éducation politique des populations, qui leur aurait permis non seulement d’élargir leur champ de connaissances afin de comprendre à quoi renvoient les questions relatives à la gouvernance, à la forme et à la nature de l’Etat, mais aussi aurait mis à leur disposition les outils de compréhension des jeux et des enjeux politiques de l’heure, en même temps qu’elle leur aurait permis de comprendre qu’ils sont les véritables détenteurs du pouvoir et que ce qui leur arrive aujourd’hui n’est pas une fatalité, mais l’œuvre des hommes mortels.
À écouter les opposants camerounais, et à observer leurs agissements, on se demande s’ils ont pris la peine de lire Frantz Fanon, qui dans Les damnées de la terre, indiquait déjà la voie à suivre : « Être responsable dans un pays sous-développé, c’est savoir que tout repose en définitive sur des masses, sur l’élévation de la pensée, sur ce que l’on appelle trop rapidement la politisation. On croit souvent en effet, avec une légèreté criminelle que politiser les masses, c’est épisodiquement leur tenir un grand discours politique. On pense qu’il suffit à un leader ou à un dirigeant de parler sur un ton doctoral des grandes choses de l’actualité pour être quitte avec cet impérieux devoir de politisation des masses. Or, politiser, c’est ouvrir l’esprit, c’est éveiller l’esprit, mettre au monde l’esprit. C’est comme le disait Césaire : ‘’inventer des âmes’’. Politiser les masses ce n’est pas, ce ne peut pas être faire un discours politique. C’est s’acharner avec rage à faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles, Que si nous stagnons c’est de leur faute et que si nous avançons, c’est aussi de leur faute, qu’il n’y a pas de démiurge, qu’il n’y a pas d’homme illustre et responsable de tout, mais que le démiurge c’est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitive que les mains du peuple. »
Au lieu d’engager à temps ce travail d’éducation politique, autrement dit de politisation des masses, les opposants camerounais se contentent de chanter ou de faire croire aux Camerounais qu’ils mettent en place des dynamiques politiques (Le Pacte républicain, Plateforme, Mouvement Now, etc) pour renverser Paul Biya et son système, oubliant qu’une dynamique est ce qui engage les forces sociales organisées ; qu’un rassemblement de personnalités ou d’individualités, hélas ! non portées par des forces sociales organisées ne constituent point une dynamique ; oubliant enfin que quatre personnes organisées sont plus efficientes et efficaces dans l’action que 30 personnalités, fussent-elles des sommités mondiales - plongées dans l’anomie, l’inorganisation.
Tous ceux qui promettent monts et merveilles et déclarent vouloir changer le Cameroun sans commencer par la formation politiques des cadres et la politisation des masses versent dans le charlatanisme. Ce sont des Biya en puisance. Car le problème majeur du Cameroun est moins celui de la forme d’Etat que celui de la gouvernance et de la nature de l’Etat.
Jean-Bosco Talla



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