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Les dossiers noirs de la République - Cameroun: un danger permanent

Les dossiers noirs de la République - Cameroun: un danger permanent

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Index de l'article
Les dossiers noirs de la République
Jean Fils Kleber Ntamack détermine l'indéterminé
N'ayons pas peur des maux
Quand les tontons macoutes voulaient éliminer des personnalités
Cameroun: un danger permanent
Liste non exhaustive des assassinats non élucidé sous le Renouveau
Pierre Mila Assoute : ''Le plus grand echec de Paul Biya est son incapacite politique de conserver l'heritage politique de son predecesseur''
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Cameroun: un danger permanent
Il fallait s’y attendre. La publication du rapport d’Amnesty International qui met à nu les pratiques repréhensibles des forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre Boko Haram, a mis les nerfs du gournement en boule. On a entendu des cris d’orfraie, des vertes et des pas mûres. Des médias enregimentés ont été requisitionnés pour faire le sale boulot, en versant, hélas, dans un chauvinisme dangereux. Le Cameroun est un danger permanent pour les droits de l’homme.
Combien de personnes, civils et forces de défense, sont-elles mortes ou ont-elles été tuées du fait des exactions commises par la secte terroriste Boko Haram ou du fait des agents des services de renseignement et les militaires engagées dans l’extrême nord du Cameroun ? 2000, 3000, 4000 personnes ? Nul ne peut le dire avec exactitude, étant donné que le nombre inconnu des personnes détenues dans des endroits jusqu’ici tenus secrets et celui des exécutions extrajudiciaires. Toujours est-il que les rapports des organisations de la société civile permettent, chaque fois, d’avoir une idée sur les agissements pas très catholiques des services de renseignement et des forces de défense et de sécurité camerounais.
Le dernier rapport d’Amnesty International publié le 20 juillet 2017, véritable pavé jeté dans la marre politique très agitée et nauséabonde camerounaise, révèle de flagrantes violations des droits humains à travers des pratiques d’un autre âge exercées sur de présumés agents, sympathisants et/ou complices de Boo Haram. Ce rapport indique que « des détenus [sont] passés à tabac, placés dans des positions insoutenables et soumis à des simulacres de noyade [et] parfois torturés à mort ». Les enquêteurs d’Amnesty International ont identifié « 20 sites, y compris quatre bases militaires, deux centres dirigés par les services de renseignement, une résidence privée et une école » ou la torture est généralisée.
Aussi cette ONG a-t-elle interpelé « les États-Unis et les autres partenaires internationaux [afin qu’ils] établi[ssent] si leur personnel militaire a eu connaissance des actes de torture infligés sur l’une des bases ».
Comme il fallait s’y attendre, ce rapport a fait sortir les pouvoirs publics de leur gong. Ceux-ci n’ont pas hésité à attribuer à Amnesty International tous les noms d’oiseau, en même temps qu’ils appelaient certains médias enrégimentés à la rescousse.
Pourtant, indique Alioune Tine, Directeur Amnesty International, Bureau Afrique centrale et de l’Ouest, « Amnesty International a plusieurs fois donné l’occasion au gouvernement de répondre à ses allégations.
Mais les autorités n’ont jamais réagi. Donc j’aurai davantage été satisfait si le gouverne­ ment avait effectivement et en temps réel réagi à nos interpellations pourtant envoyées bien avant la parution de ce rapport, et qu’il essaie aujourd’hui de récuser en bloc sans argument.
Il est important que l’opinion publique camerounaise comprenne que c’est au mois d’avril, soit trois mois avant la publication du rapport, que nous avions écrit aux autorités pour leur présenter un résumé de nos constatations et solliciter une réaction de leur part. Mais nous n’avons jamais reçu de réponse.
Ensuite, du 20 au 26 mai 2017, j’ai moi­-même conduit une délégation d’Amnesty International à Yaoundé pour recueillir le sentiment des pouvoirs publics concernant les conclusions de nos recherches qui, je le répète, n’étaient pas encore publiées.
Mais aucun membre du gouvernement n’a accepté de nous rencontrer malgré les multiples demandes d’audience envoyées avant notre déplacement. »
Ce n’est pas pour la première fois que cette ONG et plusieurs autres attirent l’attention des pouvoirs publics camerounais, celle de l’opinion publique nationale et internationale sur les arrestations et les détentions arbitraires, la torture, les morts en détention, les disparitions forcées. Mais, à chaque fois, les autorités camerounaises font la sourde oreille, sachant pertinemment que la lutte contre Boko Haram est utilisée comme une chape de plomb pour étouffer toute initiative visant à contester la gouvernance calamiteuse d’un système qui a fait du Cameroun un danger permanent.
Ikemfuna Oliseh