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Les Injustices de la justice - Page 7

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Index de l'article
Les Injustices de la justice
Page 2
Que nul ne saisit la justice s'il n'est riche...
Abus de justice: lenteurs judiciaires et procès expéditifs se côtoient
Une justice aux mille maux
L'ombre de la Chancellerie plane sur les prétoires
Au service de l'injustice
Dans l'univers mafieux des cabinets
Maitre Jean-Marie Nouga: La création du TCS a revélé les faiblesses de la justice
L'erreur judiciaire, par Daniel Mekobe Sone
Toutes les pages

Au service de l'injustice
La justice camerounaise sert souvent à régler des comptes politiques au détriment de l’équité
L’entrée en vigueur du Code de procédure pénale en janvier 2007 avait suscité un grand espoir au sein de l’opinion publique. Optimistes, d’aucuns avaient très tôt crié victoire. « La liberté, clamaient-ils alors, sera désormais la règle et la prison l’exception ». Plus de 8 ans après, il faut se rendre à l’évidence : très peu de choses ont évolué, hors mis la configuration physique des salles d’audience des cours et tribunaux, une maîtrise approximative et une application quelconque de certaines dispositions de la loi n° Loi n°2005-007 du 27 juillet 2007. Le procureur n’est plus au même niveau que le président pour ne s’en tenir qu’à cet exemple. Pour le reste, le statu quo ante est de rigueur.
Le Code de procédure pénale sensé accélérer les procédures, peine encore à délier tous les goulots d’étranglement que sont les lenteurs judiciaires.
Les statistiques sont têtues. Au 31 décembre 2014, la population carcérale au Cameroun était de 25 908 déténus, dont 15 853 prévenus pour 10 055 condamnés. En juillet 2008, selon les chiffres de la direction de l’administration pénitentiaire, le Cameroun comptait au total 24 414 prisonniers. Les prévenus étaient au nombre de 14 924 contre 9590 condamnés effectifs. Conclusion, en l’espace de 8 ans la population carcérale a plutôt augmenté.

Humiliation
Il n’y a pas longtemps des magistrats francophones, contrairement à leurs collègues d’expression anglaise, continuaient de s’illustrer par des condamnations « fantaisistes ».
Il s’agit d’une logique d’humiliation et de brimade systématiques héritées de la colonisation.
Le système judiciaire à l’orée de l’indépendance du Cameroun francophone était un instrument de poids au service de l’administration coloniale. Il fallait « casser les militants de l’Upc » qu’on diabolisait à outrance par l’appellation péjorative de maquisard.
Passée l’indépendance, le système a perduré et ce d’autant plus que ses architectes sont demeurés en place. De nos jours, la justice est intimement liée au politique. Elle a une tête chercheuse.
L’histoire nous dira un jour, quelle est la logique du rouleau compresseur qui s’est abattu sur un Pierre Désire Engo. Même si ce dernier n’est pas exempt de tout reproche, dans sa gestion de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps).
L’histoire nous dira un jour à quelles logiques obéissent les martyrs de Lapiro de Mbanga et de Paul Eric Kingue, l’ex-maire de Mbanga,  Etondé Ekotto, Lydienne Yen Eyoum,  entre autres. L’histoire nous dira la logique des condamnations de tous ces innocents qui croupissent dans nos goulags appelés prisons. L’histoire nous dira pourquoi les autorités publiques et les médias publics avaient humilié Urbain Olanguena Awono et Polycarpe Abah Abah en présentant couchés à même le sol, à la PJ.
Au lieu de chercher « à casser de l’opposant » ou de continuer à être le bras séculier d’un système politique, la justice devrait jouer son véritable rôle de régulateur social.
Pour que le rêve de tout détenu ne soit pas de s’évader à tout prix, pour échapper à cet « l’enfer» de nos camps de concentration, abusivement appelés prisons.
Serge Alain Ka’abessine