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1982 -2017: 35 ans de sang, de larmes et d'inertie

1982 -2017: 35 ans de sang, de larmes et d'inertie

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Index de l'article
1982 -2017: 35 ans de sang, de larmes et d'inertie
La République des crimes capuleux et de l'inertie
Soeurs de Djoum tortuées, violées puis assassinées
Les assassins de Mgr Jean-Marie Benoît Bala courent toujours
Yves Plumeu: les mobiles restent inconnus, 26 ans après
L'assassinat de l'intelligence
Mgr Jean Kounou, Abbé Bikoa, Abbé Apolinaire Claude Ndi: Des meurtres non élucidés d'hommes de Dieu
Mgr Simon Pierre Tonyè Bakot: Les affaires d’argent emportent l’Archevêque de Yaoundé
Au royaume des moeurs sataniques
L'histoire du Renouveau-Rdpc s'écrit en lettres de sang
Au 100 000 morts sur les chemins du Renouveau
Qui a assassiné le colonel Nnanga Abo'o Pépin
Toutes les pages

L'indolence au pouvoir
Le divorce entre Paul Biya et les Camerounais est définitivement consommé : au-delà de ses discours lénifiants, des décisions prises ces derniers temps, Paul Biya paye d'avoir trahi certaines promesses. Quoi qu’il fasse, les Camerounais ont toujours à l’esprit, l’image d’un homme qui est toujours parti et qui laisse toujours pourrir des situations, donnant ainsi l’impression d’un homme qui passe le plus clair de son temps plus à se reposer qu’à travailler. Le choix de son surnom royal en 1992 lors de la campagne présidentielle n’était pas anodin : l'homme lion. L’analogie avec les Lions indomptables pouvait sembler élogieuse. Mais, la référence au roi des animaux, réputé paresseux et indolent était un indicateur de son goût pour les vacances et sa cure de thalassothérapie à La Baule.
Gérer le Cameroun ou le transformer ? L’homme des grandes ambitions et des grandes désillusions a depuis longtemps fait le choix. Il a fait sienne la citation de Charles Pasqua : selon laquelle « les promesses des hommes politiques n'engagent que

ceux qui y croient » C'est bien connu, les hommes politiques font beaucoup de promesses pendant ou à l’approche des campagnes électorales mais, une fois au pouvoir, le principe de réalité s'impose et certaines promesses ne sont pas tenues. Avec Paul Biya l'image de l'homme politique est un peu plus écornée. Il ne s'agit pas seulement du principe de réalité, c'est la réalité de l'inertie. Le chef de l'Etat du Cameroun a décrédibilisé la parole politique. Paul Biya ne fait pas ce qu'il dit et dit rarement ce qu'il fait. Tous les domaines de la vie nationale sont concernés. Qu'il s'agisse de l'économie, de l'éducation, de la justice, des partis politiques, du code de la famille, des médias, du sport etc. Et dire que sous son nez et sa barbe, des structures étatiques ne fonctionnent pas, sans que cela le gêne !!! Qu’attend-il donc pour pourvoir les deux postes de secrétaires généraus adjoints de la présidence de la République qui sont vacants depuis plusieurs mois ? Qu’attend-il pour mettre en place le Conseil constitutionnel ? Ne parlons pas des meurtres et assassinats commandités, dit-on, à tort ou à raison, par certains de ses collaborateurs et dont les conclusions des différentes enquêtes ont été renvoyées aux calendes camerounaises. Un autre assassinat d’un prélat vient d’être perpétré, la dernière d’une très longue liste. Cet assassinat émouvra-t-il Paul Biya ? Just wait and see !! Jour viendra !!!
Source: Germinal n°°107 du 13 juillet 2017


La République des crimes capuleux et de l'inertie

À entendre parler Paul Biya, on peut lui donner le Bon Dieu sans confession. Le chef de l’Etat camerounais, en 35 ans de règne sans partage, a réussi à faire du Cameroun, un cimétière des hommes de Dieu, une république où verbe et action ne se conjuguent pas, une gélenne pour ses compatriotes.

Il n’y a point de doute. Mgr Jean Marie Benoit Bala, évêque du diocèse de Bafia a été assassiné. La mise en scène orchestrée par les commanditaires avait pour objectif de frapper les imaginations et de donner un écho mondial à ce crime crapuleux, en même temps qu’ils lançaient un sérieux avertissement à tous ceux qui tenteraient d’entraver leur désir démoniaque de se nourrir de la substance vitale des autres. Sans oublier que derrière cet acte ignoble digne de Lucifer, on ne saurait évacuer l’hypothèse selon laquelle, les parrains de cet assassinat odieux lançaient un sérieux défi à Paul Biya, en montrant aux Camerounais que rien ne leur arrivera, car, quelles que soient les conclusions des enquêtes ouvertes, c’est eux les véritables détenteurs du pouvoir. Tout comme l’hypothèse d’un assassinat politique ne saurait être évacuée, si l’on s’en tient aux silences du Vatican, des chancelleries occidentales basées à Yaoundé et si l’on prend en compte la batterie de moyens utilisés pour éliminer le prélat. Le process suivi dans sa mise à mort incline à penser qu’il ne s’agissait pas d’un simple châtiment, mais que les assassins recherchaient des informations. Mais alors, lesquelles ?
Ce n’est d’ailleurs pas pour la première fois que l’on assiste à la théâtralisation et à la spectacularisation d’un assassinat au Cameroun. La défenestration en plein jour du pauvre Djomo Pokam des hauteurs d’un hôtel huppé située en plein cœur de Yaoundé est une illustration patente. Tout comme l’assassinat odieux de Mgr Bala n’est que le dernier d’une très longue série qui pousse les observateurs avertis à affirmer que le Cameroun est le cimetière des hommes de Dieu.
Le paradoxe est qu’à chaque fois qu’un assassinat odieux est commis, les pouvoirs publics annoncent l’ouverture d’une enquête en vue de déterminer les coupables et autres commanditaires. Mais, jamais, les conclusions desdites enquêtes n’ont été rendues publiques et les commanditaires inquiétés. Pourquoi ?
La raison est simple. Les enquêteurs de la police et de la gendarmerie, le plus souvent, font bien leur travail, mais dès lors que leurs conclusions convergent vers une ou des personnalité (s) ou vers des pontes les plus symboliques du régime, un voile sombre recouvre les enquêtes et du coup s’installe l’impasse.
De sorte que les éléments du rapport d’enquête sur la catastrophe ferroviaire d’Eséka publié, le 23 mai 2017, par le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngo Ngoh, sont perçus par une bonne partie de l’opinion publique comme une nième fumisterie liée au lancement de la campagne présidentielle de 2018.
De fait, un étranger dont on ne peut soupçonner la moindre malveillance à l’égard du régime en place, même parachuté accidentellement dans notre pays, et qui s’intéresse à la gouvernance politique locale, ne manquera pas d’observer que l’un des problèmes majeurs du système gouvernant institué par Paul Biya depuis 1982 réside dans le fait que la volubilité du verbe ne suit pas l’action. Autrement dit, comme nous l’avons déjà souligné, au lieu de s’inscrire dans un registre d’un gouvernement et d’une gouvernance où verbe et action se conjuguent, l’ordre gouvernant actuel au Cameroun excelle dans le gouvernement du verbe dérisoire où les mots se limitent aux mots.

Gouverner, c’est manger.
Il y a fort longtemps que Jean Marc Ela avait fait le triste constat des crises systémiques de l’action au Cameroun à travers l’expression, « les mots sont fatigués », contenue dans son ouvrage: Innovations sociales et renaissance de l’Afrique noire. Les défis du monde d’en bas. En substance, l’éminent sociologue à travers cette expression rendait compte de ce qu’au Cameroun le décalage constant entre le verbe et l’action installe le Camerounais dans un scepticisme permanent à l’égard des discours de l’ordre dirigeants et des poings levés de quelques leaders d’une certaine opposition, dans un contexte de crises socioéconomique et sociopolitique, où gouverner, c’est manger.
Pour nourrir en permanence cette escroquerie politique, les idéologues du régime des déclarations d’intention et de l’inertie aux affaires mobilisent un vocabulaire incantatoire au service des dérobades présidentielles : « j’y veillerai personnellement », « le temps du président n’est pas le temps des médias », « je vous verrai », « je vous ai compris ».
Pourtant on peut faire bon marché des promesses présidentielles non tenues, de ses engagements sans suite. On peut marquer un temps d’arrêt pour illustrer notre propos, sur le constat d’échec du gouvernement des grandes ambitions dressé par le chef de l’État dans son discours de fin d’année 2013. Depuis lors, comme le dit le chansonnier camerounais Cirage « On attend » le séisme annoncé en vue du retour à l’efficacité de l’action gouvernementale. Lequel devrait aboutir à la réduction de l’obésité gouvernementale ambiante dont la seule raison d’être est d’engraisser les têtes de prou des réseaux clientélistes permettant au leader présidentiel d’assouvir son obsession d’éternité.
Lorsque les attentes des populations s’expriment (absence d’eau, d’électricité, de voirie urbaine, existence de nombreux carrefour cacas, existence de nombreuses structures d’abrutissement telles les débits de boissons, des multinationales de Dieu, les effectifs pléthoriques dans les amphis et les salles de classe, etc.), comme il a très souvent fait le constat, le refus de mettre en application la prérogative présidentielle qui consiste à sanctionner à démissionner des collaborateurs qu’il a nommés le rend politiquement responsable des indélicatesses et de l’incurie de ses ministres. Quand il les maintient en poste, même après avoir stigmatisé avec la dernière énergie leur manière de servir, comme il l’a fait le 31 décembre 2013, le citoyen perçoit et interprète ce maintien comme une incohérence et une approbation de leur manière de servir.  Le comble est qu’il maintient certains d’entre eux, même quand tous les Camerounais, à la suite du FMI et de la Banque mondiale font le constat de la banqueroute de l’économie camerounaise qui ne survit aujourd’hui que grâce aux financements extérieurs sous forme de dette ou d’emprunts obligataires, du fait de l’incompétence avérée du casting en charge des finances et de l’économie et de leurs alliés tapis à la primature, expert en plan d’urgence ; un groupe de prédateurs passés maitres dans l’art de multiplier à l’infini les projets budgétivores, sans impact réel sur l’économie. Cette pratique inspire aujourd’hui certains départements ministériels qui ont trouvé l’idée géniale d’organiser des conférences sans enjeux réels, sinon, que celui d’alimenter leurs stratégies d’accumulation personnelle en vue de financer les projets de succession de leur champion qu’ils disent sous cape fatigué et incapable de gouverner. Ce qui explique d’ailleurs les blocages observés dans la réalisation des projets structurants et autres initiatives de ce genre. Comme c’est le cas avec la Camair-co.
Comment comprendre que l’on continue de consacrer tant de milliards pour le redressement d’une compagnie aérienne qui ne décolle plus ? Le plus surprenant est que le siphonnage des deniers publics dans ce cas de figure porté à la connaissance du leader présidentiel n’entraine pas jusque-là le déclenchement de l’action publique, encore moins les sanctions politiques.
Où en est le président du RDPC avec l’opération mani pulite ( mains propres) annoncée comme une nouvelle canonnière dans son discours prononcé lors du dernier congrès de son parti tenu le 21 juillet 2006, en ces mots : « Nous avons encore, je dois le dire, un grave problème de morale publique. Malgré nos efforts pour les combattre, la fraude ; les détournements de deniers publics, la corruption continuent de miner les fondements de notre société. J’ai eu souvent à m’exprimer sur le sujet et de dire ma détermination à éradiquer ces comportements à-sociaux. Des sanctions sévères ont été prises au cours des derniers mois. Nous n’allons pas nous arrêter en chemin. Ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique devront rendre gorge » ?  
À entendre parler Paul Biya, on peut lui donner le Bon Dieu sans confession. Pourtant depuis lors, les Camerounais assistent à un traitement sélectif ou à tête chercheuse des dossiers qui s’apparente à la purge politique. Sinon comment comprendre la mise sous les verrous de certaines hauts responsables et hautes personnalités dans certains dossiers alors que d’autres sont épargnés ou protégés, quand on n’organise pas leur sortie du pays comme ce fut le cas dans le dossier Sic et l’affaire Dayas Mounoumé ? Une immunité de poursuite injustifiable ne semble-t-il pas être décrétée au bénéfice de certains ministres et DG considérés par des Camerounais comme les papes de la corruption du régime Biya ? Comment comprendre notre banqueroute totale, à telle enseigne que le Cameroun est aujourd’hui livré pieds et poings liés aux institutions financières que sont le FMI et la Banque mondiale ? Comment peut-on dire chaque fois aux Camerounais que l’on est déterminé à combattre l’inertie et l’entretenir par l’indécision et les calculs politiciens ?
En outre, les Camerounais ont l’impression qu’aux yeux du chef de l’État, certains services sont inutiles pour le bon fonctionnement des institutions de la République. Sinon ils ne comprennent pas pourquoi sous son nez et sa barbe des postes importants dans le fonctionnement de la présidence de la République peuvent rester vacants des mois, voire des années durant. Comment un même responsable peut-il cumuler à la fois le poste de ministre et de DG d’une société parapublique sans que cela ne gêne pas Paul Biya ? Qu’est-ce qui peut justifier la mise en berne du Conseil constitutionnel, alors que le 30 septembre 2013, à sa sortie du bureau de vote, le président de la République avait annoncé l’imminence de la mise en place de cette institution importantissime dans le fonctionnement de la démocratie camerounaise et des institutions de la République ?
Toutes ces raisons associées aux multiples verrous des présidents de l’ombre tapis à la présidence qui n’entendent pas sacrifier les ministres et hauts responsables parrainés, font dire à quelques observateurs avisés, et à juste titre, que la publication du rapport sur le carnage d’Eséka ainsi que les effets attendus ne sont qu’un enfumage du gouvernement perpétuel utilisé comme rampe de lancement de la campagne présidentielle de 2018. Ceux-ci n’hésitent d’ailleurs pas à dire que les conclusions de l’enquête engagée après l’assassinat crapuleux de Mgr Bala seront renvoyées aux calendes camerounaises. Just wait and see.
Ikemefuna Oliseh
Jean-Bosco Talla


Soeurs de Djoum tortuées, violées puis assassinées
Torturées par leurs bourreaux et violées avant d’être sauvagement assassinées, les dépouilles des deux religieuses d’origine française, sœurs Marie Germaine Husband et Marie Léone Bordy furent retrouvées un matin du 2 août 1992 baignant dans une mare de sang. Leurs corps sans vie étaient complètement enfouis dans les broussailles à Djoum, non loin de leur résidence. 
Torturées par leurs bourreaux et violées avant d’être sauvagement assassinées, les dépouilles des deux religieuses d’origine française, sœurs Marie Germaine Husband et Marie Léone Bordy furent retrouvées un matin du 2 août 1992 baignant dans une mare de sang. Leurs corps sans vie étaient complètement enfouis dans les broussailles à Djoum, non loin de leur résidence.
Très actives dans la réalisation d’œuvres sociales et le soutien aux déshérités, elles étaient responsables du dispensaire de la mission catholique de Djoum, les deux religieuses de la Congrégation du Sacré Cœur avaient été abattues dans leur résidence visiblement parce qu’elles en savaient trop. Très rapidement, les soupçons des enquêteurs furent orientés vers une personne considérée comme simple exécutant : le jardinier de la paroisse. Il sera très rapidement interpellé. Reconnu coupable du double meurtre, il sera condamné à la peine capitale. Selon certaines indiscrétions, le lien entre l’assassinat, un an plus tôt, de l’ancien Archevêque de Garoua, Mgr Yves Plumey, était évident. Les deux religieuses de nationalité française auraient été en possession des mêmes informations classées top secret que détenait l’Evêque émérite de Garoua.
L’enquête officiellement ouverte pour élucider ces deux autres meurtres ne livrera jamais ses conclusions. Elle sera close en catimini et avec la même discrétion que celles ouvertes à l’occasion de meurtres d’autres membres du clergé. L’on se serait attendu que les autorités françaises s’impliquent et fasse des pressions sur le gouvernement pour faire la lumière sur ces autres assassinats. Etaient-elles complice ? Ont-elles été assassinées pour raison d’Etat ?
E.M.


Les assassins de Mgr Jean-Marie Benoît Bala courent toujours
Deux semaines après la découverte du corps sans vie du prélat, repêché des eaux de la Sanaga par un pécheur malien, la thèse de l’assassinat prospère au fil des jours, confortée par une foultitude d’indices et de témoignages concordants : l’homme de Dieu a été assassiné.

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe en cette fin de matinée de vendredi 2 juin 2017. Le corps sans vie de l’Evêque de Bafia, Mgr Jean Marie Benoît Bala, venait d’être retrouvé par un pécheur malien et repêché par une équipe de plongeurs du Corps national des sapeurs-pompiers. La macabre découverte intervenait au terme de plus de 48 heures de recherches demeurées jusque-là infructueuses. Les pécheurs locaux s’étaient associés aux sapeurs-pompiers et à leurs équipes de plongeurs sans résultat. Jusqu’à ce qu’un petit pêcheur de nationalité malienne retrouve la dépouille du prélat, dans la localité de Tsang, sise à près de dix-huit kilomètres du pont d’Ebebda, lieu où l’homme de Dieu est censé s’être jeté à l’eau, si l’on en croit la note retrouvée dans le véhicule de l’Evêque et selon les premières supputations. Il s’agit d’un papier portant l’entête du diocèse et sur lequel le prélat aurait gravé de sa main ces initiales : « je suis dans l’eau ».
Suicide ou assassinat ? Les enquêteurs, qui jusqu’ici ne privilégient aucune piste, semblent être pris de cours par de nombreux témoignages que corroborent un amas d’indices sans appel sur les causes de cette mort : un autre crime crapuleux, comme l’Eglise catholique camerounaise en a connu depuis plusieurs décennies. Et comme les autres assassinats, nul doute que l’enquête ordonnée et ouverte officiellement ne livrera jamais ses conclusions. Au grand dam de cette église catholique camerounaise consternée depuis lors. Un suspense sur les résultats de l’enquête qui accentue l’émoi du petit peuple des fidèles de Bafia désormais orphelin.
C’est vers 23 heures dans la nuit du 30 mai 2017 que Mgr Balla serait parti de l’Evêché, seul à bord de son véhicule 4x4, pour se rendre à Yaoundé, sans son chauffeur, si l’on en croit les témoignages assez concordants de son proche entourage. Que s’est-il passé pour que cet homme de Dieu de 58 ans puisse connaître une fin aussi tragique qu’étonnante pour un Evêque ? Mgr Benoît Balla a-t-il été assassiné ou s’est-il lui-même donné la mort ? Dans un cas de figure comme dans l’autre, il faudra que les enquêteurs apportent des réponses sur les mobiles de cette disparition inédite. Le pourront-ils ? Pourront-ils avoir les mains libres pour démêler l’écheveau de cet autre assassinat ? Surtout que, encore une fois, des voix s’élèvent ça et là pour pointer un doigt accusateur sur le pouvoir en place. Info ou intox ? Toujours est-il que les autorités étatiques gagneraient à se dédouaner en livrant rapidement les résultats de l’enquête.

Autopsie du corps
En attendant les résultats d’une enquête qui s’annonce délicate et qui intègre une autopsie qui, d’ores et déjà, a commencé à livrer ses premières indiscrétions qui font pencher la balance vers une thèse qui fait froid au dos : la mort par assassinat du prélat. La mort par suicide qui a semblé prospéré aux premières lueurs de la disparition de l’Evêque a rapidement cédé la place à la réalité des faits. Des faits macabres et têtus par leur gravité et leur pertinence. La dépouille de Mgr Jean Marie Benoît Bala présentait des traces de violences. Une violence inouïe portant l’estampille de personnes manifestement rompues aux pratiques ayant cours dans ces milieux du crime rituel, odieux et crapuleux. Si l’on en juge par la jambe broyée, la cage thoracique ouverte, entre autres curiosités que présentait la dépouille du prélat, force est de penser d’abord à une mort suspecte (selon les enquêteurs) et, de fil en aiguille, avec l’apport de nouveaux éléments, de conclure à un assassinat crapuleux.  La commission d’enquête livrera-t-elle ses résultats dans les délais les meilleurs pour permettre à la famille de l’Evêque défunt et la communauté religieuse de faire rapidement le deuil ? Rien n’est moins sûr. L’on semble s’être inscrit sur la durée du côté de la morgue de l’hôpital général qui a accueilli la dépouille de celui qui présidait aux destinées du diocèse de Bafia depuis 14 ans. C’était le vendredi 2 juin 2017.
Ordonné prêtre le 20 juin 1987, Mgr Jean Marie Benoît Balla est originaire d’Oveng dans le Département de la Mefou-Akono, province du Centre. Il trônait depuis 2003 à la tête d’un modeste diocèse qui comptait 21 prêtres pour plus de 300 00 âmes, dont près de 200 000 d’obédience catholique. La disparition tout aussi mystérieuse et jusqu’ici élucidée, il y a quelques semaines, du recteur du petit séminaire de Bafia, un intime de Benoît Balla, retrouvé mort dans son lit, semble avoir entamé le moral de l’Evêque qui, selon ses proches, ne s’en était pas encore remis jusqu’à sa propre disparition. Existe-t-il un lien de causalité entre la mort non élucidée de son prêtre il y a un mois et la disparition suspecte de l’Evêque ? Toujours est-il que c’est l’une des pistes que semblent le plus privilégier les enquêteurs. Vivement que soit démêlé l’écheveau de cet autre drame qui secoue une fois de plus l’Eglise catholique.
Jean Marie Benoît Balla avait fait des études en philosophie et en théologie au grand séminaire de Nkolbisson. Il est titulaire d’un diplôme en Sciences sociales et en gestion obtenu à l’Institut catholique de Yaoundé.  
Evariste Menounga


Yves Plumeu: les mobiles restent inconnus, 26 ans après
Tous les observateurs avertis s’accordent à dire que la corruption est généralisée et touche tous les secteurs d’activité au Cameroun. En 34 ans, Paul Biya a réussi à faire du Cameroun une corruptocratie
Contrairement aux autres assassinats de l’Eglise catholique sur lesquels un black out total demeure sur les auteurs, les présumés assassins de l'Archevêque Emérite de Garoua, Mgr Yves Plumey avaient été identifiés. Le gardien du Prélat, son chauffeur ainsi que le beau frère de ce dernier furent mis aux arrêts au lendemain de ce crime " crapuleux " qui a endeuillé l'Eglise du Cameroun et principalement celle du Nord Cameroun. C’était il ya 26 ans, le 3 septembre 1991. Les trois présumés meurtriers avaient été déférés à l’époque à la prison centrale de Ngaoundéré, au motif qu'ils auraient assassiné ou participé au meurtre de Mgr Plumey. On se souvient que le prélat avait été retrouvé mort dans son lit au petit matin du 3 septembre 1991. Les premières enquêtes avaient révélé que Mgr Yves Plumey était passé de vie à trépas consécutivement à un étranglement à sa résidence du quartier des Hauts plateaux au lieu dit Petit Séminaire. Ses bourreaux se seraient servis de son drap pour accomplir leur sale besogne.  
Né le 29 janvier 1913 à Vannes en France, Yves Plumey fut ordonné prêtre dans la congrégation des Oblats Marie Immaculée (strong Omi) le 29 juin 1937. Il arriva au Cameroun le 16 août 1946 pour créer la mission Tchad-Cameroun. En sa qualité de Préfet apostolique, Yves Plumey conduisit le premier contingent des missionnaires de sa congrégation, pour l'évangélisation du Nord-Cameroun. Entre 1946 et 1955, il occupera tour à tour les postes de préfet apostolique de Garoua, vicaire épiscopal et évêque de Garoua. Il sera nommé archevêque de Garoua en 1982 jusqu'au 17 mars 1984, date à laquelle il passe le témoin à Christian Tumi.  Le  17 mars 1992, il renoncera au gouvernement pastoral. Entre temps, il aura fondé, entre autres, un grand centre d’instruction et d’éducation, le collège Mazenod de Ngaoundéré d’une capacité de 1500 élèves qui contient une chapelle, une aumônerie, une bibliothèque et des aires de jeu.  
EM

 


L'assassinat de l'intelligence

Un prêtre jésuite assassiné dans des conditions non encore élucidée. le pouvoir en place à Yaoundé entretient avec les intellectuels camerounais dissidents un rapport  violent et meurtrier

Le père Engelbert Mveng, prêtre de la Compagnie de Jésus (Jésuite), est assassiné le 24 avril 1995. Au petit matin, le petit village de Nkolfané (dans la banlieue ouest de Yaoundé) découvre le corps du père jésuite Engelbert Mveng, étranglé, couché dans son lit face au plafond. Dans la nuit, des assassins, sans doute commandités, avaient fait leur triste besogne. Impossible de dire quelles sont les origines de la mort du Père Mveng. C'est l'émoi dans le monde entier. Léopold Sédar Senghor appelle la présidence de la République du Cameroun. L'ancien président sénégalais ne comprend pas qu'un homme comme Engelbert Mveng ait pu vivre sans garde du corps. Des voix vont courir pour révéler que l´assassinat du Père Mveng est l´œuvre de "groupes mystiques'´, pratiquant des cultes exotériques et se disputant le contrôle de l´apparat de l´Etat. Ils procèdent à l´élimination des intellectuels, des gens qui dérangent. La disparition du Père Mveng est aujourd´hui encore ressentie comme une perte monumentale pour l´Eglise catholique locale, le Cameroun et toute l´Afrique. Outre la prêtrise, le religieux était historien émérite, artiste distingué, théologien réputé et intellectuel intègre.
Le Père Mveng était né le 9 mai 1930 à Enam-Nkal, paroisse de Miniaba, de Jean Amougou et Barbe Ntolo. Études secondaires au Petit Séminaire de Yaoundé. Après une année au Grand Séminaire de Yaoundé, en 1951, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Djuma (Rep. Dém. du Congo). Le 22 septembre 1953 il fit sa première profession. Études philosophiques à Eigenhoven (Belgique) et théologiques à Lyon (France). Ordonné prêtre en 1963. Poète, peintre, écrivain, enseignant d´histoire à l´Université de Yaoundé de 1965 à 1995. ''La riche personnalité du Père Mveng faisait de lui un jésuite aux qualités remarquables dont la réputation avait depuis longtemps franchi les frontières du Cameroun et même celles du continent africain". Engagé dans le mouvement culturel de la Négritude, le Père Mveng fut un promoteur convaincu de la nécessité et de la possibilité d´un christianisme inculturé. “L´inculturation est probablement le problème-clé ainsi que le plus grand défi de la théologie africaine…".
L´atelier d´art religieux fondé par le Père Mveng à Yaoundé se proposait de concrétiser l´inculturation et de reproduire des modèles d´ornements liturgiques puisant leur inspiration dans l´art africain. Parmi les œuvres artistiques du Père Mveng : les mosaïques de Notre Dame d´Afrique (basilique de Nazareth, Israël) et de Notre Dame des Victoires (cathédrale de Yaoundé; les tableaux de la chapelle du Collège Hekima (Nairobi). Pendant plusieurs années, le Père Mveng fut le secrétaire de l´Association œcuménique des Théologiens Africains (Eatwot). En présentant le livre des Actes de la Rencontre Panafricaine du Caire, il écrivait: ''L´œcuménisme en Afrique doit aller au-delà de l´inventaire de nos traditions respectives, de la simple affirmation de nos vieilles identités. Nous sommes invités aujourd´hui à nous engager pour refaire l´unité visible de l´Eglise du Christ. Les Eglises d´Afrique, très dynamiques et efficientes dans les premiers siècles de la chrétienté, peuvent fournir encore une contribution irremplaçable dans l´édification de l´unité visible du Corps du Christ".

Ela
A propos du rôle libérateur de la théologie, il souligna la force libératrice des Béatitudes. "La libération latino-américaine veut se libérer de l´impérialisme, du capitalisme du Nord… en Afrique la théologie de la libération pose la question de Dieu". En 1977 il fonda une association religieuse, la ''Famille des Béatitudes'', qui se heurta à plusieurs difficultés. Elle devait vivre le Message des Béatitudes, qui "proclament que les puissances et les agents de la mort qui nous assaillent tous les jours, la pauvreté, la faim, la soif, l´injustice, l´humiliation, le péché, la haine, la violence seront surmontés, vaincus et dépassés par l´amour". "Une des choses qui me font pleurer, je le dis tout haut, c´est que l´Afrique sacrifie chaque jour les meilleurs de ses enfants sous prétexte qu´un tel a dit qu´il n´est pas d´accord avec tel chef d´État. Je ne peux pas comprendre qu´on condamne un homme à mort pour ses opinions".
Jean Marc Ela, de son exil canadien, avait remis à l'ordre du jour politique et éthique la question de l'assassinat du Père Mveng. Jean Marc Ela écrivait : "Biya sait qui a assassiné le Père Mveng et doit le dire aux Camerounais. Biya a toutes les preuves, tous les faits pour dire qui a assassiné le Père Mveng." L'accusation était grave. Elle venait d'une des figures éthiques les plus exigeantes de l'histoire du Cameroun. Qu'un tel homme déclare péremptoirement que le chef de l'Etat, Paul Biya, sait qui a tué le Père Mveng, ouvre tous à un droit de vérité. En plaçant le président de la République au cœur du mystère qui entoure l'assassinat du Père Mveng, Jean Marc Ela poussait à repenser le rapport que le Père Mveng entretenait avec l'Etat. Dans un texte posthume, publié quelque temps après sa mort, le Père Mveng dit : " […] En tant que citoyen vivant dans une société organisée en Etat, j'ai également mon expérience, mes réactions, mes responsabilités de citoyen. Je suis responsable de mon destin. Et la société organisée en Etat, a d'abord pour mission, je crois, de m'aider à accomplir ma vie et mon destin de façon la meilleure possible. Je ne suis par conséquent pas prêt à me laisser entraîner à la dérive de quelque système politique, de gouvernement et de n'importe quelle conception de pouvoir. Que l'on soit politicien ou non, on a quelque chose à dire sur la situation politique, économique, sociale et culturelle de nos pays… "
Etienne Lantier
Source: Dossier et document de Germinal,n°°006

 


Mgr Jean Kounou, Abbé Bikoa, Abbé Apolinaire Claude Ndi: Des meurtres non élucidés d'hommes de Dieu
Mgr Jean Kounou est assassiné en 1982, en même temps que l'Abbé Materne  Bikoa. Les deux assassins sont entrés chez lui. L'un d'eux était le cuisinier. Jean Kounou était originaire du Département de la Lékié. Il fut ordonné prêtre en 1941. Il fit ses études théologiques au Grand Séminaire de Mvolyé. Prélat de Sa Sainteté, il officia comme curé de Ngomedza   p dans le Diocèse de Mbalmayo de 1959 à 1979.
Autre meurtre, celui de l’Abbé Materne Bikoa qui fut assassiné le même jour que l’Abbé Jean Kounou. Son péché ? Il s’était retrouvé au mauvais endroit et à un très mauvais moment. Son malheur procédait de ce qu’il fait irruption sur les lieux du crime exactement lorsque les assassins étaient en train de tuer l'Abbé Kounou. Témoin inopportun, il fut tué lui aussi.  L’Abbé Materne Bikoa avait été ordonné prêtre en 1979 et fit ses études au Grand Séminaire de Nkolbisson.
L’Abbé Apollinaire Claude Ndi était curé de Nkol-Tob par Awaé, près de Yaoundé. Il fut assassiné à Yaoundé dans la nuit du 20 au 21 avril 2001, à Nkolndongo, par un inconnu. Les Evêques camerounais avaient, dans un concert de récriminations et dans un tollé d’indignations, dénoncé le meurtre de ce prêtre  comme "un assassinat qui allonge la liste des ouvriers apostoliques tués pour des mobiles et dans des circonstances jamais éclaircies par les enquêtes de police".
Curé à la paroisse de Mandoumba dans le Diocèse d’Eseka, l’Abbé Joseph Yamb avait été assassiné par des voleurs qui, officiellement, étaient à la recherche de l’argent. Il fut ordonné prêtre vers 1941.
L’Abbé Barnabé Zambo était curé de Mbang.  Né vers 1955 à Nsimalem dans Archidiocèse de Yaoundé. Il officia dans l'Archidiocèse de Bertoua comme responsable de paroisse. Il passera de vie à trépas le 24 mars 1989 dans des conditions jamais élucidées.
Frère Yves Marie-Dominique Lescanne faisait partie des Petits Frères de l'Evangile, fondateur du Foyer de l'Espérance de Yaoundé. Il fut assassiné à Maroua dans l’Extrême-Nord du Cameroun par un des jeunes qu'il avait aidé à sortir de la rue.
68 ans et Allemand de nationalité, Frère Anton Probst appartenait à la Congrégation des missionnaires Clarétins. Il fut assassiné par un gang de malfaiteurs un 24 décembre par des malfaiteurs qui étaient entrés dans le Noviciat d'Akono. Après la Messe de Noël, il retournait dans sa chambre quand il a surpris des voleurs qui le frappèrent, en le laissant inanimé. Il était au Cameroun depuis 11 ans, après 24 ans passés en République Démocratique du Congo.
EM

 


Mgr Simon Pierre Tonyè Bakot: Les affaires d’argent emportent l’Archevêque de Yaoundé

Il ne passe pas de vie à trépas, mais la « destitution » de l’Archevêque métropolitain de Yaoundé prend tous les relents d’un assassinat
Lorsque l’Archevêque de Yaoundé, Mgr Tonyè Bakot, démissionne ce 29 juillet 2013, c’est le peuple des fidèles de l’archidiocèse de Yaoundé qui accuse le premier le coup. C’est une atmosphère de deuil qui règne partout. Le sentiment d’incompréhension  est quasi unanime.  A la manière d’un berger qui abandonne ses brebis en plein naufrage, l’Archevêque métropolitain s’en est allé, démissionné par le Saint Siège. Il ne s’agit pas d’un départ volontaire, mais d’une démission forcée. Avec, à la manœuvre, le Nonce Apostolique au Cameroun et en Guinée équatoriale, Mgr Piero Piopo. Convoqué d’urgence à rencontrer l’ambassadeur du Vatican, Mgr est happé au sortir d’une célébration eucharistique et conduit sur les hauteurs du Mont fébé pour un huis clos classé top secret entre les deux hommes de Dieu. Rien ne filtrera de la rencontre. Mais toujours est-il que c’est ce jour là que sera signé l’arrêt de démission de Tonyè Bakot. La forme adoptée est qu’il renonce à sa charge épiscopale, question de rendre dans la dignité son pallium d’archevêque, et surtout de ne pas scandaliser la foi des pauvres et le petit peuple des chrétiens de l’Eglise catholique.
Ce qui était reproché à ce prélat qui n’avait pas sa langue dans la poche ? Les ténébreuses affaires de gros sous impliquant l’homme de Dieu. L’on parle de détournements de fonds issus de la vente à vil prix du patrimoine immobilier de l’Archidiocèse. Les élites du Mfoundi accusent l’Archevêque de brader les biens de l’archidiocèse. Le prélat aurait engrangé 400 millions Fcfa dans la vente d’un terrain à Yaoundé. L'Archevêque métropolitain est accusé d’avoir fait main basse sur la Société immobilière «La Foncière», ébranlant ainsi les piliers de l’Eglise et mettant en péril sa crédibilité.  Montant de la transaction : 5 milliards Fcfa. Des accusations rejetées en bloc par le prélat.
EM


Au royaume des moeurs sataniques
Les évenements qui surviennent ces derniers temps au Cameroun sont les preuves patentes que Paul Biya est entouré de nombreux sorciers en puissance et en fait qui s’abreuvent de l’énergie vitale des Camerounais. Et si Ebalè Angounou avait raison! (Extraits)
«De nombreuses personnes, proches du Président, se livrent à des pratiques de magie et de sorcellerie, sans justification rationnelle. Chacun exploite les formes de pratiques qui lui permettraient de s’affirmer dans ses options. Le cas de [ce grand prof] qui [avait] la triste et fâcheuse réputation de rechercher les jeunes filles vierges. Dans le contexte du Cameroun où les filles sont scandaleusement précoces, il faut aller chercher chez les moins de 14 ans pour espérer rencontrer des vierges. […] Car il se trouve qu’avec elles, il tire quelque chose de particulier au plan de la métaphysiologie, qu’il exploite avantageusement pour son épanouissement personnel.
C’est un homme ressource de Paul Biya, car il a réussi à mettre sur pied des structures mystico-religieuses dont le but est d’œuvrer pour la pérennité du Président au pouvoir. Il crée alors «Peuple du Rosaire», une société secrète dont l’action consiste essentiellement à réciter le rosaire à longueur de journées au profit du Président. Ses membres sont grassement payés et vivent pleinement de cette activité.
Ce métamorphe qui se transforme en serpent boa est néanmoins plein de générosité et d’altruisme. Les démunis et autres laissés pour compte sont sûrs de trouver une oreille attentive à leurs complaintes auprès de lui. Mais cet homme qui a la bénédiction du Président en matière de mains basses sur les finances [publique] qui soutiennent ses activités mystico-religieuses, n’est pas à un scandale près pour ce qui est de ses excessifs débordements sexuels envers les jeunes filles.
Seulement il n’est pas plus blâmable [que cet ancien ministre de l’administration territoriale, de regrettée mémoire], un autre homme-serpent, qui a la réputation d’avoir une soif intarissable des menstrues des jeunes filles. Il ne s’en abreuve pas comme [le faisait cet autre ancien ministre de la justice, de l’éducation nationale, de regretté mémoire] et autres. Il se contente juste de les humer, de s’enivrer de leur senteur comme on se droguerait avec du parfum. Il nourrit des relations avec de nombreuses jeunes filles qu’il n’entretient pas sexuellement. Tout ce qui compte pour lui, c’est que chacune d’entre elles se manifeste à lui lorsqu’elle est en période de menstruation. Elles sont au moins assurées d’empocher 400 000 F CFA à chaque séance. C’est le taux qu’il leur propose pour se revigorer de leurs énergies spirituelles au moyen de leurs menstrues.
L’entourage de Paul Biya est riche de telles pratiques, qu’il en devient quasiment inhumain et suspect. On le prendrait pour un cercle d’extraterrestres fonctionnant selon un ensemble de lois et règlements irrationnels.
On y trouve des gens qui se prêtent et partagent leurs épouses comme on le ferait avec des chemisettes. Plus grave, les uns font des enfants avec des épouses des autres sans que ceux-ci s’en formalisent, puisqu’ils ne se gênent pas de les reconnaître légalement.
Il y a même le cas de certains proches du chef de l’Etat qui couchent avec leurs propres filles, au point de faire des enfants, quitte à ce que ceux-ci soient reconnus en paternité par d’autres personnes. Que dire alors de ce collaborateur du Président qui contraint pratiquement ses filles à recueillir leurs menstrues afin qu’il s’en abreuve ? La même personne entretient des rapports homosexuels avec ses fils.
Le chef de l’Etat quant à lui, dort tranquille sur ses lauriers, car des organisations mystiques et autres sectes ont été créées de par le monde pour le soutenir au pouvoir pendant au moins 25 ans. Il est question que, par la suite il soit succédé par quelqu’un de son choix. Des sommes énormes sont par lui engagées pour financer ces sectes. Bon nombre de ses chargés de missions sont alors impliqués dans cet engrenage. [Un ex-argentier, aujourd’hui impliqué et non inquiété] dans l’affaire de l’achat présidentiel], autre métamorphe, homme-rapace, est du nombre. Bienvenue à [notre haut-beau parleur national, lui aussi encore ministre] et [autre ministre bling bling] dans le cercle des métamorphes.
Un très haut gradé de l’armée, proche du Président, [avait] l’obligation qu’il tient de ses pratiques de ne pas déféquer ailleurs que dans son village où, en un lieu précis, ses déchets doivent être déposés. Cela veut dire que, où qu’il se trouv[ait], il se soulage[ait] dans du papier et autres emballages. Ses déjections [étaient] alors conservées pour être toutes transportées dans la malle de sa voiture, pour son village, où se trouv[ait] l’unique lieu préparé à recevoir ces précieux colis. Même lorsqu’il se trouv[ait] en mission à l’étranger, cet éminent militaire [ramenait] au pays ses déjections pour qu’elles soient déposées dans son village, en lieu sûr.
[Une illustre personnalité de la République avait] dû une nuit son salut à l’intervention des gendarmes d’Awae, une banlieue de Yaoundé. En effet, ce député du RDPC [avait], un soir, été surpris par les habitants du coin en un point insolite, où il avait creusé une fosse, et jeté une pauvre bête ligotée qu’il tentait d’enterrer vivante, traumatisant ainsi un innocent animal domestique dont l’espèce depuis des siècles vit sous la protection des hommes.
De nombreux cas semblables ont lieu au Cameroun […]
Ebale Angounou
Source. Sang pour sang, Sphinx Editions, 2001, pp. 49-51.


L'histoire du Renouveau-Rdpc s'écrit en lettres de sang
Lors du denier congrès du Rdpc, Paul Biya et ses partisans avaient promis de faire exploser le Cameroun avec sa nouvelle dynamite. Depuis lors, le Cameroun est devenu une gehenne où le sang coule à flot.
Le bilan de 35 ans de gabegie et d’un règne sans partage que les Camerounais auront connu sous le Renouveau-Rdpc de Paul Biya et de ses « créatures-esclaves », s’écrit aussi en lettres de sang que charrie des assassinats politiques dont la mémoire hante encore l’imaginaire collectif tant leur barbarie a été d’une monstruosité extrême et inouïe. En revisitant certains de ces assassinats nous ne sommes pas été guidés par un besoin morbide et mortifère d’exhumation des cadavres, mais par le souci que leur mise en perspective contribuerait à mieux appréhender la nature criminelle et méchante du système gouvernant incarné par l’homme du 6 novembre 1982.
Dans la nuit du 4 au 5 Avril 1990, Me Mbobda, avocat au barreau du Cameroun, établit à Bafoussam, est assassiné par un gardien de la paix, Emandion Louis en service au GMI de la même ville. Le procès dure deux ans. Le 17 février 1992, la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Bafoussam rend son verdict. Le gardien de la paix est condamné à vie. Le mobile de son forfait reste non élucidé. Tout indique qu’il n’aura été qu’un bras séculier de commanditaires tapis dans l’ombre.
Deux années auparavant, en 1988, un 13 novembre, était également assassiné un autre avocat, Me Ngongo Ottou. Le dimanche précédant sa mort, les dernières personnes qui lui avaient rendu visite sont des membres bien connus d’Essingan, Omgba Damase et le Secrétaire d’Etat à la sécurité d’alors (actuelle DGSN), Ekani Denis. Juste après leur départ, deux expatriés de nationalités marocaine et française seraient rentrés par effraction dans le domicile de l’avocat et l’auraient agressé en pressurisant son crâne.
La série noire va se poursuivre avec des hommes et femmes de Dieu. Après les assassinats des Abbés Yomb Joseph, Bikoa Materne et Mgr Kounou Jean, c’est au tour du journaliste l’Abbé Mbassi Joseph qui est retrouvé mort dans sa chambre à Mvolyé dans la nuit du 24 et du 25 octobre 1988. La piste d’un crime passionnel est invoquée pour être écartée par la suite. L’Abbé aurait été en possession de documents compromettants. D’ailleurs sa mort serait liée à celle de Me Ngongo pour les mêmes mobiles. Qui sont les commanditaires ???
Dans la nuit du lundi, 2 septembre 1991, Mgr Yves Plumey, fondateur du collège Mazenod est assassiné dans sa résidence à Ngaoundéré. Des soupçons sont portés ici et là sur un certain Haman Sali, Homme politique, membre de l’UNDP, puis sur un nommé Noel qui fera deux ans de prison ou encore sur un évêque, Jean Pasquier. L’affaire sera classée par la suite.
Djoum, août 1991. Les Sœurs Germaine Marie et Marie-Léone de la congrégation de sœurs du Sacré cœur sont sauvagement abattues. L’assassin serait un certain Ondja’a Albert Landry qui malgré les preuves l’accablant clame pourtant son innocence. Avait-il besoin d’assassiner de vieilles dames sans défense pour les voler ? La vérité semble être ailleurs. Il se dit d’ailleurs que les vieilles sœurs détenaient les confidences d’une illustre disparue dont le neveu, Motaze Roger, alors Aide de camp du chef de l’Etat sera tué dans un accident de circulation suspect.
22 avril 1995, le Père Mveng est étranglé dans son lit. Le ministre de la Justice de l’époque appose des scellés sur le corps. La Messe de requiem a lieu sans le corps. Il se dit que son crâne aurait été ouvert et son cerveau emporté. Pour quoi faire ? Les assassins courent toujours. L’Etat se précipite pour le décorer à titre posthume.
Saura-t-on jamais un jour la vérité pour tous ces assassinats dont le caractère politique ne fait plus l’ombre d’un doute ? Que dire de la disparition de Mbara Goulongo Guérandi?
Un jour viendra où les archives du Renouveau seront déclassifiées et ce Régime répondra devant le tribunal des hommes et de l’histoire.  
Tissibe Djomond
Source: Germinal n° 097, mise à jour


Au 100 000 morts sur les chemins du Renouveau
Les vampires du Renouveau-Rdpc ont peut-être besoin du sang des Camerounais pour se régénérer et avoir la vie éternelle. Les voies du Renouveau et du Roi Paul sont impénétrables
Vendredi, 21 octobre 2016. Le train voyageurs Intercity n° 152 de Camrail, déraille à Manyaï, près de la gare d’Eséka. Le bilan provisoire est catastrophique : officiellement, près d’une centaine de morts contre environ 600 blessés. Une querelle de chiffres tient l’opinion en émoi où l’attitude constamment minimaliste et condescendante des officiels le dispute dorénavant à la rapidité de l’information relayée sur les réseaux sociaux. Dieudonné Essomba, économiste connu pour ses analyses au vitriol, déclare alors que les Camerounais ne sont qu’au début de leur peine. Cynisme ? N’y at-il pas une consubstantialité entre la mort et le pouvoir de Biya ? En cette date commémorative de 6 novembre, le chemin parcouru par le Renouveau en 34 ans, jalonné d’hécatombes, dévoile une loi statistique de série, tant la temporalité des catastrophes paraît obéir à une périodicité plus ou moins égale. Le décompte des morts du Renouveau est un devoir de mémoire.
Illustration. Au lendemain du putsch manqué du 6 Avril 1984, une répression sanglante au terme de procès expéditifs a lieu à Mbalmayo où sont exécutés près de 1500 Camerounais, originaires du Septentrion. Bilan officiel : 35 morts (lire page 9). C’est le massacre inaugural de l’ère Biya. Deux ans plus tard, dans la nuit du 15 août 1986, une explosion a lieu au lac Monoun, non loin de Koutaba. Bilan : 37 morts. On ne pouvait pas prévoir. Le 21 courant, à Nyos, le lac Lwi, abrité par un cratère éteint comme celui de Monoun, libère un gaz carbonique dont la toxicité étale sur le carreau 1746 camerounais et 5000 bêtes décimées. Des mesures auraient dues être prises. Années 90. Au plus fort de la contestation sociopolitique, les villes mortes font environ 400 morts. L’Etat d’exception imposé par le commandement opérationnel marque au compteur : 800 morts. 3 Décembre 1995, le « Nyong » en provenance de Cotonou, crashe à Youpwé. Bilan : 78 morts. Les Camerounais sont à peine remis qu’un 14 février 1998, un déraillement de Wagons-citernes transportant du carburant, renverse son contenu à Nsam Efoulan, les populations accourent pour se ravitailler, une explosion s’en suit. Bilan : 250 morts. Quatre ans plutôt, en 1994 sur la route de Soa, la réforme universitaire initiée par le Ministre Titus Edzoa compte ses premières victimes : 12 morts. Il s’en suit alors une série d’accidents de la circulation : 27 janvier 2003 à Ebombé, sur l’axe Douala- Yaoundé, les Bus de Kami et de Félicité voyages rentrent en collision : près de 100 morts. On n’en finira plus jamais de parler du triangle de la mort – axes Yaoundé-Douala-Bafoussam-Yaoundé. Illustration : dans la nuit du 3 au 4 mai 2016 sur l’axe routier Douala-Nkongsamba, 7 morts, 21 blessés. Le 20/09/2016, 6 morts sur ce même axe. Le 2 novembre 2016, 9 morts sur le carreau à Ebebda, etc.   De Septembre 2003 à Juin 2006, la Lékié connait à son tour son lot d’accidents dont les pertes vont au-delà de 100 victimes. Idem dans la partie septentrionale avec la compagnie de transport Star Voyages ; 5 mai 2007, à Mbanga Pongo, 2mn après son décollage, l’avion de Kenya Airways crashe. Bilan : 114 morts. Le Ministre de transport à l’époque, un certain Issa Tchiroma Bakary est accusé alors par Marafa d’avoir empoché l’argent devant servir à indemniser les ayants droit des victimes. Février 2008, éclatent les émeutes de la faim, bilan : au moins 139 morts. 2009 : une série noire sur les chemins de fer qui enregistrent plusieurs déraillements et beaucoup de morts. Bref, si on s’en tient aux données contenues dans les rapports sur l’état de la protection civile au Cameroun produit par le Minadt, il y a en moyenne sur nos axes, 1500 morts par an, au moins 51 000 morts au bout de 34 ans.
Sans oublier les 30 morts de morts de Bakassi, et environ 2000 morts liées aux attentats et à la lutte contre « Boko Haram ». Et les crimes rituels aussi. 2014, au quartier Mimboman à Yaoundé, des crimes dits rituels sont perpétrés, c’est l’émoi dans toute la ville, une commission d’enquête est commise et l’affaire est vite oubliée ; 2016 : Nkolbisson va connaître également sa série de crimes rituels. Puis, Eséka…Et la saga semble loin d’être terminée !              
Tissibe Djomond
Source: Germinal n° 097, mise à  jour


Qui a assassiné le colonel Nnanga Abo'o Pépin
Le 8 septembre 2014, dans une lettre ouverte adressée à Paul Biya au sujet de l’affaire de l’assassinat du colonel Nnanga Abo’o Pétain, dame veuve Nnanga Alice dénonçait les lenteurs judiciaires et les manipulations (faux témoignage, faux certificat médical) qui ont cours autour de cette affaire. Si certaines pontes du régime n’étaient pas soupçonnées d’avoir commandité cet assassinat, il est probable que le verdict du tribunal militaire n’aurait jamais été celui qui avait été rendu et qui condamnait les lampiste en épargnant les cerveaux.
Dans ladite lettre ouverte, la veuve marquait sa surprise de constater qu’au moment où ici comme ailleurs, le droit protège la vie des espèces animales et même végétales, que la vie humaine soit ainsi banalisée, bafouée, méprisée et non protégée au pays de Paul Biya
Elle précisait les circonstances de la mort de son époux assassiné le 4 septembre 2006 à minuit. Rentrant de ses balades, son feu mon mari lui avait appris qu’il avait eu une chaude altercation avec des officiers missionnaires, proches de Ze Meka, ex-ministre de la défense lesquels lui avaient demandé de s’associer à eux pour une conspiration visant à déstabiliser les institutions républicaines. Son époux avait refusé de souscrire à cette démarche moyenâgeuse par fidélité à son serment de servir avec honneur et fidélité son pays, les institutions et celui qui les incarne en l’occurrence Paul Biya.
Elle s’étonnait et faisait remarquer que le tribunal avait superbement évité d’établir un lien de causalité entre la réunion et son exécution précoce le 5 septembre, lendemain de cette altercation, ainsi que l’implication des occupants du domicile où fut commis cet assassinat odieux, perpétré par d’abominables scélérats pressés d’ôter la vie à son mari pour ne pas être dénoncés par ce dernier.
L’invitation téléphonique par dame Elomo Marie épouse Nko’o Nyatte Archangelo de son mari par une vielle maîtresse bien connue à plus d’un titre par les commanditaires tapis dans l’ombre, à se rendre en urgence dans son domicile n’aura été que l’appât pour pêcher le poisson. Pour elle, il s’agissait bien d’un guet à pans classique dont tout contournement ne vise qu’à étouffer la manifestation de la vérité. D’autant plus que dans le procès-verbal de clôture de l’enquête préliminaire qui sert de support à l’accusation et même à l’information judiciaire, dame Elomo Marie épouse Nko’o Nyatte Archangelo avait menti n’avoir pas eu de nouvelles de son mari depuis deux mois et n’avait pas entendu la détonation du coup de feu ayant tué le colonel Nnanga. L’implication de cette dame était prouvée
Dans une seconde lettre, elle relançait Paul Biya.
Après le verdict rendu, elle avait saisi la Cour d’appel du Centre où l’affaire est pendante depuis des mois. Elle concluait sa lettre en rappelant que nul n’est au-dessus des lois, que l’on s’appelle Ze Meka, Colonel Meka Meka Emmanuel, Elomo Marie épouse Nko’o Nyatte Archangelo
Bonnemort

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