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Le naufrage du Cameroun, C'est eux! - Le crépuscule des idoles, naufrageurs du Cameroun

Le naufrage du Cameroun, C'est eux! - Le crépuscule des idoles, naufrageurs du Cameroun

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Index de l'article
Le naufrage du Cameroun, C'est eux!
Le crépuscule des idoles, naufrageurs du Cameroun
Paul Biya, centre de l'inertie et responsable du naufrage du Cameroun
Fru Ndi, complice et allié objectif de Paul Biya
Les révélations d'Asonganyi
Bello Bouba Maïgari: Le grand retors de la Cène
L'Enam, l'Ecole ou le Moule des fossoyeurs
Toutes les pages

Le crépuscule des idoles, naufrageurs du Cameroun
Posez la question de savoir pour qui ils se battent à tous les politiciens, disons, pour être poli, à tous les hommes politiques qui peuplent le champ politique au Cameroun. Ils répondront presque en chœur qu’ils se battent pour l’intérêt du peuple. Jamais, ils n’affirmeront que ce peuple, dans leur tête, n’est en réalité qu’une sorte de cheval sur lequel ils veulent monter pour atteindre les cimes du pouvoir ou accéder à la mangeoire suprême.
Combien de Camerounais vivant, aujourd’hui, hommes de cultures, leaders politiques ou d’opinion, un jeune peut avoir envie, sinon de ressembler, du moins de s’inspirer pour son cheminement personnel ? Les exemplaires sont très rares et les modèles durables pratiquement inexistants. Il est évident que les Camerounais, les jeunes camerounais en particulier, sont en quête de repères. Ils sont à la recherche d’un leader capable d’inspirer les membres de la Communauté, de les pousser à se dépasser, et faire en sorte qu’ils prennent confiance en leur capacité de réussir et d’agir ensemble, d’être autonomes. Pour l’instant, ce chef n’émerge pas, du moins pas encore, et c’est une caractéristique de la période : nous sommes coincés. Les jeunes ne se voient très souvent offrir que des stars artificielles, des gloires acquises à bon marché par une élite prompte au reniement, à la compromission.
Et c’est presque toujours au moment où l’on attend d’eux des attitudes courageuses, qu’ils basculent dans la compromission. La politique à cet égard offre le plus de tentations. Pourtant, l’histoire nous enseigne que c’est dans la capacité à résister aux tentations que l’on détecte la fibre des leaders que recherche la société.
A peine tel intellectuel a-t-il émergé du lot qu’avant même d’avoir fait des disciples, il se laisse phagocyter par le pouvoir politique, détourneurs des talents et des valeurs. Et dans le système, il s’évertue à défendre l’indéfendable, mieux à affronter permanemment la raison.
Au début des années 90, ébloui par la lumière du jour au sortir de la caverne obscure du monolithisme, le peuple camerounais ne pouvait voir clair tout de suite. Il n’aura fallu que quelques années pour dessiller les yeux des rares optimistes qui restaient et qui croyaient encore au miracle et aux capacités de certains leaders à résister face aux tentations du pouvoir et de l’argent.
De nos jours, face aux multiples trahisons, grenouillages et erreurs stratégiques des leaders dits de l’opposition et au moment où les discours et les poings levés n’impressionnent plus, il est tout à fait logique que le peuple ne sache plus à quel saint se vouer. Beaucoup de leaders politiques qui se paraient de l’étiquette d’opposant ont soi quitté la scène, soit rejoint la mangeoire, leur activisme n’ayant été qu’une façon de « se faire voir par le pouvoir qui distribue les cartes d’invitation au grand festin où se partage le gâteau national. En ces temps de disette, le réalisme impose le devoir de négociation qui met fin à l’insécurité matérielle dans laquelle on ne peut tenir trop longtemps », fait remarquer le sociologue Jean-Marc Ela. D’autres se parent du statut d’opposant alors qu’ils sont nourris la nuit par le pouvoir et ses nombreux partisans et sympathisants qui refusent qu’on sache qu’ils ont la sympathie pour tel ou tel «leader » politique.
Au juste, qui sont ces hommes et femmes que l’on regroupe généralement dans la catégorie, presque unanimement admise de classe politique ? Quel est le cheminement de tous ces politiciens qui tiennent entre leurs mains, en jouant si souvent avec, le destin du peuple camerounais ? Que valent-ils ? Ces questions, on ne les pose pas très souvent, alors qu’elles sont essentielles pour savoir si l’on peut oui ou non faire confiance aux politiciens, pardon aux hommes et femmes politiques qui postulent à la charge de l’Etat. La classe politique camerounaise est un monde, une jungle où le pire côtoie le meilleur. Dans l’ensemble le peuple camerounais a affaire aux affamés, aux hommes et femmes sans conviction et sans principe, c’est-à-dire dont le principe est de n’avoir pas de principe et qui contribue au naufrage du Cameroun.
Ayant fait, pour la plupart, leurs classes dans les rangs du parti unique, ils ont été pour toujours marqués par une culture de l’unanimisme, donc de l’intolérance.
Ne faites surtout pas une remarque désobligeante à un certain John Fru Ndi qui prétend gouverner le Cameroun alors qu’il est incapable de faire plus d’un mois hors de son Bamenda natal. Ne lui dites surtout pas qu’il n’est pas normal qu’un leader de parti qui aspire gouverner le Cameroun patrimonialise sa formation politique en faisant de son domicile privé le lieu privilégié pour les réunions du National Executive Committee (NEC) et pour donner quelque fois des conférences de presse. Sa réaction sera immédiate et violente. Comme celle d’un adolescent.
N’interpelez pas Paul Biya sur la confusion qu’il entretien entre la fonction de chef de parti et celle chef de l’Etat et sur le fait qu’il tient les réunions du bureau politique de sa formation politique au Palais d’Etoudi. Ses partisans et sympathisants organiseront une contre-offensive sur les réseaux sociaux en vous inondant de messages, d’arguments spécieux et nauséeux. Ils vous diront qu’il ne viole pas la constitution, même si l’esprit de celle-ci fait de la fonction présidentielle, pendant la durée de son mandat, un sacerdoce exclusif de tout investissement dans l’espace public. Aussi, fondant leur argumentation uniquement sur le cadre juridique, Ils argueront que juridiquement il n’y pas d’incompatibilité entre la fonction de président de la République et celle de président de parti, la présidence d’un parti n’étant pas une fonction publique élective, quand bien même le fonctionnement du parti est suivi et financé par l’Etat, comme d’autres associations apolitiques. Faisant semblant d’ignorer, comme le souligne Alain Didier Olinga, que « l’enjeu de l’exercice serein, impartial et objectif et dans l’intérêt exclusif de la nation de la fonction présidentielle exige de dépasser le strict cadre juridique. Parce qu’il doit en tout temps incarner l’unité nationale, le président de la République ne peut continuer à s’afficher comme président d’une formation politique. Il en découle une incompatibilité politique nécessaire entre les fonctions de président de la République et président d’un parti politique ».
Une évidence s’impose : le Cameroun ne peut espérer construire une démocratie solide si les partis politiques font fi de la formation du personnel politique, des hommes et femmes d’envergure, capables d’assumer les responsabilités les plus importantes. De manière à faire en sorte que, comme dans les démocraties avancées, l’accession à des responsabilités politiques soit le couronnement d’un long parcours jonchés d’embûches et au cours duquel les convictions ont été éprouvées. En politique, comme dans plusieurs autres domaines de la vie, tout ce qui relève de la génération spontanée est observé avec circonspection.
Et tant que l’opposition ou ce qui en tient lieu sera incapable de relever le défi de la cohésion, c’est-à-dire de la création d’un cadre de concertation pouvant lui permettre de régler des questions stratégiques et d’intérêt commun, de concevoir et de promouvoir des projets alternatifs crédibles, des approches politiques novatrices et efficaces ;  autrement dit, tant qu’elle restera sourde aux messages en provenance du Gabon, du Burkina, du Sénégal, de la Tunisie, tant qu’elle n’aura pas créer un cadre pour une véritable synergie d’association et d’actions en vue de l’alternance politique pacifique au Cameroun dans les années à venir, elle passera son temps à faire du bruit comme un tonneau vide, à aboyer pour signaler le passage de la caravane du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais.  Le grand manitou d’Etoudi continuera de l’utiliser comme un faire-valoir démocratique. L’histoire retiendra qu’elle aura été complice du naufrage du Cameroun.
Jean-Bosco Talla