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Patchwork Paul Biya, La malédiction du 6 novembre 1982

Paul Biya, La malédiction du 6 novembre 1982

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Index de l'article
Paul Biya, La malédiction du 6 novembre 1982
La Grande désillusion
Paul Biya : L'obsession de l'éternité
Signes prémonitoires d'une fin de règne tumultueuse annoncée
Signes prémonitoires d'une fin de règne tumultueuse annoncée
Signes prémonitoires d'une fin de règne tumultueuse annoncée
Paul Biya et la malédiction aujouliste
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Vanitas vanitatum...
Vanité des vanités, tout est vanité, dit Ecclésiaste. ‘’L’homme ! Ses jours sont comme l’herbe, comme la fleur des champs il suffit qu’un souffle passe; Sur lui,  il n’est plus, jamais plus ne le connaitra sa place.’’  Cette sagesse, tirée des psaumes 103 montre la vanité de toute chose.
Au milieu du XVIIe siècle, Louis XV affirmait péremptoire : « En ma personne seule réside la puissance souveraine. À moi seul appartient tout le pouvoir législatif sans dépense ni partage. L’ordre public tout entier émane de moi et les droits et les intérêts de la Nation sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu’en mes mains. » Toutefois, la dictature monarchique a ouvert la voie à la Révolution bourgeoise de 1791. La France est ainsi passée d’une extrémité à une autre, de l’absolutisme royal à l’intolérance bourgeoise qui a effacé l’ordre de la noblesse en assassinant le roi. La Révolution bourgeoise ira de pair avec l’instabilité constitutionnelle. De 1791 à 1795, trois constitutions sont rédigées en France.
La situation du Cameroun est préoccupante.

Une bourgeoisie a émergé avec les moyens de l’État et la complicité des relais néocoloniaux, au-dessus d’une classe moyenne naissante et végétative. Les ressources naturelles du pays ont été soit bradées, soit inexploitées. La constitution, constamment malaxée, est taillée sur mesure. L’insécurité est grandissante. L’État ne protège plus, fait semblant d’éduquer, ne respecte plus les citoyens, bafoue les normes et les droits humains les plus élémentaires. La corruption prospère à la tous les étages de l’échelle sociale. Les citoyens manquent de repères. Un tel État n’est-il pas appelé à disparaître ? N’est-il pas pur fétichisme que de continuer à le vénérer?
À l’évidence, Paul Biya, depuis son accession à la Mangeoire suprême n’a cessé de tromper et d’abuser de la crédulité des citoyens camerounais. L’idée qu’il se fait du peuple est restée la même depuis 1982, date de son accession au pouvoir: un magma informe et menaçant que seul le charisme du chef a vocation à dompter. Il faut à cette masse indifférenciée, comme jadis à la plèbe romaine, en plus du pain et des jeux, les multinationales de Dieu, l’alcool, le sexe et le sang des innocents. Son éthique ne semble pas être différente de celle du tiroir-caisse.
Une chose est certaine, toutes les belles choses ont une fin. Arrivé au pouvoir comme chantre du Renouveau, Paul Biya n’a fait qu’enfoncer le Cameroun dans l’abîme 35 ans durant.. Il aura une fin comme d’autres hommes d’État et autres hommes politiques avant lui. Pourvu que celle-ci ne soit pas identique à celle qu’ont connue Omar Bongo Ondimba, Mobutu Seseko, Saddam Hussein, Gnassingbé Eyadema, etc.
 Source: Germinal n°112, du 6 novembre 2017.


La Grande désillusion
35 ans au pouvoir, l’inertie, la mal-gouvernance et la filouterie politiques sont les principales caractéristiques du Renouveau de Paul Biya
Lorsque le président Paul Biya arrive au pouvoir en 1982, il promet monts et merveille aux Camerounais. Son projet de société est vite adopté par une frange de Camerounais d’autant plus que, tout en annonçant « l’avènement du mérite [qui] mettra fin à l’anarchie par laquelle tout le monde pouvait se retrouver partout, mais rarement la personne qu’il faut à la place qu’il faut1» il souhaite « vivement» que ses compatriotes se donnent la main pour» bâtir une société saine, c’est-à-dire une société constituée d’hommes qui se plaisent dans la compagnie les uns des autres, au lieu de se percevoir plutôt comme des loups, les uns pour les autres (2)». Aussi se propose-t-il de promouvoir:
- « la vraie démocratie» qui ne saurait s’accommoder de « quelques formes d’oppression, de tyrannie ou de dictature des régimes civils et militaires qui même lorsqu’ils prétendent servir les aspirations des gouvernés sacrifient sur l’autel de l’ordre la liberté et l’égalité(3)»;
- le «développement véritable» dont la «finalité consiste à accorder à l’homme des conditions d’existence telle qu’il se sente réellement un homme libre et capable de le demeurer; un homme libre qui est débarrassé de toutes sortes de préjugés coloniaux, [...] un homme qui ne vit plus sous l’emprise de la superstition et des croyances déshumanisantes (4)», un homme de principes qui refuse de se complaire dans le mensonge et la gabegie et ne vivant pas « sous le régime de la peur et de 1’ignorance (5)».
Cette société nouvelle, plus démocratique, plus humaine dont il célèbre sera celle au sein de laquelle aucun Camerounais n’aura besoin, pour exprimer ses idées et opinions de prendre la clé des champs.
Les slogans: « rigueur, moralisation, intégration nationale, stade suprême de l’unité nationale» sont mobilisateurs. Des Camerounais y croient et envisagent l’avenir avec beaucoup d’optimisme.
Très tôt cependant, ils déchantent et le catalogue d’illusions faites restent au stade de promesses. Ils comprennent que les «valeurs morales qu’était censé promouvoir le renouveau ont été sacrifiées sur l’autel du mercantilisme, de la corruption, de la complaisance, du trafic d’influence, du mépris pour la .vie humaine, de l’humiliation comme instrument de dialogue, du crime multidimensionnel, du vagabondage politique ..., tant et si bien qu’il est difficile, aujourd’hui, même à ce renouveau, d’indiquer dans ce pays un seul modèle de vertu auquel il peut s’identifier (6)», Bref, les valeurs morales ont été sacrifiées sur l’autel des maux d’une société décadente entonnant son champ de cygne (7).
Résultats: II y a « émergence d’individus énigmatiques aux compétences douteuses tant dans la haute hiérarchie administrative et politique qu’à la tête des sociétés d’État. Conséquences néfastes: destruction éhontée du tissu industriel par un pillage systématique des ressources diverses, par la braderie sans vergogne du patrimoine économique national, par une gestion à l’emporte-caisse du denier public, etc. À la faveur de l’impunité qui constitue sous le renouveau l’une des caractéristiques majeures du mode de gestion de la chose publique (8)».
On comprend pourquoi aujourd’hui, les slogans sus-évoqués laissent un très mauvais goût dans la bouche des - Camerounais(e)s, ceux-ci étant devenus, pour des citoyens avertis, des mythes pour idiots9, des dieux constamment évoqués par les partisans du régime, mais que très peu de gens (même les promoteurs) adorent.
Au début des années 90, avec l’amorce du processus démocratique, « les villes mortes, la désobéissance civile officialisent l’incrédulité et le cynisme général vis-à-vis d’institutions détournées de leur finalité et de leurs fonctions proclamées (10)».
Dans ce pays où gouverner est synonyme de manger (11). et où ceux qui ont pris la place des commandants de cercle savent qu’ils gèrent des secteurs qui leur ont été confiés comme des secteurs privilégiés devant assurer leur prospérité (12), des voix se sont toujours élevées pour décrier la gestion calamiteuse du patrimoine humain et des ressources naturelles que regorge le Cameroun et dont les corollaires sont l’accroissement de la pauvreté et le chômage endémique des  , le maintien (presque définitif) du pays sous la dépendance des institutions financières internationales devenues « les vrais acteurs du jeu politique et économique en Afrique en prenant la place de l’État dont le seul rôle est de médiatiser leurs décisions et de les faire appliquer (13) ».
Source: De la corruption au Cameroun, FES, 1998, pp.245-248
1 Paul Biya. Pour le Libéralisme communautaire, Pierre-Marcel Favre/ABC, Paris. 1986.
p.43.
2 Paul Biya.op.cit., p.101.
3 Paul Biya, op. clt., p. 43.
4 Paul Biya, op. cil., pp. 105-106.
5 Idem., p. 106.
6 Pius Njawé, ''Jouisseurs impénitents'', La Messagère, n°34 du 04 octobre 1995, p.2.
7 Allusion à Aimé Césaire qui affirme « que c’est une loi universelle que toute classe, avant de disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, omnilatéralement, et que c’est la tête enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur champ de cygne». Discours sur le colonialisme, Présence africaine, Paris, 1989, p.43.
8 Pius Njawé, op, clt., p.2
9 Lire Hilaire Sikounmo, L’école du sous-développement; Gros p/an sur l’enseignement secondaire en Afrique, L ‘Harmattan, Paris, 1992, p.193.
10 Eboussi Boulaga. Lignes de résistances, Clé, Yaoundé. 1999, p.50.
11 J.-M. Ela, Innovations sociales et renaissance de l’Afrique noire. Les défis du monde d’en-bas, L’Harmattan. Paris, 1998, p.246.
12 J.-M. Ela, op. cit,. p.279.
13 J.-M. Ela. op. cit. p.363. Cet auteur relève les enjeux théoriques en ces termes: «Dès lors que tout se pense à Washington quand il s’agit d’élaborer des scénarios de sortie de crise.
L’avenir des sociétés africaines est soumis aux critères d’analyse par lesquels la vision de l’Afrique dans sa totalité ne peut s’enraciner que dans la tradition libérale. De manière spécifique, ce que l’on impose à l’imaginaire africain à partir des schémas d’intelligibilité élaborés par des experts du FMI et de la Banque mondiale n’est rien d’autre que le dogme du « tout marché»».


Paul Biya : L'obsession de l'éternité
Visiblement, le fantôme d’Ahmadou Ahidjo hante Paul Biya. Il a peur que son cadavre subisse le même sort que celui qu’il a réservé à la dépouille de son illustre prédécesseur. Parce qu’il a décidé de mourir au pouvoir, malgré l’état de putréfaction avancée dans lequel se trouve le Cameroun, il peut se permettre de narguer les Camerounais à travers des déclarations révélatrices de la petitesse d’un personnage, sans ambition et sans vision.
Il y a de cela quelques années, le philosophe et essayiste camerounais Hubert Mono Ndjana publiait un opuscule sur les petits mots de Paul Biya. Dans un ton laudateur, l’intellectuel Rdpciste faisait l’éloge du style communicationnel du président du Rdpc. Rien de mal à cela lorsqu’on est militant du Rdpc. Même si les contempteurs du régime en place avaient aussitôt objecté que l’auteur magnifiait le verbe dérisoire, c’est-à-dire une gouvernance discursive ou les discours et les mots ne sont jamais traduits en actes. Tout au moins, la contribution du « Grand prof » suggèrait qu’il faut prendre très au sérieux les petits mots de Paul Biya, souvent lancés comme des boutades inconscientes. En cela, elle pouvait être créditée d’un minimum de bon sens du point de vue de l’analyse de la gouvernance catastrophique de l’homme du 6 novembre 1982.
Au moment où pointe à l’horizon la fin d’un mandat ou d’un septennat inutile, au cours duquel le locataire provisoire d’Etoudi s’est comporté comme un touriste en transit au Cameroun, notamment à Yaoundé, on peut, pour se rendre à l’évidence, convoquer ses propos qui exaltent le gouvernement perpétuel, tenus lors de sa récente visite d’Etat en terre italienne au courant de la deuxième quinzaine du mois de mars 2017. Face aux spectateurs dont la sordidité des propos a rendu hilares, Paul Biya, tel un Roi Ubu tropical étalant à la face du monde ses délires oniriques déclarait : « C’est rare aujourd’hui de trouver un gouvernement qui dure 30 ans». Une manière pour lui de narguer le peuple camerounais et de moquer les démocrates occidentaux qui ont compris que le progrès de leur pays et le mieux-être de leurs concitoyens passent par la mise en place d’institutions démocratiques fortes et l’alternance régulière au pouvoir.
Ce n’est d’ailleurs pas pour la première fois qu’il se moquait des Camerounais et éprouvait le mépris pour eux en mondovision tout en bombant le torse tel King Kong triomphant d’un peuple en guenilles (qu’il a) affamé, émasculé par l’alcool et la propagande officielle, avant de le laisser à le merci des multinationales de Dieu. Répondant, le 3 juillet 2015, à une question de Gérard Grizbec, journaliste à France 2, qui l’interrogeait sur sa longévité au pouvoir et ses intentions pour la présidentielle de 2018, Paul Biya d’un sourire narquois déclarait ; « […] ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut ». Il ajoutait : « […] Je ne suis pas à la tête de l’état par la force.  Je n’ai pas acquis le pouvoir de manière dictatoriale, j’ai toujours été élu par le peuple […] ». En employant l’adverbe toujours, Paul Biya tentait de mystifier les Camerounais et ses interlocuteur en laissant accroire qu’il a accédé au pouvoir par une élection. La réalité est pourtant autre et tout le monde sait qu’il est le successeur constitutionnel de son illustre prédécesseur Ahmadou Ahidjo. Autrement dit, qu’il n’accède au pouvoir le 6 novembre 1982 que par la seule et unique volonté d’Ahmadou Ahidjo. Par conséquent il n’a jamais été élu président de la République du Cameroun, les élections qu’il a jusqu’ici organisées n’ayant toujours été que des rituels d’attestation, des tentatives vaines de légitimation d’un pouvoir gracieusement offert sur un plat d’or et/ou de diamant.
Au-delà du rire diplomatique empreint de condescendance des Occidentaux présents dans la salle, lesquels font l’expérience ignoble de l’iraison de la gouvernance nègre caractérisée par le surdimensionnement des egos présidentiels à mesure de la longévité au pouvoir qui contraste avec la valeur ajoutée apportée en termes de vision et d’ambition politiques, de relèvement du niveau vie de ses concitoyens, de renforcement de l’Etat de droit démocratique, de prospérité économique et d’exaltation de l’Etat stratège, cette déclaration, qui heurte la conscience des jeunes et des partisans de l’alternance comme dogme de régulation de la gouvernance mondiale, dément les complaisances vaniteuses des thuriféraires sincères ou opportunistes de Paul Biya. Elle dévoile la mystification qu’ils entretiennent autour du « vacancier au pouvoir » (Stephen Smith) par des qualificatifs brumeux tels que : « homme énigmatique », « homme providentiel porteur d’un projet politique divin pour le Cameroun », « vieux sage d’Afrique », etc., bref par un catalogue de mots participant de la divinisation de l’immortel président du Rdpc.

 

Ahmadou Ahidjo
Rétrospectivement, on peut, sans mauvaise foi aucune, affirmer que Ahmadou Ahidjo avait minutieusement préparé sa succession afin d’éviter que le Cameroun sombre dans le chaos après son départ du pouvoir. En 1975, à l’approche du « congrès de la maturité » de l’Union nationale camerounaise tenu à Douala du 10 au 15 février de la même année, des rumeurs couraient, s’amplifiaient à mesure qu’on approchait la date sur les intentions du président Ahidjo à ne pas solliciter le renouvellement de son mandat à la tête de l’Unc, donc au sommet de l’Etat. Habilement, en homme politique avisé et impressionné par le vaste soutien populaire qui l’appelait à demeurer à la tête de l’Etat, Ahmadou Ahidjo, conscient que son retrait prématuré fragiliserait le Cameroun en l’installant dans une zone de turbulence préjudiciable, acceptait de demeurer chef de l’Etat et de se présenter à la présidentielle qui se tiendra quelques mois plus tard. Mais, il profitait de cette occasion pour déclarer devant près de deux mille congressistes réunis en séance ordinaire et des centaines de milliers de Camerounais ayant l’oreille collée au transistor pour jeter les jalons de son futur départ de la présidence de la République en déclarant « Je n’ai pas l’intention de m’éterniser au pouvoir, mais, répondant à votre vœu unanime et à l’appel des masses populaires, j’accepte de solliciter des électeurs camerounais un nouveau mandat à la tête de la nation. » Le 5 avril 1975, il était élu à plus de 99 % pour son avant dernier mandat de cinq ans. Mandat au cours duquel, faut-il le souligner, il modifia la constitution pour faire de son premier ministre, Paul Biya, son successeur constitutionnel.
Logique avec lui, il se fera prier par politesse avant d’accepter son investiture au congrès de Bafoussam tenu du 12 au 17 février 1980. D’ailleurs, il réitèrera ses propos que nous citons de mémoire quelques années plus tard devant les journalistes du club de la presse du tiers monde à l’occasion de la célébration du dixième anniversaire de la république unie du Cameroun : « Je n’ai jamais dit que j’allais m’éterniser au pouvoir […] Pour ma succession, la chose que je puis dire est que la procédure est prévue par la constitution et que je ferai en sorte, si tout va bien et si Dieu le veut, que ma succession se déroule normalement qu’il n’y ait pas de vide au Cameroun. »
L’annonce de sa démission, le 4 novembre 1982 traduit sa volonté de rester cohérent avec lui-même.
Comparativement à son illustre prédécesseur, « digne et prestigieux fils de ce pays, père de la nation camerounaise, artisan de son unité et son développement, […] géant de l’histoire camerounaise, de l’histoire africaine, de l’histoire tout court » (dixit Paul Biya), l’homme du Renouveau continue d’exceller dans la stratégie du clair-obscur au sujet de sa succession. Cette posture, associée à ses déclarations qui laissent penser que les Camerounais ont affaire à un adolescent de plus de 80 ans, dévoile une seule réalité de l’homme, à savoir que le projet de vie de Paul Biya est le gouvernement perpétuel. D’autant plus que ces petits mots dévoilent la nature profonde du locuteur, sa petitesse et son étroitesse de vue face aux enjeux contemporains, l’absence de vision pour le Cameroun. Elle est la preuve patente que l’unique projet ou ambition du Nnom Gui est de durer au pouvoir ad vitam aeternam. Les mots d’ordre de rigueur, de moralisation, de démocratie, tout comme la lutte sacrificielle à tête chercheuse contre la corruption et les purges politiques, ne sont que des supports d’une ingénierie de conservation du pouvoir en marche depuis le 6 novembre 1982 et sans cesse remaniée au regard des exigences conjoncturelles.

L’Affaire Brenda
Point d’ambition ou de vision pour le Cameroun, encore moins, disent des mauvaises langues (?), pour sa propre progéniture dont l’Affaire Brenda relayée par les réseaux sociaux a dévoilé, si on en croit les contempteurs de l’homme lion ; un déficit navrant d’encadrement et d’éducation de sa progéniture, du point de vue morale et éthique.
Pour réussir ce projet indigne, pour un homme porté aux hautes fonctions de la République depuis 1962, et qui dit-on a fait les humanités et les études supérieures de science politique, à l’opposé du petit certifié, agent des postes qu’était Ahidjo, l’homme du Renouveau n’a que du mépris pour la légitimité populaire, puisque même ses laudateurs que Michel Roger Emvana a rencontrés dans le cadre de son ouvrage intitulé Paul Biya, les secrets du pouvoir, affirment sans ambages que c’est l’ésotérisme profane qui le maintien au pouvoir. Une curiosité tout de même, pour un ancien séminariste, de surcroit fils de catéchiste.
Pour les confidents d’un ami personnel de Paul Biya parti outre-tombe, l’éternisation au pouvoir de l’actuel occupant du palais d’Etoudi est une obsession. Puisque affirma-t-il de son vivant : « le président à l’ambition de mourir au pouvoir. Ceux qui rêvent de le voir transmettre le pouvoir à quelqu’un comme lui-même l’a reçu des mains d’Ahidjo attendront longtemps. C’est sa seule raison de vivre. Il faut vous organiser dans ce sens en conséquence. Et celui qui nourrit de réelles ambitions doit soit l’affronter ou attendre tranquillement sa mort. »
Les propos de Titus Edzoa corroborent ceux de cet ami personnel de Paul Biya. Dans une interview accordée au journal Mutations (n°043 du 28 avril 1997) après sa démission du poste de ministre de la Santé publique, l’ex-secrétaire général de la présidence de la République n’use pas de circonlocutions pour dénoncer l’inertie, l’immobilisme, l’incurie et la gestion au petit bonheur du système. L’ex-prisonnier politique ayant passé 17 ans dans les geôles infectes du secrétariat d’Etat à la défense (Sed) déclarait : « […]  Rien ne marche. On lui dit : Bougez, bougez ! Il ne bouge pas. Il ne travaille pas. Vous ne pouvez pas vous imaginer des efforts qu’on fait à l’intérieur pour que les choses évoluent. Pour faire aboutir la nouvelle Constitution, ce fut très rude. Il ne voulait même pas qu’on limite les mandats. Et lorsque vous expliquez qu’on doit limiter les mandats pour obliger les hommes d’Etat à se donner un programme d’actions établi dans le temps, on vous taxe de rebelle.
Les gens s’imaginent qu’ils vont gouverner sans calendrier. Ce n’est pas possible. Il faut des programmes étalés sur une période donnée. Là, on est obligé de produire des résultats.»
Ces propos permettent de comprendre les motivations ayant poussé en 2008 Paul Biya à procéder à la révision de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 en vue de la levée du verrou de la limitation du mandat présidentiel
C’est aussi, à juste titre, l’explication la plus pertinente et la compréhension de la boutade lancée  le mercredi, 9 juin 2004 après la rumeur de sa mort. Devant ses partisans et sympathisants venus nombreux pour l’accueillir, il lancait ironiquement : « Vous saluez le fantôme ». Et de poursuivre en narguant ses détracteurs. « J’étais en visite privée en Europe. J’ai appris comme tout le monde que j’étais mort ». Avant d’enchainer : « Il paraît qu’il y en a qui s’intéressent à mes funérailles. Eh bien, dites-leur que je leur donne rendez-vous dans une vingtaine d’années ».
Face à la volonté affichée de Paul Biya de briguer un autre mandat en 2018, cette sortie de Paul Biya en 2004 révèlait tout son sens. En français facile, il voulait dire aux Camerounais : « je resterai au pouvoir tant que ma santé et son âge me permettront jusqu’en 2024, à 91 ans ».
Il n’est pas surprenant que ses ministres, avisés par cette logique de la gouvernance présidentielle illimitée et fondée sur l’inertie et les intrigues, cherchent aussi à durer éternellement à leur poste, en usant des artifices tels que les flatteries des motions de soutien et de déférence, la gouvernance des effets d’annonce, etc. Un ministre encore en poste spontanément devenu conseiller d’un de ses collègues dans l’actuel gouvernement lui faisait remarquer : « ton problème, c’est que tu cherches à travailler et à faire connaitre à tout le monde que tu fais quelque chose. Nous ne sommes pas nommés par le patron pour un travail quelconque. Soyez inexistant comme moi et vous resterez à votre poste aussi longtemps que possible. »
Dans un tel contexte, comment peut-on attirer les investisseurs occidentaux qui, mieux que quiconque, savent que le gouvernement perpétuel conduit à l’incertitude au regard de l’instabilité qu’il crée et de la décrépitude de la gouvernance d’un point de vue de l‘éthique démocratique et républicaine ?
Comment convaincre du sérieux de sa gouvernance un Pape qui gère une institution limitant à 75 ans le départ à la retraite des évêques et qui par ailleurs est séduit par son prédécesseur, lequel a démissionné de son siège pour des raisons liées à son âge alors que rien ne l’y obligé ?
In fine, ces interrogations permettent de comprendre pourquoi toutes les beuveries organisées depuis le début de ce septennat inutile n’ont jusqu’ici eu aucune incidence sur le quotidien des Camerounais. La conférence Investir au Cameroun, le tourisme italien de Paul Biya et d’autres initiatives et démarches de même nature ne sont en réalité que des gadgets sans suite. Le retour en force du Fmi est la preuve la patente de la gestion catastrophique et patrimoniale du patrimoine commun par une clique à la boulimie gargantuesque.
Jean-Bosco Talla
Maheu
Déjà,paru dans Germinal n° 105 du 3 mai 2017.


Signes prémonitoires d'une fin de règne tumultueuse annoncée
Le jugement de la majorité des Camerounais est sans appel: le Renouveau est une illusion, un rêve inabouti. Les premiers signes avant-coureurs remontent à 2006, et même avant cette année si on tient compte de l’âge et de l’état de santé de Paul Biya qui radote très souvent.
Le lundi 12 novembre 2007, les Camerounais(es) étaient surpris(es) et choqué(e)s d’apprendre, selon un communiqué de presse signé de Laurent Esso, alors ministre d’État, Secrétaire général de la présidence de la République, que dans la presqu’île de Bakassi, une position de nos forces de défense, située au confluent du Rio del Rey et la crique Isangele, était attaquée à l’arme collective par un groupe d’individus sans attributs militaires apparents. D’après ce communiqué, les assaillants qui naviguaient à bord de sept (7) embarcations rapides, s’étaient rapprochés du poste baptisé C3 et avaient ouvert le feu sur nos militaires, faisant 21 morts et 10 blessés. Ripostant à cette attaque surprise, nos vaillants hommes de défense avaient fait une dizaine de morts dans les rangs des agresseurs.
Cette agression survenait après l’arrêt de la Cour international de justice (Cij) de la Haye du 10 octobre 2006 qui reconnaissait que la presqu’île de Bakassi fait intégralement partie du territoire camerounais et après le sommet tripartite du 12 juin 2006 entre notre pays, l’Organisation des nations unies (Onu) et le Nigéria, sommet ayant accouché les accords dits de Greentree définissant les modalités permettant au Cameroun d’assurer la gestion de cette partie de son territoire.
Une affaire macabre dont on parlera encore certainement lorsqu’il faudra réécrire l’histoire du Cameroun de Paul Biya qui, porte les stigmates d’une mafia pouvoiriste installée au cœur du ministère de la Défense au moment des faits, laquelle a voulu tordre le coup à Metiegue, vaillant militaire porteur de valeurs républicaines qui n’avait pas voulu entré en collusion avec le marché noir de la vente des armes camerounais entretenu par un gang central connu à l’époque tapis au ministère de la Défense. C’est déjà une curiosité que le chef de ce gang dénoncé par la presse en son temps soit encore en liberté. C’est davantage surprenant que l’officier supérieur venu exécuté les ordres, reconnu par quelques militaires survivants par sa démarche mabongo soit élevé à la dignité supérieure des armées par la main de Paul Biya au nom de l’équilibre régional. Une autre surprise est observée dans le dossier de l’assassinat du colonel Nnanga Pétin dont les commanditaires sont connues, puisque les lettres de dénonciations existent.
Si cette agression avait été condamnée avec la dernière énergie, il faut reconnaître qu’elle était la suite d’une série d’évènements inquiétants et/ou tragiques ayant marqués la vie du Cameroun. Entre autres : une atmosphère polluée par l’annonce de la préparation d’un coup d’État (imaginaire?) ; une bataille féroce entre les clans pour le contrôle du pouvoir; le soulèvement des populations de la ville d’Abong-Bang qui manifestaient leur mécontentement pour revendiquer l’alimentation de la ville en eau et en électricité; le meurtre de deux (2) adolescents, le 17 septembre 2007, au cours de cette manifestation; une mutinerie et une évasion massive à la prison de Yoko dans la nuit du 28 au 29 septembre 2007 avec 25 détenus abattus ; des émeutes survenues le 09 novembre 2007 à Kumba au cours desquelles 2 morts sont laissés sur le carreau; deux morts à Bamenda dans un affrontement entre policiers et motos-taximen.
Plusieurs années après les événements sus-évoqués, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Entre autres, modification de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972 ayant permis à Paul Biya de se représenter et d’être élu à la présidentielle de 2011, la prise en otage inédite de la ville de Limbe et de Buéa pendant deux heures par des groupes de bandits venus par mer pour dévaliser les banques, la répression barbares des émeutes de la faim de février 2008 ayant laissé 140 Camerounais sur le carreau, de nombreux accidents de la route, la catastrophe ferroviaire d’Eséka ayant officiellement occasionné 79 morts, l’insécurité chronique, les attentats suicides attribués aux terroristes de Boko Haram et ayant déjà fait plus de 2000 morts.
Comme on peut le constater, le contraste est saisissant entre les déclarations des inconditionnels du régime en place et la réalité vécue par les populations et les citoyens camerounais. Et c’est au moment où les militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) clament, haut et fort, et avec emphase, que la paix et la sécurité règnent sur notre pays et que le Cameroun est un pays stable que ces événements viennent leur rappeler que dans la gestion des affaires d’un pays, rien n’est acquis définitivement. Ceux-ci apportent la preuve que - malgré 35 ans de règne sans partage, de gabegie, de gestion à l’emporte-caisse, d’impunité et d’incantations, de traitement sélectif des proies de l’opération épervier - la dégradation du climat social et des conditions de vie des Camerounais s’aggrave de façon exponentielle et que le Renouveau repose toujours sur des bases très fragiles. Le mal camerounais est si profond que l’on se demande si lesdits événements ne sont pas des signes prémonitoires d’une fin de règne. Autrement dit, ces évènements semblent constituer la chronique d’une décadence inéluctable du Renouveau. Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme, ne disait-il pas que « c’est une loi universelle que toute classe, avant de disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, omnilatéralement, et que c’est la tête enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur champ de cygne » ?
Après les événements sus-évoqués survenus à Bakassi, une commission d’enquête avait été mise sur pied en vue de déterminer la provenance des assaillants et de préciser tous les contours de cet incident. À ce jour, les résultats de cette commission sont connus mais jamais publiés parce que mettant en cause des intouchables de la mafia la plus sanguinaire du Cameroun indépendant.
Ayant été habitués aux méthodes de gestion de la clique au pouvoir qui n’hésite pas à créer des commissions d’enquête quand survient un scandale ou une tragédie, des Camerounais, sceptiques, n’avaient pas eu tort de dire que chez nous pour étouffer une affaire, on créé autour d’elle une commission alimentaire d’enquête.
A raison, puisqu’à ce jour, on ne sait toujours pas ce que sont devenues les enquêtes ouvertes autour de l’assassinat du Père Engelberg Mveng, de Me Ngongo Ottou, de Mgr Yves Plumey, des sœurs de Djoum, de Mgr Jean Marie Benoit Bala, des étudiants de l’université de Buéa, entre autres. Les enquêtes sur les affaires Cellulose du Cameroun (Cellucam), Union centrale des coopératives agricoles de l’Ouest du Cameroun (Uccao), Société de développement du coton (Sodecoton) ont été renvoyées aux calendes camerounaises. Que dire de l’affaire Socar (Société camerounaise d’assurance et de réassurance) alors dirigée par Paul Tessa ex-président de la Commission national anticorruption (Conac) et ami personnel de Paul Biya ? Que sont devenues les affaires Eily Florent Etoga alors Directeur général de la Ctv (Cameroon Television) ; Messi Messi qui dirigeait la Société camerounaise de banque (Scb), une banque coulée par la famille présidentielle ; Eboulè Ndoumbè alors Dg de la Loterie nationale, A.F. Nkodock alors Président directeur général de la Cameroon Airlines (Camair) ? Il en est de même pour les affaires nouvelles interessan le Tribunal criminel spécial (Tcs) : pillage des projets structurants, projet banane, projet maïs, acquisition des avions chinois MA 60 par Camair-Co, les affaires d’achat d’armes revélées par la presse française, l’affaire de l’acquisition des hélicoptères sud-africains par le ministère de la Défense à l’époque de Remy Ze Meka, l’affaire Compost, l’affaire de la location des avions présidentiels, les autres clients dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel BBjet II dévoilé par le rapport Manguemabe, le présumé détournement du budget de la décentralisation au Minadt par l’entremise du Feicom, l’affaire des émoluments impliquant les magistrats militaires. Pour ne citer que celles-là. Visiblement, malgré les arrestations, les condamnations et les incarcérations de quelques pontes du régime, dans la cadre de l’opération d’épuration politique à tête chercheuse, dénommée par la presse opération épervier, le Cameroun reste une république des affaires classées.
Indubitablement, le silence entretenu autour de tous ces scandales et assassinats traduit la gêne qu’éprouve le régime en place pour faire la lumière, faire connaître aux Camerounais les tenants et les aboutissants de crimes et assassinats le plus souvent cautionnés et même commandités par des personnalités les plus symboliques du régime. Ce silence complice et coupable est le signe d’une dérive vers un système totalitaire marquée par la violence (même symbolique) et la terreur.
C’est d’ailleurs un truisme lorsqu’on affirme que la paupérisation, l’injustice, la misère engendrent l’insécurité et la violence. Dans notre pays, la culture de la violence fait des ravages. Cependant, il y a plus grave. Ce qui est propre à nous, c’est qu’en fait, nous sommes une contrée de barbares. La violence, corollaire de l’aveuglement, de la politique de l’autruche et du mensonge éhontée, est aussi autant infligée aux vivants qu’aux morts. Pendant longtemps, toute honte bue, nous avons enseveli dans les entrailles de la censure les figures emblématiques de notre histoire que sont Um Nyobè, Moumié, Ernest Ouandié, Abel Kinguè et autres Ossendè Afana. Il n’y a pas longtemps encore, Paul Biya, dauphin constitutionnel d’Amadou Ahidjo dont le nom est visiblement tabou dans sa bouche, avait, après plusieurs hésitations, déclaré que la question du rapatriement de la dépouille de son illustre prédécesseur était de la compétence de sa famille.
Ces exemples non exhaustifs sont pris pour montrer que dans notre contexte et au-delà de la violence quotidienne voulue et entretenue, il ne suffit plus que les morts soient morts. Il faut, en plus, qu’ils soient « tués » même dans la tombe. Il ne faut même pas que les générations futures sachent un jour qu’ils ont existé, que sans eux nous n’aurons jamais été ce que nous sommes, ce que nous sommes devenus et ce que nous deviendrons. Même si certains de nos agissements font retourner plus d’un dans leur tombe.
Notre univers est traversé, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, par toutes sortes de menaces que l’on brandi à tout bout de champ, à propos et hors de propos. Même si celles-ci peuvent finir par apparaître soit comme du chantage politique (ce qui affaiblit leur portée), soit comme des manœuvres ou des tests initiés par le système en place désireux de déterminer l’état d’esprit des Camerounais(es) et/ou de s’attirer les sympathies des citoyens et des populations en vue de la mise en place des stratégies de sa pérennisation et de la confiscation du pouvoir politique, il n’en demeure pas moins vrai qu’elles traduisent l’existence d’un malaise profond, qui, faute par Paul Biya et sa clique ( constituée d’une pléthore de ministres et de conseillers occultes) de trouver des solutions idoines, peuvent miner la cohésion nationale et déboucher, un jour ou l’autre, sur des actes de désespoir, incontrôlables et aux conséquences imprévisibles. L’histoire ne nous enseigne-t-elle pas que « les révolutions sont précédées d’une désintégration des systèmes politiques, que l’érosion progressive de l’autorité gouvernementale constitue le symptôme le plus frappant de cette désintégration, et que la cause de cette érosion est l’inaptitude des rouages gouvernementaux à s’acquitter de leur fonction, ce qui conduit les citoyens à douter de leur légitimité », comme le souligne si pertinemment Hannah Arendt ? La situation dans laquelle se trouve le Cameroun tenaillé par la crise dite anglophone qui dure depuis un an, les attaques terroristes attribuées à la secte islamo-djihadiste Boko Haram et les crises sociales multiples, n’est pas si éloignée de celle décrite par cette illustre philosophe.
En tout cas, le souhait de la majorité des Camerounais demeure que Paul Biya laisse le Cameroun tel qu’il l’avait reçu le 6 novembre 1982 et qu’il tienne les engagements qu’il a toujours pris devant ses compatriotes en leur apportant la démocratie, l’État de droit et la prospérité, le respect de la chose publique. Et puisque l’enjeu démocratique semble avoir un sens dans la bouche du chef de l’Etat, et s’il pense que le changement doit avoir lieu, il lui faut rompre avec le vieil homme en lui et, avant son départ de la magistrature suprême, mettre en place un système dont « les fondements sont  le travail, le risque individuel, la responsabilité de ses actes, l’autolimitation et l’autodiscipline par une conscience morale et juridique [constamment cultivée et entretenue] et d’autres valeurs de civilisation » (Hannah Arendt, 1967), mettre en place des institutions fortes qui transcendent les contingences biologiques des individus, instaurer une saine compétition politique entre le Camerounais(es) et un État de droit au sein duquel la transparence, la reddition des comptes, le mérite, le désir de vivre ensemble et d’être meilleur sont encouragés car, souligne Hannah Arendt,  « c’est le désir de l’emporter sur autrui qui fait que les hommes aiment le monde et se plaisent dans la société de leurs pairs, et qui les conduit à prendre part aux affaires publiques ».
Nous osons croire que des réjouissances de l’œsophage marquant l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême, le 6 novembre 2017, à travers son slogan « défendre la nationalité camerounaise » indique peut-être un repenti du renouveau qui apparait jusqu’ici aux yeux de la majorité des Camerounais comme une illusion, un rêve inabouti.
Jean-Bosco Talla


Emotions de soutien pour encourager la ruine du Cameroun
«Il y’a plus de honte dans le monde». Les paroles ci-dessous sont celles de Valsero,dans son opus titré «Motions de soutien’’ sorti quand Paul Biya avait passé 33 ans au pouvoir. A ce jour, rien n’a changé. Les paroles de cette chanson conservent leur pertinence et sont toujours d’actualité. C’est pourquoi, à l’occasion des 35 années de Paul Biya au pouvoir, nous avons remplacé 33 ans par 35 ans
Ils ont plus honte... Après [35] ans de misère, de vol. Motion de soutien
Oh my God. Oh my God. My God... Allons-nous sortir de là ?
[35] ans de dictature,
[35] ans de corruption
[35] ans de népotisme,
[35] ans de destruction
[35] ans de souffrance, de misère sans interruption
[35] ans d’arrogance, de violence et d’humiliation
[35] ans de mensonges, bercés par des illusions
[35] ans de pénitence, de sueur, de larmes à profusion
[35] ans de prières, toujours en quête de solutions
[35] ans de « 33 », pour noyer nos ambitions
[35] ans de Castel, de Guinness comme une punition
[35] ans de promesse, promesses de grandes ambitions
[35] ans de Bitkutsi pornographique comme solution
[35] ans de contrôle, contrôle de nos émotions
[35] ans de chinois, de grosses incompréhensions
[35] ans de sodomie comme une étrange addiction
[35] ans d’agressions, de viols à répétition
[35] ans de « couche toi je t’allume et ferme ta gueule de con »
Après [35] ans chaotiques, tu te prépares aux élections
Qu’es ce qui t’arrive, arrête le coke, c’est quoi ton truc l’explosion
Regarde ces jeunes, ils ne rêvent plus sinon de partir trop loin
Regarde ces jeunes, ils ne luttent plus, ça sert à rien pour certains

Refrain
Tu veux garder le Cameroun pour toi, Ok on te le laisse
Oui vas-y prends-le et si tu veux, étouffe-toi avec
On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons
Y’a plus de chance de s’en sortir, au milieu des requins
Tu veux garder le Cameroun pour toi, Ok on te le laisse
Oui vas-y prends-le et si tu veux, étouffe-toi avec
On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons
Y’a plus de chance de s’en sortir, au milieu des requins

A [35] ans de calvaire, a succédé le terrorisme
Plus de marche arrière possible, on est tous devenu des cibles
Y’a la guerre pour la survie, toi tu t’en sers pour survivre
T’es prêt à tout et ça se voit, pour garder la main mise sur tes prêts banque, ton confort, ton amour pour la luxure
Tes voyages qui nous ruinent et ton cortège de jolies voitures
[35] ans à manger t’as toujours faim, c’est trop bizarre
[35] ans de picole, t’as toujours soif, t’es trop bizarre
C’est bon, t’as réussi, les jeunes ont tous baissé les bras
Ils ont décidé de boire, et de coller la petite
Tu peux dormir tranquille, tu n’entendras plus cette petite voix
Qui te posait des questions et te disait « arrête ça »
Ils savent que ton travail, c’est de garder le pouvoir
Ils préfèrent ramper comme des lâches, voilà pourquoi ils ne votent pas
Tu as fini par rendre idiots tes plus farouches opposants
Tu as fini par rendre faible une nation qui était forte avant
J’espère que t’es content
Que tu te sens fort et puissant
Car pour moi tu resteras, le dernier des présidents
Un jour viendra et j’en suis sûre faudra que tu payes ta facture
Un jour viendra t’aura en face de toi tes ministres et tes juges

Refrain
Tu veux garder le Cameroun pour toi, Ok on te le laisse
Oui vas-y prends-le et si tu veux, étouffe-toi avec
On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons
Y’a plus de chance de s’en sortir, au milieu des requins
Tu veux garder le Cameroun pour toi, Ok on te le laisse
Oui vas-y prends-le et si tu veux, étouffe-toi avec
On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons
Y’a plus de chance de s’en sortir, au milieu des requins

J’en ai assez de te voir aspirer la vie de tout un peuple
Pour te maintenir en vie, toi et ta clique de vautours
Je n’en peux plus de te voir boire le sang de toute une jeunesse
Sans le moindre remord, toi et les vampires qui t’entoure
Entre la patrie ou la mort, t’as fait mourir la patrie
Sous d’autres deux tu serais mort, sous les coups de la patrie
Vas-y profite tant que tu peux ici- bas rien n’est éternel
Le peuple aura sa revanche dans cette vie ou dans une autre
Regarde ce que t’as fait, d’un peuple jadis travailleur
Des envieux, des aigris, des jaloux, des hypocrites
Y’a plus rien de bons en eux, ils sont remplis de rancœur
Ils se bouffent entre eux, détestent tout ce qui a de la valeur
T’as fait du mal à ce pays qui t’a donné tant de bonheur
Mais es ce que t’en est conscient, t’as causé tant de malheurs
Regarde sur tes mains, c’est le sang de tous ces morts
Ces grands hommes qui rêvaient grands et qui avaient de la valeur
Regarde sous tes pieds, ce sont les cendres de nos rêves
Nos projets, nos projections qui brûlent à chaque élection
Regarde autour de toi, ces familles entières qui souffrent
Qui attendent que tu partes, car ta politique les bouffe

Refrain (2)
Tu veux garder le Cameroun pour toi, Ok on te le laisse
Oui vas-y prends-le et si tu veux, étouffe-toi avec
On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons
Y’a plus de chance de s’en sortir, au milieu des requins
Tu veux garder le Cameroun pour toi, Ok on te le laisse
Oui vas-y prends-le et si tu veux, étouffe-toi avec
On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons
Y’a plus de chance de s’en sortir, au milieu des requins


Une galaxie paupolienne peuplée de sorciers et de vampires
Des dizaines et des milliers de morts. Des milliers d’arrestation. Des milliards en fumée. Des écoles et bâtiments publics incendiés. Des dégâts matériels importants. Tel est le triste bilan que l’on peut faire après les différentes émeutes survenues au cours des 35 passées par Paul Biya à la Mangeoire suprême.
S’il est vrai que, par principe, les partisans de la non-violence doivent condamner la violence, il n’en demeure pas moins vrai que les attitudes des pouvoirs publics et du président de la République, qui n’ont jamais su interpréter les signes prémonitoires et qui sont restés sourds face aux cris de détresse des Camerounais confrontés à la dégradation exponentielle de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de vie, sont à l’origine du déchaînement de la violence qu’a connue notre pays ces 35 dernières années.
Au lieu de s’en prendre seulement à des apprentis-sorciers réels ou supposés qui instrumentaliseraient les revendications sociales légitimes des citoyens camerounais, Paul Biya doit aussi s’en prendre à lui-même. Lui qui, atteint du syndrome Ahidjo depuis le fameux coup d’État de 1984, est passé maître dans la politique du verbe et est devenu un observateur aveugle des maux dont souffrent ses compatriotes. Paul Biya a passé tout son temps à la tête de l’État à multiplier, depuis 35 ans, des incantations, à s’auto-glorifier, à faire plein de promesses en l’air, pensant à tort, depuis le début de la crise économique en 1986, que les Camerounais se nourrissent de beaux discours. Les émeutes dites de la faim, la crise dites anglophone qui perdure, les attaques de Boko Haram et autres mots qui minent la société camerounaise confirment le constat établi par certains observateurs et analystes avertis selon lequel le système mis en place par un Paul Biya vieillissant est entré depuis longtemps dans un long tunnel d’impopularité qui installe le pays au centre d’une guerre de succession impitoyable et des convoitises diverses.
D’ailleurs, lorsque Paul Biya parlait d’apprentis-sorciers en 2008, il n’ignorait pas que les sorciers se reconnaissent entre eux et qu’il faut être un vrai sorcier pour reconnaître un apprenti sorcier. Tout comme il faut être un enseignant pour reconnaître un apprenant.
Si donc Paul Biya, pour diaboliser ses adversaires politiques (ceux du dedans et du dehors) et sauver son régime, cette dictature chancelante et agonisante sortie des urnes, c’est qu’il est lui-même un sorcier. Un Vrai. Rien d’étonnant que sa galaxie soit peuplée de sorciers noirs, de vampires et de cannibales, autrement dit de corrompus, de voleurs, d’anthropophages, des Anges et Archanges du Mal. Ne dit-on pas que tout ce qui se ressemble s’assemble ?
C’est donc à travers leurs pratiques déshumanisantes (appropriation et détournement de l’argent qui devait permettre la survie des Camerounais) qui obéissent aux principes du vampirisme et du cannibalisme que ces sorciers (noirs), ces vampires et cannibales qui peuplent la galaxie popaulienne ont transformé les Camerounais en loques et zombie serviles (morts vivants) en se nourrissant de leur sang et de leur énergie vitale.
Ikemefuna Oliseh


Paul Biya et la malédiction aujouliste
Quelqu’un, Paul Valéry je crois, a dit à peu près ceci : « Le génie, c’est d’avoir une idée et de ne jamais se lasser de l’exprimer. » Sans prétendre au génie, j’ai pourtant une idée que je n’ai pas cessé de formuler, non sans m’exposer souvent à la risée des historiens et politologues officiels, qui ne m’ont jamais impressionné du reste. La voici : on ne comprend rien à ce qui se passe au Cameroun actuellement sans remonter jusqu’à l’aujoulatisme, qui, comme son nom l’indique, est la désastreuse politique menée chez nous dans les années cinquante par un certain Louis-Paul Aujoulat, médecin et missionnaire français, seul exemple d’un Blanc élu par le second collège.
Le Dr Aujoulat a incarné à la perfection, le refus opposé avec une obstination criminelle par la France à tout dialogue avec l’UPC. Il est vrai que c’est la tradition de la France de ne jamais négocier avec les mouvements indépendantistes dans ses colonies, ainsi qu’en témoigne une histoire constante, de Saint-Domingue en 1791 au Cameroun d’aujourd’hui, en passant par la Syrie, l’Indochine, l’Algérie. Ce sectarisme a conduit chaque fois à une guerre de libération longue et sanglante. Le Dr Aujoulat le premier a appliqué cette stratégie au Cameroun, et, de plus, avec un fanatisme et un savoir-faire dont atteste aujourd’hui encore, malgré les nombreuses décennies écoulées, la totale monopolisation du pouvoir réel au Cameroun par ses héritiers ou ses disciples. Quelle en est la conséquence aujourd’hui ?
Avec les villes mortes, a accédé à l’évidence un phénomène que beaucoup de Camerounais ne voulaient ni voir, ni admettre et reconnaître pour ce qu’il est : ce que nous vivons, c’est une guerre civile rampante, c’est-à-dire, en réalité, une guerre de libération masquée. La phase chaude de notre guerre de libération a pris fin avec l’exécution d’Ernest Ouandié par les bourreaux du dictateur francophone Ahidjo, début 1971. Depuis c’est la phase froide, détournée en guerre civile, le néocolonialisme excellant dans l’art de dénaturer les hommes, les institutions, les vérités philosophiques et même les phénomènes naturels.
Routes hérissées de barrages de police aussi agaçants pour le citoyen qu’injustifiés ; campus et imprimeries, deux symboles de l’intelligence, soumis à la dure occupation de la soldatesque ; journaux hier censurés, aujourd’hui suspendus, demain purement et simplement interdits, apprend-on de bonne source ; partis d’opposition muselés ; arrogante impunité des politiciens prévaricateurs, à commencer par le chef de l’État, rien n’y manque, pas même les atrocités traditionnelles des guerres de libération, telles que les massacres aveugles de populations civiles désarmées.
En refusant, au cours des années cinquante, de dialoguer avec Ruben Um Nyobé, au contraire de la Grande-Bretagne qui, à la même époque, négociait, elle, avec Kwamé Nkrumah les modalités de l’accession du futur Ghana à l’indépendance, la France nous a délibérément précipités dans une spirale tragique qui n’a pas fini de dérouler ses effets sous nos yeux
La tricherie dans laquelle Paul Biya, créature du président français François Mitterrand, ne craint pas de s’engager en [prorogeant le mandat des députés et des conseillers municipaux et/ou en refusant de modifier le Code électoral], n’est que l’une des conséquences de ce crime originel, qui condamne Paul Biya non seulement à gagner, quel qu’en soit le prix, mais à recourir à la fraude.
Il est condamné à gagner parce que sa défaite, dans son esprit, est impensable, elle aurait des conséquences dont la seule idée fait frémir d’horreur et de désespoir l’homme d’Etoudi. […] Il lui faudrait s’expliquer, entouré de ses amis, de ses collaborateurs, de ses complices, tous ceux qui l’ont politiquement servi ou tiré avantage de ses [35] années de pouvoir pharaonique, les détournements et fonds, le sabotage du patrimoine national, les assassinats d’éminentes personnalités, la cruelle répression des étudiants et des manifestants des villes mortes en 1991, répression qui fit au bas mot 300 morts, les exactions policières répétées, tous les crimes en somme commis sous sa présidence.
En un mot il lui faudrait justifier l’injustifiable, c’est-à-dire dix années de dictature fasciste. Entreprise sans espoir car il en a fallu moins pour pendre un dirigeant. […]
Paul Biya doit donc gagner. Mais, à l’évidence, il ne pourra gagner que par le trucage et la fraude. Piégé par la malédiction aujoulatiste, cette fatalité bien de chez nous, Paul Biya est condamné à ramer perpétuellement à contre-courant de tout ce qui est loyal, honnête, propre, intelligent, respectable.
Chacun sait maintenant que, à moins de recourir massivement à la fraude, Paul Biya n’a pas même une ombre de chance de l’emporter, tant son impopularité est flagrante. Il en est sans doute conscient plus que personne, sinon pourquoi procéderait-il de telle manière que chacun de ses pas est marqué au coin de la tromperie et du mensonge ?
Pressé par les villes mortes, il avait déclaré ou laissé entendre que, s’il rejetait la demande quasi unanime d’une Conférence nationale, c’est parce que, trop respectueux de la volonté populaire, il tenait à achever son mandat, accomplissant ainsi la mission dont le peuple camerounais l’avait investi en l’élisant. […]
Autre fraude indigne d’un dirigeant qui prétend à l’estime de ses concitoyens, Paul Biya non seulement se réserve le droit d’arrêter seul les modalités de l’élection (à quelle date ? À un ou deux tours ? etc.), mais il ne révélera ces décisions qu’au dernier moment, autant que possible. Pourquoi ? Eh bien, pour surprendre, c’est-à-dire tromper ses adversaires. Toujours tromper... Rien n’effraye « ce monument du cœur et de l’intelligence » (si l’on en croit Famé Ndongo ou Mono Ndjana) autant que la perspective d’une compétition à armes égales, situation à laquelle il n’a jamais osé se prêter dans aucun domaine, ayant chaque fois surpris, rusé, truqué, trompé, triché, biaisé.
Mais le grand homme va peut-être faire mieux encore. Il se murmure que Paul Biya médite d’interdire les journaux privés, au moins pendant la période de la campagne électorale. Débarrassés de toute rivalité, les médias du président pourraient enfin assourdir le pays de leur grossière propagande et déployer enfin leur vrai génie, fait de bêtise, d’obscurantisme, de fanfaronnade et de pleutrerie en même temps. Quelle rectitude morale ! Cet homme est bien le meilleur élève de François Mitterrand. Dans quelle autre République, aussi bananière soit-elle, un chef de l’État aurait-il la cynique assurance d’invoquer la campagne électorale pour réduire le pays au silence sinon dans un pays du pré carré de qui vous savez ?
Autre tradition du pré-carré qui sera abondamment honorée, n’en doutons pas, c’est le bourrage des urnes. On a pu observer à Yaoundé, à l’occasion des récentes législatives, jusqu’où le régime de Paul Biya peut aller dans ce domaine.
Alors comment Paul Biya, encouragé par Essingan, entouré de ses généraux, retranché derrière son armée et ses polices, occultes ou visibles, bardé des conseils et des subventions providentielles […] perdrait-il la présidentielle [de 2018]?  
Supposons quand même que, malgré tout, Paul Biya soit battu. Un dictateur qui croit avoir tous les atouts dans sa main et qui est quand même battu aux élections, c’est un scénario qui a déjà été vécu ailleurs. Alors pourquoi pas au Cameroun ? Après tout l’élection présidentielle peut se muer en un champ de bataille idéal dans une guerre de libération rampante comme la nôtre. Les Camerounais en ont plus qu’assez du néocolonialisme, des faux-vrais chefs d’État, des virtuoses du détournement de fonds, des villes poubelles et des chaussées chausse-trapes, des barrages de police sur les routes, du tabassage des étudiants érigé en sport préféré des commissariats de police, des bastonnades des chefs de l’opposition.
Les Camerounais en ont plus qu’assez de la tyrannie aggravée par la faillite économique et génératrice d’une misère sans précédent dans notre histoire, même en remontant jusqu’à l’époque coloniale. Pourquoi ne seraient-ils pas tentés d’exprimer leur révolte le jour de l’élection présidentielle venu ? C’est alors Paul Biya qui serait pour une fois surpris, ainsi que [ses soutiens occultes].
Quant à nous, en aurions-nous vraiment fini alors avec la malédiction aujoulatiste ? À voir. Rappelons-nous Ferdinand Marcos et Cory Aquino aux Philippines, il y a [29] ans environ. Cory Aquino avait gagné, arithmétiquement parlant. C’est pourtant Ferdinand Marcos, le dictateur en place, qui se proclama élu. Une interminable bagarre s’ensuivit.
Parions que, même battu arithmétiquement parlant, Paul Biya se proclamera quand même seul élu du peuple, [comme il l’avait fait en 1992 quand John Fru Ndi avait remporté la présidentielle]. Il s’enfermera dans son palais bunker d’Etoudi, autour duquel le [ général] Meka, […) installera trois lignes de défense dans la plus pure orthodoxie de la stratégie militaro-fasciste : blockhaus bourrés de mitraillettes, chars sur trois rangs de profondeur, batteries de canons sans recul. Avec sa fougue bien connue de condottiere sauvage égaré sous les lambris des palais officiels, Joseph Owona lancera un appel vibrant à Essingan pour lui demander de mobiliser les Betis (sic) auxquels il fera distribuer des armes.
J’entends souvent les compatriotes dans les débats sur notre histoire récente affirmer à peu près ceci : « Maintenant du moins, le pire est derrière nous. » Je n’en suis pas si sûr en ce qui me concerne. À moins que je ne me trompe, l’histoire a déjà connu plusieurs guerres de Cent Ans, non ? La malédiction aujoulatiste, je vous dis
Mongo Beti
Source, Le Messager n° 273, du 13 août 1992.