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Le naufrage du Cameroun, C'est eux! - Bello Bouba Maïgari: Le grand retors de la Cène

Le naufrage du Cameroun, C'est eux! - Bello Bouba Maïgari: Le grand retors de la Cène

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Index de l'article
Le naufrage du Cameroun, C'est eux!
Le crépuscule des idoles, naufrageurs du Cameroun
Paul Biya, centre de l'inertie et responsable du naufrage du Cameroun
Fru Ndi, complice et allié objectif de Paul Biya
Les révélations d'Asonganyi
Bello Bouba Maïgari: Le grand retors de la Cène
L'Enam, l'Ecole ou le Moule des fossoyeurs
Toutes les pages

Bello Bouba Maïgari: Le grand retors de la Cène
Si on prenait la peine de consulter les oracles, on se rendrait sans doute compte que [le ministère d'Etat, des postes et télécommunication] fut un grand comédien dans une autre existence. Un metteur en scène pour être plus précis. Avec une option prononcée pour l'illusionnisme. Créer des artifices pour se rendre important. Utiliser les autres comme marchepied. Bello est équipé d'un éclectisme idéologique hors pair. En matière de funambulisme, on aura rarement mieux sous nos cieux.
Ce garçon aurait-il été traumatisé à un moment de sa vie ? Sa fulgurance académique et une ascension professionnelle précoce, y sont certainement pour beaucoup. L'Annuaire national 1980, le Who's who de la haute [administration], nous ordonne de croire que le brillant élève du Lycée de Garoua est entré à l'Enam à 21 balais accomplis, c'est-à-dire en 66. Nanti d'un Bepc, on suppose. Mais, nous nous garderons bien de le signaler. Il en sort, paraît-il, en 70. Détail capital, malgré ces études fort accaparantes, le Bello a quand même trouvé le temps d'être adjoint administratif à la sous-préfecture de Poli - c'est écrit en toutes lettres dans le bouquin. Ce don d'ubiquité se révèle à lui de 65 à 66. A 22 ans ! Il se paye le luxe d'être secrétaire général de ministère (les forces armées) à 25 piges. A 28, il est l'adjoint d'un certain Samuel Eboua au secrétariat général de la présidence de la République.
Le Bello Bouba, premier ministre, est à la fois un être évanescent et ondoyant. C'est une espèce de chérie mal aimée qui, en janvier 83, va souvent noyer son chagrin non pas dans un verre d'alcool, mais en complotant au cours de prières dans les mosquées souterraines "[dixit, Henri Bandolo in La flamme et la fumée]. On surprendra la premier ministre de la République dans de sinistres messes noires o fortes coloration régionaliste, incitant les ministres " nordistes " à la dissidence. Une lettre de démission collective naït de ces tractations nocturnes et secrètes Que le grand manipulateur Bello se gardera bien de signer lorsqu'arrivera son tour. Il est limogé après 9 mois de primature marquée par des bruits de révolution de palais
Il s'octroie un "exil volontaire" au Nigeria. Revient au pays en mi-août 91. Seulement après l' " année de braise "... Accueil triomphal à Douala. Samuel Eboua se veut d'autant plus rassuré que le " simple militant de base" de l'Undp qu'il embrasse à pleine poitrine, ne nourrit aucune ambition politique et ne veut pas qu'on lui en prête. Le militant de quelque chose en question participe au sommet tripartite de Yaoundé en qualité de... " membre de la société civile". Eboua démentira en estimant que la manœuvre était une manière de lui forcer la main ; de l'amener à se rendre à cet attrape-gogos.
En début 92, les affidés de Bello improvisent un Congrès de l'Undp à Garoua. Extraordinaire ! Bello est intronisé à la hussarde. Forcément. Samuel Eboua, inconsolable, se dit "victime d'une cabale tribale " qui " porte la marque du pouvoir ". L'ère des déclarations tonitruantes vient de commencer. On se rendra compte, bien plus tard, que le tribun d'enfer est rongé jusqu'à l'os par un incurable virus sémantique qui lui fait dire ce qu'il ne pense pas et faire le contraire de ce qu'il déclare. Ses pensées sont comme ses convictions : à la fois fortes et bigarrées
En mars 92, convaincu que "les habitants de ce pays, malgré la loi [sont] prêts à voter pour l'opposition et à lui accorder la majorité dont elle a besoin pour accomplir sa tâche de réformes ", Bello lance ses troupes à l'assaut du Palais du peuple, et ceci malgré le mot d'ordre de boycott de l'opposition. Mais, 68 députés, on vous le demande, est-ce assez pour venir à bout de la " mauvaise foi du gouvernement " ? Candidat à l'élection présidentielle en 92. Gamelle. Décidément, le Cameroun ne veut pas être " bien géré" par Bello... Et déjà deux lieutenants qui le cocufient en entrant au gouvernement (27/11 /92) sans son onction. Kaï !
Et pour soigner son vague à l'âme, rien de tel que de fréquents coups de gueule contre les dirigeants de l'amère patrie. Même si on ne se prive pas soi-même, secrètement, de négocier quelque strapontin gouvernemental. Bello Bouba n'est apparemment rien hors du pouvoir. Ses fréquentes crises d'adrénaline sont autant de clins d'œil au Prince afin que le train de l'histoire ne l'oublie pas sur un quai.
Relisons quelques morceaux moisis de son discours du 04 janvier 97 à Ngaoundéré, lors du 2e Congrès ordinaire de l'Undp. 2h30mn d'un pamphlet comme les prestidigitateurs n'en font plus beaucoup de nos jours. Dans lequel on apprendra qu' " après quinze ans de cette gestion que le peuplé camerounais expérimente quotidiennement à ses dépens, certains ont plutôt confirmé qu'en réalité le seul programme qu'ils avaient consistait à s'accrocher au pouvoir par tous les moyens, des plus déshonorants aux plus sanglants ". Que " quand un pouvoir est si défaillant, qu'il n'a même plus conscience de ses propres carences, il ne suffit plus de lui rappeler ses innombrables faillites, il faut le déloger " étant entendu qu' " il est incontestable que c'est à l'opposition camerounaise que revient la responsabilité  de sortir le Cameroun de l'ornière où se complaisent les autres "
Bello écartait toute idée de collaboration avec le pouvoir, synonyme de " complicité" dans la " violation des droits de l'homme ". Des négociations avec le gouvernement ? Vous n'y pensez pas tout de même ! En tout cas " c'est des rumeurs qui sont là depuis 5 ou 6 ans ". D'où l'appel pathétique au boycott de [l'élection présidentielle de 1997]. L'histoire retiendra que c'est le président de l'Undp qui le premier lança l'idée, suivi quelques jours plus tard par l'Udc et le Sdf. Boycott actif. Qui débouchera sur " la mascarade électorale du 12 octobre 1997 ". Le même meneur signera des deux mains le communiqué conjoint d'après scrutin, dans lequel le front du boycott demande " au peuple de se tenir prêt pour les phases suivantes du combat pour la démocratie ". Mais cet appel à la mobilisation et à la défiance semble ne pas avoir revêtu la même signification pour tout monde. Surtout pour M. Bello qui, à un moment donné, adopte une langue à cheval entre le charabia et les enchères nocturnes d'une fille de joie. Il commence sournoisement à brouter son pain blanc. " Un homme politique [...] mesure les actions qui lui permettent de gagner du terrain, et exploite toutes les fissure "
Aussitôt parvenu à sa faim, le désormais [l'ex] ministre d'Etat chargé du Développement consorts, avant d'inaugurer son règne oisif en interdisant - sur le papier - l'odontol sans mesure d'accompagnement, a entrepris d'engueuler la tribu d'"amnésiques " du front du boycott qui " n'ont pas de leçons" à lui faire. Et d'ailleurs, désormais, " chacun est libre de prendre la voie qui lui convient”. On apprendra également, non sans surprise, que le Rdpc et l'Undp " ont très rapidement su se découvrir des convergences politiques " - à la bonne heure ! Et déjà montent les inquiétudes pour l'avenir. Parce qu'avec Bello on n'est jamais assez prudent. Les risques d'infidélité sont toujours à prévoir. Il l'a d'ailleurs rappelé ; récemment : "  [...] il n'est pas de l'habitude de l'Undp de dire non. C'est à l'examen des propositions que nous trancherons. " On vous le disait bien : tout ici se négocie. Comme au royaume des péripatéticiennes.
Félix Cyriaque Ebolé Bola
In Mutations du 26/01/98

Ndlr : Et l'éternel président de l'Undp a su négocié tous les virages pour demeurer aux côtés de son complice Paul Biya. Toutes les issues sont bouchées pour éviter que certains de ses camarades du parti ne lui fassent plus le coup de Issa Tchiroma et de Hamadou Moustapha qui a depuis a quitté le navire pour créer son Alliance pour la démocratie et le progrès (Andp) de Paul Biya et de leurs intérêts respectifs.