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Le Dossier Le Cameroun sous le Renouveau: la descente aux enfers - Paul Biya rate encore le coche

Le Cameroun sous le Renouveau: la descente aux enfers - Paul Biya rate encore le coche

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Index de l'article
Le Cameroun sous le Renouveau: la descente aux enfers
Le chantage politique permanent et le poids des maux
Paul Biya rate encore le coche
Hans De Marie Heungoup, La libération des leaders ne marque pas la fin de la politique représsive
Une économie d'imprevision, d'imprévoyance et de prédation
Mathias Eric Owona Nguini, Une insécurité institutionnelle permanente et conflictogène
Toutes les pages

Paul Biya rate encore le coche

Il croyait qu’en libérant les leaders anglophones incarcérés, à tort ou à raison, dans ses geôles infectes, il étoufferait les revendications légitimes des compatriotes dans la zone anglophone du pays. Il espérait même une rentrée scolaire apaisée. Erreur ! Cette libération n’a pas atténué l’intensité des revendications légitimes formulées par les Camerounais d’expression anglaise vivant dans les régions du sud et du nord-ouest. Parce qu’il ne veut pas céder sur le fond du problème Paul Biya et le RDPC risquent de payer très cher leur entêtement dans les urnes

Dans un communiqué rendu public le 30 août 2017, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, informait l’opinion publique nationale et internationale de la décision prise par Paul Biya « d’ordonner, l’arrêt de poursuites pendantes devant le Tribunal Militaire de Yaoundé contre les nommés Nkongo Félix Agbor. Fontem Aforteka’a NESA, Paul Ayah Abine et certaines autres personnes interpellées dans le cadre des violences survenues ces derniers temps dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. » Immédiatement après ce fait du prince, pris conformément aux articles 13 (4) et 14 (1) de la loi n°2017/012 du 12 juillet 2017 portant Code de Justice militaire, a été traduite dans les faits par la libération de plus de cinquante personnes détenues dans le cadre des événements du Nord-ouest et du Sud-Ouest.
S’il est vrai que cette décision, est prise en droite ligne « des multiples mesures déjà prises par les pouvoirs publics pour apporter des réponses aux préoccupations exprimées, par les ressortissants de ces deux Réglons, [et comme le souligne le communiqué] procède de la volonté inébranlable du chef de l’État de rechercher en tout temps les voies et moyens d’une résolution pacifique des crises, grâce aux vertus de la tolérance, du dialogue et de l’humanisme », il n’en demeure pas moins vrai que pour de nombreux observateurs, il s’agit moins d’une mesure d’apaisement qu’un calcul politicien de Paul Biya visant à endormir les esprits avant son éventuelle entrée en campagne pour la présidentielle de 2018.
Cette interprétation de la magnanimité présidentielle est d’autant plus plausible que Paul Biya ne cède pas sur le fond du problème soulevé, à savoir une remise en question ou du moins une discussion franche sur la forme de l’État. Cette position est partagée par Mathias Eric Owona Nguini qui, sur sa page Facebook, écrit : « Beaucoup de démagogues opportunistes tentent de s’approprier le mérite de la décision de Décrispation prise par le Président Paul Biya. C’est à peine si ce ne sont pas eux qui tenaient le stylo présidentiel pour que Paul Biya signe ces mesures d’arrêt des poursuites judiciaires des Personnes Interpellées et Jugées dans le cadre du Mouvement Social de l’anglophonie identitaire ! Cela est bien. Reste à ce que ces nouveaux Sherpas de l’Empereur présidentiel le tiennent par la main pour l’amener à une Conférence Tripartite ou une Conférence nationale new Style, le Dialogue sur la forme de l’État. Il ne faut pas s’y méprendre. Ce n’est pas à un tel débat que le président Biya a pensé en faisant libérer ces personnes associées à tort ou à raison au Mouvement social anglophone. Sa perspective transactionnelle d’apaisement n’a jusqu’ici rien à voir avec une dynamique de restructuration Institutionnelle imposant un changement substantiel et constitutionnel de la forme de l’État. Il n’est pas sûr que ce geste calculé d’apaisement ne soit pas perçu par les ultras du Mouvement social comme un signe d’affaiblissement ! Attendons de voir que le débat sur la forme de l’État ait un objet accepté par toutes les parties prenantes de la crise. »
Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que Paul Biya, est un être essentiellement calculateur, pour ne dire cynique qui laisse volontairement pourrir les situations, afin d'intervenir magnanimement, montrant ainsi qu’il est le Dieu du Cameroun ayant le droit de vie et de mort sur tous ces compatriotes?
On serait attendu, qu’il se saisisse de cette situation pour aller vers ses compatriotes afin de discuter avec eux sur les problèmes qu’ils ont soulevés. Hélas, enfermé dans son tabernacle inaccessible, il s’est jusqu’ici contenté d’envoyer sur le terrain le premier des ministres, certains de ses ministres et autres sous-fifres dont l’unique ambition est de faire le clown pour obtenir un strapontin ou pour se maintenir autour de la Mangeoire.
Une fois de plus, avec la crise dite anglophone révélatrice d’une véritable fracture sociale, d’un déficit de gouvernance et d’une politique du pourrissement savamment entretenus, Paul Biya a raté le coche. Son « intégration nationale, stade suprême de l’unité nationale », sonne désormais dans les oreilles de nombreux camerounais, comme un slogan creux.
Un observateur attentif de la vie politique camerounaise, souligne: «Paul Biya pense que les Camerounais sont dupes. Le fait pour lui d’avoir attendu la veille de la rentrée scolaire pour ordonner la libération des leaders anglophones montre une faiblesse de la pensée stratégique de ses conseillers. Après la promulgation de la loi sur le Code de justice militaire, tout le monde savait qu’il allait faire un geste en direction des leaders anglophones. Mais, le moment a été très mal choisi. Il a fait comme s’il avait le couteau à la gorge, donnant ainsi une grande portée et un crédit aux méthodes de constestation des contestataires qui ont vite compris qu’ils tiennent le bon bout. C’est pourquoi, il n’y a pas eu rentrée scolaire et les villes mortes ont continué»
Ikemefuna Oliseh