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RDPC: Vers un bain de sang

RDPC: Vers un bain de sang

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Index de l'article
RDPC: Vers un bain de sang
S'achmine-t-on vers un bain de sang?
Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC
RDPC: un parti d'état-major
Les Progressistes
Les Conservateurs
Les non-alignés
La permanence du conflit de génération
Marasme et paupérisation: sources des conflits
Mathias Eric Owona Nguini: « Le RDPC est à la croisée des chemins parce que les forces sont préoccupées par la succession présidentielle »
Toutes les pages

Pour qui sonne le glas?
Contrairement aux apparences, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais de Paul Biya n’est pas rassemblé. La volonté de Jean Nkuete d’en faire le directeur de conscience de tous les militants qui leur impose une vision conforme à celle des caciques est manifeste. Tentant ainsi vainement d’inhiber toutes les tentatives de discussions ou de contestations internes. Des voix s’élèvent au sein du RDPC pour dénoncer cette pratique qui rappelle le parti communisme chinois du temps de Mao Tse Toung, ou celui de l’ex-URSS qui avait ceci de particulier que les choses étaient claires entre le parti et l’État, entre les militants de base et le sommet. Dans ces contrées éloignées, on parlait de centralisme démocratique. Les dissidents avaient réussi à démontrer qu’il s’agît en réalité de régimes totalitaires.
Si nous revenons dans le contexte camerounais, tout observateur constate l’existence d’une contradiction flagrante entre les proclamations prétendument démocratiques du RDPC et ses pratiques qui rappellent le totalitarisme. De sorte que les Camerounais qui veulent

de profonds changements ne doutent plus de l’incapacité de ce parti à incarner leurs aspirations.

Ils sont prêts à rejeter ceux qui depuis plus de 30 ans ont immergé le Cameroun et qui subitement leur promettent une émergence du Cameroun en 2035, sans leur rendre compte de la gestion du patrimoine commun depuis que Ahmadou Ahidjo leur a gracieusement cédé le pouvoir.
Les responsables du RDPC ne prennent pas conscience de cette exigence du peuple camerounais. Ils croient toujours que la référence à certains slogans suffit pour avoir un ancrage dans le quotidien des citoyens lassés de cette duperie innommable et inqualifiable. Pour eux, l’essentiel est le maintien au pouvoir vaille que vaille, et par tous les moyens.
Pour préserver leurs privilèges des caciques du RDPC ont manipulé les militants du RDPC afin qu’ils adressent des motions de soutien demandant à leur président national de modifier la constitution et d’anticiper la présidentielle qui normalement doit se tenir en octobre 2018. Conscient du fait que le glas peut sonner à tout moment, d’autres s’y sont opposés. Aujourd’hui, pendant que le RDPC se trouve dans une zone de fortes turbulences, des clans se forment, des réseaux se concertent pour préparer la mère des batailles qui risque de faire couler beaucoup de sang. A moins que…

Source: Dossier déjà publié dans Germinal n°090.


S'achmine-t-on vers un bain de sang?

Le parti au pouvoir vit des moments difficiles. L’horizon de 2018 reste brumeux. Les protagonistes affutent leurs armes en attendant la mère des batailles.
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais est sous les feux de la rampe depuis que le secrétaire général du comité central a fini avec sa tournée d’installation des responsables départementaux et régionaux nommés par son président national, par ailleurs chef de l’État. Il flotte dans l’air comme un parfum de la préparation d’une grand-messe.
Sur le terrain où l’image des pontes du régime a été bariolée d’une encre noire, avec les arrestations de certains militants les plus en vue dans le cadre de la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics, le parti au pouvoir s’est livré à une bataille communicationnelle féroce pour démentir des ‘’informations malveillantes et dénuées de tout fondement’’, propagées par des ‘’ennemis de la paix et de la stabilité politique’’ du Cameroun.
Mais force est de reconnaître qu’à chaque fois, ce forcing médiatique des exégètes du parti et autres thuriféraires du régime, n’ont contribué qu’à casser le thermomètre sans toutefois baisser la température du malade Rdpc. Et le parti va toujours mal. Passe encore que ces affaires révélées pour la plupart par des médias et organismes internationaux, soient des ‘’complots extérieurs visant à déstabiliser le Président Biya’’. Que dire alors de ces autres affaires purement internes qui mettent à nu la roublardise prédatrice d’une bande de délinquants à col blanc de la nomenklatura Rdpciste ?
Aux preuves réclamées hier aux médias nationaux avec beaucoup d’arrogance par le chef du parti, s’est substitué un discours lénifiant, moins assuré sur les dérives comportementales de ces ‘’camarades qui ont trahi les idéaux du parti’’ en détournant des centaines de milliards de francs CFA au préjudice du Trésor public. Ici encore, le parti des flammes sort laminé de ce nouveau vernissage de propreté que veut se donner le régime vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux. Il reste admis que l’élagage de quelques branches mortes et encombrantes de l’arbre Rdpc, ne peut aller sans des fissurations plus ou moins ouvertes dans l’armature.de fait, les pestiférés d’aujourd’hui, hier banquiers occultes du parti et agitateurs populistes, ont quelque raison de se sentir abandonnés par un parti d’État à qui ils ont tout donné (et tout repris aussi ?).

Un militantisme alimentaire et administratif
A ces brèches ouvertes dans la coque du Rdpc par l’opération épervier’’, sont venues se greffées des luttes âpres pour le positionnement au sein de l’appareil du parti et de l’État en prévision de l’échéance de 2018 avec toutes ses incertitudes. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’il soit signalé dans quelque structure locale du Rdpc des déchirements entre ses membres. Ces dissensions récurrentes qui fragilisent une formation politique où le militantisme alimentaire s’est depuis longtemps substitué aux convictions idéologiques affirmées, donnent du parti des flammes l’allure d’un pantin désarticulé, que des motions de soutien hypocrites et des séminaires de relance n’arrivent plus à masquer la triste réalité.
Adossé à l’administration publique pour survivre politiquement en tant formation majoritaire, le Rdpc, de plus en plus traversé de courants antagonistes, affaibli par des scandales financiers gargantuesques et sclérosé par un immobilisme démocratique en amont, est aujourd’hui une formation politique d’obédience alimentaire et administrative.
Que serait d’ailleurs le parti du président Biya sans l’Administration ? De quel poids pèserait cette formation politique sur l’échiquier national sans les préfets, les sous-préfets et autres hauts fonctionnaires carriéristes dont le rôle de proconsuls du parti lui assure sur le terrain une majorité nominale de façade ? Contrairement aux autres formations politiques –SDF et UPC par exemple- où hier les voix contestataires étaient systématiquement brisées par l’exclusion des rangs, le Rdpc fait dans un registre plus cool en maniant aussi bien la dissuasion (pertes d’avantages matériels et financiers) que la persuasion (promesses de nomination à des postes importants) pour faire rentrer les têtes de turcs dans les rangs, même si ces derniers temps les apparatchiks et autres faucons veulent durcir le ton. Étant un parti à dominante administrative, le procédé donne des résultats admiratifs. Il est d’ailleurs employé avec succès pour débaucher quelques cadres ambitieux dans les partis dits de l’opposition. Albert Nzongang a failli revenir à la maison, si on en croit les révélations faites par les médias au sujet de ses tractations nocturnes avec le secrétaire général du comité central Jean nKuete.
Nous l’avons relevé plus haut, l’Administration est le vivier militant du parti au pouvoir, pour des raisons évidentes de carrière et de positionnement alimentaire. Imaginez un jeune fonctionnaire sans aucune étiquette politique affichée, qui par la magie du décret est nommé Proviseur du lycée d’une localité perdue dans la forêt équatoriale. Ipso facto, il devient dans cette petite bourgade villageoise une ‘’personnalité ressource’’ du Rdpc, et en tant que telle devra assister à tous les meetings et conférences du parti. Par la même occasion, notre nouveau cadre du parti doit répondre aux convocations des élites extérieures du Rdpc dans son terroir natal afin d’apporter sa contribution multiforme au rayonnement de sa formation politique. Voilà comment on devient militant du ‘’grand parti national’’. Plus on occupe un poste quelque peu d’importance, plus on affiche ostensiblement son zèle militant. A contrario lorsque la position sociale ou politique est perdue, la foi aux idéaux du parti s’émousse inexorablement.
Comment appelle-t-on ce genre de formation politique ? Un parti d’État-major, avait fustigé une voix autorisée. C’est dans ce contexte brûlant que son prochain congrès est attendu impatiemment par les militants, même si chacun ne croit guère à une quelque révolution au sein de cette formation qui souffre d’un déficit certain de démocratie.
Reste à craindre que le choc des ambitions ne débouche sur un bain de sang comme cela avait failli être le cas en 2004 quand la rumeur du décès de Paul Biya s’était propagée comme une trainée de poudre. En effet, après la rumeur annonçant le décès de Paul Biya, heureusement démentie par  son retour triomphal en terre camerounaise le 09 juin 2004, certaines élites du Centre, du Sud et officiers généraux de l’armée, soutenus par des membres influents et véritables théoriciens du G11 dont un ministre encore en poste et compagnie, qui estiment que le pouvoir leur appartient et qu’il ne pourra plus jamais leur échapper,  avaient - selon des informations parvenues aux oreilles des journalistes de l’Association des journalistes économiques du Cameroun (Ajec) réunis, le 5 juin 2004, en session ordinaire pendant cette période à la Friedrich Ebert Stiftung à Yaoundé -  projeté de s’accaparer du pouvoir politique en procédant à l’élimination physique du président de l’Assemblée nationale, M. Cavaye Yéguié Djibril, de certains compatriotes, de certains journalistes impertinents et à l’embastillement  de beaucoup d’autres. Aussi, en ce temps-là, des rumeurs avaient-elles fait état de l’utilisation de l’armée pour mettre le pays à feu et à sang au cas où le pouvoir échappait à certains groupes biens organisés qui contrôlent certaines sociétés de gardiennage, véritables milices privées dont la constitution et la prolifération avait été favorisées à dessein. Que Dieu nous préserve. A bon entendeur !!!!
Serge Alain Ka’abessine


Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC

Les militants du RDPC ne s’entendent sur la manière avec laquelle la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics est menée. Cette mésentente peut déboucher sur une crise majeure.
D’un point de vue nominaliste, la lutte contre la corruption s’entend au sens d’opération d’assainissement des mœurs publiques relativement à la gestion de la res publica. Fondée sur le sacro-saint principe de l’égalité de tous devant la loi, elle projette l’institutionnalisation d’une culture de la reddition des comptes dans la gestion de la fortune publique. Il faut dire que cette représentation sert de support aux motions de soutien de quelques zélateurs du parti dominant et même de rhétorique moralisante du Renouveau contre toute vérité historique. Pourtant autant, la chronique journalistique qui circule après certaines arrestations à fort retentissement médiatique, laisse croire que les différentes opérations de répression des atteintes à la fortune publique initiées, de l’origine du Renouveau jusqu’à nos jours, ne sont en réalité que des actions de légitimation d’un pouvoir chancelant qui manquent de soutien en dépit de l’hypocrisie des initiateurs des motions de soutien par quelques miraculés gouvernants corrompus restés encore en liberté. Avec le recul nécessaire, ce constat n’est pas sans raison. Du moins, il puise à la source des incohérences notées dans la conduite des politiques gouvernantes d’assainissement.
La première vague des arrestations, dont celle de Nkolo Fanga, a suscité beaucoup d’émoi en son temps du fait de la considération que jouissait l’infortuné dans la communauté beti, famille ethnique du nouveau président, mais, portait déjà les germes de la discorde, voire de la dissidence.
En effet, la question qui se posait alors à l’époque était celle de savoir si ce beti avait plus volé que les nordistes putschistes, par ailleurs putschistes aux affaires ayant érigé la corruption en système de gouvernance durant le magistère d’Ahmadou Ahidjo.
Faut-il le rappeler, les études sur l’itinéraire d’accumulation au Cameroun montrent que la communauté nordiste qui compte aujourd’hui parmi les plus riches du Cameroun, a à travers des emprunts bancaires sans remboursement, construit sa puissance économique qui alimente l’économie de la contrebande et de la contrefaçon de cette zone sur ces pratiques peu orthodoxes par rapport à la République.
On note également une levée de boucliers dans les rangs du RDPC avec des arrestations sacrificielles de la deuxième vague (Engo Pierre Désiré, Mounchipou Seidou, Engoula, etc), programme d’ajustement structurel (PAS) oblige.
En fait, la campagne d’explication ordonnée par le leader du RDPC pour légitimer ces actes a laissé apparaître la dissidence. Grégoire Owona, en sa qualité de secrétaire général adjoint du RDPC, avait demandé en 1997 purement et simplement l’arrêt de cette opération, car demandait-il, « qui n’a jamais volé ?» Il n’est pas surprenant aujourd’hui, conformément à sa logique, qu’il demande le remboursement de l’argent détourné plutôt que des poursuites judiciaires contre les gestionnaires indélicats de la fortune publique de son parti. En réalité, cette réticente de Grégoire Owona en son temps était un acte de solidarité avec ses camarades qu’une stratégie de défense personnelle, puisqu’on prétendait, à tort ou à raison, que toutes les structures du RDPC ainsi que les activités et même certains pans de la vie quotidienne des dirigeants du Comité central étaient financés par des gestionnaires de la fortune publique qui ont été élevées au rang de personnalités ressources d’accompagnement.
Bien plus, d’autres ministres ont emboité son pas à l’époque. En guise de réponse le président du Renouveau s’est rebiffé.
Même l’ «Opération Epervier » actuellement menée à un moment où l’ordre gouvernant sans bilan tente d’instrumentaliser la lutte contre les détournements des deniers publics pour se donner une légitimité, exorciser et masquer le débat sur sa longévité au pouvoir, n’échappe pas à ces résistances sur fond de dissidence.
Le point de convergence de cette discorde entretenue autour d’une opération qui se veut républicaine est l’incohérence relevée. La lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics connus sous le nom d’« Opération Épervier » contribue à renforcer cette conviction. Puisque sans être sémiologue, l’Épervier comme rapace ne ramasse que des petits poussins. C’est ce qui a fait dire, semble-t-il, que cet animal vole trop bas, suggérant alors qu’elle soit rebaptisée pour qu’elle devienne une opération républicaine.
En réalité, rien ne peut justifier qu’une opération systématique de lutte contre la corruption sélectionne certains dossiers et met les autres aux oubliettes bien que les instructions y afférents soient bouclées (dossier Amadou Ali et un certain Dooh Collins relatif à une mission à l’étranger jamais réalisée dans l’optique de pister les comptes des éventuelles personnalités soupçonnées de détournement de deniers publics et de détention de comptes dans les banques étrangères, Dossier Remy Ze Meka s’agissant des achats des hélicoptères de combat et bien d’autres scandales à lui imputés, Dossier Tchiroma dans l’affaire des dédommagements des victimes de la Kenyan Airways, dossier des locations des avions présidentielles dans lequel de hautes personnalités sont fortement impliquées, l’affaire du Rio Del Rey dans laquelle le nom de Laurent Esso était cité, les dossiers Camtel et Art, dossier SNI, dossier ARMP, dossier de la gestion du compte d’affection spéciale au ministère de la Culture et même celui de la construction des palais de la culture du temps de l’ami personnel du chef de l’État, Ferdinand Oyono, d’un montant qui s’élève à 1,200 milliard de FCFA, estimation faite par certains parmi les collaborateurs de l’ex-Minac et bien d’autres).
D’où vient-il donc que dans des dossiers ayant fait l’objet de jugement, que les juges soustraient délibérément certaines hautes personnalités impliquées des mailles de la justice. On peut dire tout ce qu’on veut sur l’avis du groupe de travail de l’ONU qui exige la libération de Marafa Hamidou Yaya, il est difficile de penser que l’arrêt de la Cour suprême condamnant l’ex Minadt soit qualifié d’impartial. Alors même que dans cette affaire, on n’a pas pris en compte un aspect important de l’ordonnance de clôture d’instruction du juge Magnaguemabe, notamment le compte Beth qui serait le nœud de l’affaire clouant en prison l’ex-Sgpr. Pourquoi les personnalités se cachant derrière ce compte-écran nommément citées dans le rapport de ce juge qui a d’ailleurs eu maille à partir avec son ministre actuel, Laurent Esso, ne sont-elles pas intégrées dans la procédure ? D’autant plus que la Cour suprême a un pouvoir de révision des décisions à problème face à un élément nouveau comme le compte Beth.
Toutes ces incohérences font qu’aujourd’hui le RDPC apparaisse comme un bateau dans un océan très agité dont l’issue pourrait être des guerres fratricides.
Ikemfuna Oliseh


RDPC: un parti d'état-major

Chassez le naturel, il revient au galop.
On croyait que le RDPC était un parti démocratique au sein duquel les avis pouvaient diverger sur des questions précises sans que cela ne puise porte à conséquence. Erreur, les déboires annoncés de Saint eloi Bidoung, 3e adjoint au maire de Yaoundé VI et les directives du secrétaire général du Comité central, Jean Nkuété, qui visent à encadrer l’expression publique des militants, notamment des élus, en menaçant d’exclusion ou en suspendant une épée de Damoclès sur la tête de tout contrevenant, rappellent que cette formation politique demeure un parti d’état-major. Chassez le naturel, il revient au galop. On croyait pourtant que l’invitation à la redynamisation des structures du RDPC et la mise en garde du président national de ce parti contenue dans son discours de politique générale prononcé le 21 juillet 2006 au Palais des Congrès à l’ouverture du 3e congrès ordinaire n’étaient pas tombées dans les oreilles de sourds. Paul Biya déclarait devant ses camarades : « Cette redynamisation nécessaire devrait s’accompagner de campagnes d’adhésion qui seront d’autant plus prometteuses que le RDPC donnera l’impression d’être un parti où le dialogue et la tolérance l’emportent sur l’arbitraire et les réflexes d’autorité.
Je le dis et je le répète, le RDPC doit être un parti de militants et non un parti d’état-major.
Bien sûr, la libre discussion ne doit pas conduire à l’anarchie ni aux luttes de factions. Une fois les décisions prises, démocratiquement et selon les statuts, elles doivent être appliquées avec discipline et intelligence.
Pour être en mesure de jouer pleinement son rôle, notre parti devra s’appliquer à régler le problème de ses finances qui reposent seulement pour le moment sur les contributions des députés retenues à la source. Il devra être rappelé aux élites quels sont leurs devoirs en la matière. Le reversement des cotisations aux organes de base devra aussi être mieux assuré. »

À la lecture de cet extrait, il devient évident que le président national du RDPC est mieux placé pour décrire l’état et les problèmes qui minent le RDPC aux destinées duquel il préside depuis sa mue en 1985.
Dans ce discours, il attirait déjà l’attention sur les conflits pouvant surgir entre les responsables nommés et les élus en ces termes : « Au niveau des sections, il peut arriver que les ‘’personnes dites ressources’’, soit en raison de leur situation matérielle, éclipsent les présidents de section issus des rangs des militants. Cela n’est pas normal. S’il est souhaitable que les élites viennent appuyer la base de leurs conseils ou de leurs contributions, cela ne doit pas les conduire à se substituer aux responsables de section. […] La rigueur et la moralisation demeurent les mots d’ordre du renouveau. Le RDPC doit en donner l’exemple. C’est le mérite et le militantisme vrai qui doivent présider au choix des responsables et des investitures. Ce n’est ni l’argent ni la capacité d’organiser des fêtes où l’on danse plus qu’on ne pense. En effet, le folklore n’a pas grand-chose à voir avec l’engagement politique. »
Une situation que décrie aujourd’hui Saint Eloi Bidoung dans sa tribune libre qui a fait les choux gras des médias nationaux et des réseaux sociaux et qui est révélatrice de l’atmosphère délétère qui règne au sein du RDPC. Le lecteur savoure avec délice cette charge au Le BGM-109 Tomahawk lâchée par le 3e adjoint au maire de Yaoundé VI. Saint Eloi Bidoung raconte :  « C’est une séance de vaudou dirigée par le grand prêtre Jean Nkuete, grand initié dans le mystique et le paranormal démocratique. Il est assisté du grand mystique René Emmanuel Sadi, un autre prêtre vaudou dans le « parti des flammes » en présence du curé de campagne du Rdpc, Gilbert Tsimi Evouna. Le feu fut effectivement allumé sur l’esplanade de l’Hôtel de Ville. De mémoire de métaphysicien présent sur les lieux, jamais dans le vaudou on n’aura vu une cérémonie d’exorcisme et une séance d’envoûtement se dérouler en même temps, dirigées par le même gourou. Flagrant délit de violation des textes de base du parti, intronisation de douteux « militants » dont l’insolvabilité politique constitue un véritable danger, autant pour la démocratie que la sécurité des biens, des personnes et de la fortune publique au Cameroun. Pauvre Paul Biya, qui clamait haut et fort il y a quelques mois, du haut de la tribune du Palais des congrès que le Rdpc ne saurait devenir « un parti d’état-major ». Il parlait de ces « délégués permanents » de Jean Nkuete qui, selon lui, « dansent plus qu’ils ne pensent ».
Au cours de cette séance de sorcellerie, tout ce qui est diabolique était de sortie. Comme cette décision du secrétaire général du parti : les « délégués permanents » du comité central du Rdpc, récemment nommés et bien installés sur toute l’étendue de la République, sont… au-dessus des sections. Ces sections que vient d’élire la base militante au prix de tant de plaies et de bosses. Pire encore : les « délégués permanents » contrôleront leur action et veilleront à leur bon fonctionnement. Les mots honte, forfaiture, sabotage et dictature sont définitivement entrés dans les textes du parti proche du pouvoir – proche du mouroir. Le déni de démocratie est consommé, avec pour complément l’imposture et de la forfaiture au dessert. Une mixture peu digeste, telle qu’on en consomme dans les cabanes sombres des marabouts. »
Maheu


Les Progressistes

Grégoire Owona: le progressiste champion de la duplicité
Ses récentes prises de position contre l’anticipation de la présidentielle de 2018 l’a positionné comme un progressiste du Rdpc qui respecte la légalité républicaine. Cependant, ses contempteurs ne lui reconnaissent aucune compétence managériale. A preuve, son action manque de lisibilité au ministère du Travail. Pour autant, il doit sa longévité dans les milieux politiques du RDPC à sa capacité manœuvrière à l’intérieur des différents réseaux pouvoiristes de ce parti. C’est un homme, dit-on, qui peut être la nuit avec les conservateurs pour dénoncer les frondeurs et le jour, le lendemain, il dine avec les frondeurs tout en tirant à boulets rouges sur ce pouvoir qui dure. Certaines mauvaises langues disent que cet acteur majeur du RDPC s’est souvent positionné comme une solution à l’alternance ou à la succession de Paul Biya dans certaines chancelleries occidentales en brandissant sa proximité avec Jesse Jackson et son rapprochement avec la droite sarkozyste.

Saint Eloi Bidoung: La tête brûlée
Il fallait avoir du cran pour publier une tribune au vitriol qui met à nu les tares congénitales du RDPC. Il fait désormais partie de cette race de personnage qui défend bec et ongle la démocratie au sein de cette formation politique, sans se soucier du sort qui lui sera réservé. Il continue de prendre tous les risques nonobstant les mises en garde et les flèches empoisonnées que ces camarades ne cessent décrocher contre lui. Comme certains de ses semblables dont Ateba Eyené, il n’a pas peur de mettre les pieds dans le plat, de briser tous les tabous et même d’être mis en quarantaine aussi bien la mairie de Yaoundé VI où il officie comme 3e adjoint du maire que qu’au sein de leur parti. Pour lui, il est paradoxal que le RDPC se présente comme un parti démocratique et que l’on l’empêche d’exprimer ses opinions.

Martin Oyono: Droit dans ses bottes
Les sorties médiatiques de ce député RDPC ne laissent personne indifférent. On l’a vu batailler fort pour l’amélioration de certains articles du Nouveau Code pénal. Il a été suivi par le président national de son parti qui avait demandé la retouche de l’article 127 sur l’immunité des membres du membres du gouvernement. Aujourd’hui, il se bat pour l’application de l’article 66 de la constitution.

Les progressistes opportunistes
Ce sont Mbombo Njoya, Laurent Esso, René Emmanuel Sadi. Ce sont des conservateurs qui pour des raisons liées au contexte, s’approprient les idées progressistes pour mettre en difficulté la candidature probable de leur champion et se positionner comme solutions, le moment venu.


Les Conservateurs

Jacques Fame Ndongo: le troubadour-griot attitré
Griot attitré du régime de Paul Biya, c’est un homme sans prestance ni personnalité. Il est toujours prêt à chanter les louanges de Paul Biya et de se considérer comme sa créature et son esclave. Pour lui, Paul Biya est le plus beau, le plus jeune. Il est toujours prêt à organiser les marches et à susciter les motions de soutien, de déférence à la gloire de son champion. Partisan d’une anticipation de la présidentielle de 2018, il est le prototype de militant du RDPC qui chante, danse, mange, flatte plus qu’il ne pense ni n’agisse sur les réalités quotidiennes des Camerounais, surtout des étudiants. Pris dans les rets d’une amitié sordide avec Maurice Aurélien Sosso, recteur de l’université de Yaoundé I, il avalise toutes ses bêtises, faisant abstraction de son pouvoir de contrôle hiérarchique par rapport aux actes académiques pris par un « responsable » dont l’institution est sous sa tutelle et dont l’action s’inscrit dans la logique de la boulimie financière. Certains étudiants de l’Addec auxquels ont été collées les étiquettes d’activistes révolutionnaires et le Pr Jean Bahebeck ont fait les frais de cette soumission équivoque du Minesup à son recteur. Pour les habitués du milieu, Fame Ndongo a peur des représailles de Vincent Bolloré protecteur de Sosso qui a promis d’élever son poulain au rang de Minesup.

Atanga Nji: Le Voyou
Il ne sort de nulle part. Les Camerounais avaient été sursis quand il avait été nommé secrétaire du Conseil national de sécurité. Son apparence laisse vraiment penser à un voyou. Il s’est toujours illustré comme un fervent défenseur du Régime. Ses contempteurs disent de lui qu’il peut vendre père et mère pour sauver Paul Biya. On comprend pourquoi, malgré les casseroles qu’il traine dans le dossier Campost, Paul Biya ne le livre pas à la Justice. Partisan d’une présidentielle anticipée, certains camarades du parti disent que pour diner avec lui, il faut se munir de très longues cuillères.

Les Gardiens du temple
Trois figures emblématiques font partie de cette catégorie. Ce sont: Joseph Owona, Edouard Akame Mfoumou, Augustin Kountchou Kouomegni. Ce sont des conservateurs d’un genre particulier. Ceux-ci se considèrent comme des défenseurs du renouveau qui s’incarne dans l’action. Ils sont, comme le disait Akame Mfoumou, la tête de file de ce courant qui, se reférant à la Bible, fait remarquer que « ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur qui sont les vrais disciples de Dieu, mais ceux qui font la volonté du maître.» Voilà ce qui les oppose à beaucoup de leurs camarades qui se retrouvent dans les autres courants.


Les non-alignés
Ce sont ces jeunes loups ambitieux qui observent, tissent patiemment leurs toiles sans laisser déviner leurs intentions et ambitions. Même certains de leurs actes les trahissent. Parmi cette catégorie, on retrouve Louis Paul Motaze, Edgard Alain Mebe Ngo’o, Séraphin Fouda,  Ousmane Mey, etc.

 


La permanence du conflit de génération

Les tensions entre vieux et jeunes au sein du RDPC peuvent déboucher sur une crise ingérable. L’avenir de ce parti passe pourtant par la juvenisation de ses cadres.
Traiter de la juvénisation du R.D.P.C. nécessite préalablement que l’on interroge sur la signification de la notion de jeune. Dans l’environnement sociopolitique camerounais, la notion de jeune se prête à tous les usages où la polémique le dispute à l’instrumentalisation et où à la manipulation d’une parole, hier encore bâillonnée, aujourd’hui jouissant de l’illusion de la liberté. Dans un tel champ, il importe de circonscrire le sens de la notion de jeune.
Trois niveaux d’approches peuvent être distingués : l’approche du sens commun, l’approche biologique et l’approche sociologique. Pour la première, la jeunesse est une classe d’âge faite de qualités physiques : beauté et force, et de qualités psychologiques : naïveté et inexpérience. Pour la seconde, la jeunesse est une phase intermédiaire du cycle de vie d’un individu, située entre l’enfance et l’âge adulte et physiologiquement marquée par la maturité sexuelle. Pour l’approche sociologique, bien qu’il existe des critères objectifs de caractérisation, biologique et socioculturel, il demeure que la jeunesse est une construction sociologique et historique. Le sociologue français Olivier Galland, dans Les jeunes, écrivait : la jeunesse n’est pas de tous les temps, elle est une invention sociale, historiquement située dont les conditions de définition évoluent avec la société elle-même. Cela se vérifie dans les différentes déterminations que l’on a ici et là, de l’âge de la jeunesse. L’ONU situe cet âge entre 15 et 24 ans tandis que l’OIT le place dans l’intervalle 7-39 ans. Le document de politique de la jeunesse du Cameroun fixe cet âge entre 15 et 35 ans. Au sein du RDPC, avant le congrès de 1996, la limite d’âge dans l’OJRDPC était de 35 ans. Après le congrès, elle est ramenée à 30 ans, tel que l’on peut le voir à l’article 75 des statuts de ce parti. En 2007, lors des opérations de renouvellement des organes de bases, Charles Etoundi déclarait : «  L’âge limite à l’OJRDPC devrait être ramené à 25 ans». Le 20 février dernier 2016, reconnaissant la gérontrocraticité des membres du RDPC, le Sultan Mbombo Njoya, en appelait à la juvénisation du parti : « ce congrès ordinaire devrait permettre à  notre grand parti […] de faire son toilettage de jouvence. » Cette sortie d’un éminent membre du comité central du RDPC est révélatrice d’un malaise profond et une crise générationnelle en son sein. à ce sujet, il nous vient à l’esprit la parenthèse moderniste avec Mila Assouté, l’image d’un Ateba Eyene vociférant, ou plus près de nous, celle d’un Messanga Nyamding piaffant d’impatience sur les plateaux de télévision et de radio, de ce que les jeunes sont marginalisés par leur parti.
Cette crise ne date pas d’aujourd’hui. Elle prend ses racines avant la naissance du RDPC. François Senga-Kuo rappelait en 1984 lors d’une tournée de relance de l’UNC que « les hommes du Renouveau ne sont pas nécessairement des hommes nouveaux, mais des hommes porteurs de mentalités et de comportements nouveaux et déterminés à mettre en pratique les principes du Renouveau ». Peu de temps après Georges Ngango déclarait qu’ «on ne peut pas mettre du vin nouveau dans de vieilles outres sans le risque de le perdre ». Jean-Marcel Mengueme n’ira pas quatre chemins pour affirmer que les que « la jeunesse n’est pas un critère de compétence ».

Sénescence
Une évidence s’impose de nos jours : le RDPC souffre de sénescence. En théorie, il argue assurer la juvénisation par l’aménagement de passerelles permettant la transition des membres de l’OJRDPC, forclos, vers le RDPC. En pratique cela ne se voit pas. D’où le malaise et la crise. Les jeunes qui occupaient des postes de responsabilité à l’OJRDPC se voient mal en train de recommencer comme simples militants à la base. Ils s’arc-boutent et n’entendent pas faire de la place aux cadets. Conséquence, à plus de 40 ans, on les retrouve encore à l’OJRDPC. En fait ils savent qu’ils n’auront pas de place au sein du RDPC du côté duquel les apparatchiks les jugent impatients, inexpérimentés sinon dangereux et n’entendent pas partager avec eux leur pouvoir et privilèges. Le sociologue français Pierre Bourdieu voit dans ce conflit des âges une lutte où les uns cherchent à conquérir pouvoir et privilèges quand les autres entendent préserver et assurer leur prééminence. Sauf que cela se passe au détriment de la relève sociale. Le jeu tant au plan de ses règles que de son opérationnalisation a été confisqué par la caste de séniles et grabataires. Le RDPC, malgré les dénégations, est un parti d’état-major, et ce que l’on observe au niveau des différents corps de l’administration s’observe également en son sein. Depuis sa mue en 1985, le RDPC tant au niveau du comité central que du bureau politique, est contrôlé par les mêmes, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont jeunes.
Faut-il le souligner, l’âge en soi n’est pas un critère de compétence et d’efficacité même s’il peut, selon le cas, se révéler un facteur handicapant ou avantageant. Ce qui est donc problématique ce n’est moins l’âge que la longévité aux affaires. Les fonctions de leader parti cumulée avec celle de chef de l’Etat, de par la responsabilité et les charges qu’elles induisent, use l’homme. Que l’on compare Barack Obama d’il y a 8 ans à l’homme aux cheveux grisonnants d’aujourd’hui. Ce n’est donc pas seulement pour le principe démocratique de l’alternance que s’explique la limitation de mandat à la tête de l’Etat, mais c’est aussi au regard des limitations physiques et intellectuelles d’un individu. Jean Fochivé dans ses entretiens avec Frédéric Fenkam publiés sous le titre Les révélations de Jean Fochivé confiait : « je réalise enfin les conséquences de la trop grande longévité d’un régime […] En dix années, tout homme dans l’exercice d’aussi lourdes fonctions, et d’une manière aussi absolue, doit avoir épuisé tout son génie et tout son sens de discernement. Et s’il s’accroche, il finira par perdre toute notion de sa véritable personnalité et aura tendance à rejeter tous ses manquements sur ses collaborateurs qu’il désarçonnera au gré de ses humeurs. Après une décennie, tout homme aux pouvoirs aussi immenses est prédisposé à ne devenir qu’un pion entre les mains des flagorneurs dont il est obligé de s’entourer […] ». Saisissant. Ce qui vaut pour Paul Biya, vaut pour ses inamovibles collaborateurs.

Fer de lance
Le mal c’est la longévité au pouvoir. L’antidote c’est la juvénisation comme injection du sang neuf. Il ne suffit pas de réciter incantatoirement que la jeunesse est le fer de lance de la nation. Encore faut-il la promouvoir en la faisant accéder de sitôt aux affaires sur le fondement de la compétence et du mérite mais non pas de la cooptation. Cependant, la juvénisation ne signifie pas qu’il faut balayer tous les cadres d’âge mur bourrés de connaissances et d’expériences. Elle signifie la régulation du conflit générationnel par une idoine définition des règles du jeu et leur saine opérationnalisation. Mais pourquoi Paul Biya qui a accédé aux affaires comme chargé de mission à 29 ans tout comme l’essentiel de ses collaborateurs, ne veut-il pas des jeunes ? Lui font- ils si peur ?
Ce qui vaut pour le RDPC et pour la bureaucratie administrative compradore sur laquelle il s’adosse vaut également pour l’essentiel des partis politiques dits de l’opposition dont  la longévité des leaders  quand  ce n’est  leur posture patrimonialiste,  constitue une preuve pour qui en douterait. Le mal est plus profond qu’on ne l’imagine tant il paraît systémique. Si la gouvernance n’était pas une donnée conjoncturelle on n’hésiterait pas à dire que la longévité est fatalement consubstantielle au mode de gouvernance qui prévaut au Cameroun.  Quoi qu’il en soit c’est par sa jeunesse que toute société conjure la sénilité et s’assure une reproduction et une relève démocratiquement fondées à moins que Paul Biya n’ait fait sien cette formule prêtée au Roi Soleil : après moi le déluge !
Tissibe Djomond


Marasme et paupérisation: sources des conflits

En promettant aux Camerounais l’émergence en 2035, le RDPC et Paul Biya avouent implicitement qu’ils ont maintenu le Cameroun immergé dans la gadoue et le marasme politique et économique depuis plus de trois décennies.
Dans son ouvrage Pour le libéralisme communautaire, Paul Biya énonce les principes directeurs pour l’action économique que le Rdpc se propose de promouvoir. Il s’agit d’une planification démocratique, d’une priorité à l’agriculture, d’un soutien aux petites et moyennes entreprises et le développement de l’industrie lourde ; la maitrise de la science et de la technologie ; une plus grande efficacité des services et l’indépendance de l’économie nationale.
Trois décennies après cette énonciation, il est loisible d’établir un bilan qui globalement apparaît négatif, sur toute la ligne.
Le point qui attire le plus l’attention dans cette énumération est celui relatif à l’indépendance économique. Au regard du contexte politique, géopolitique et géostratégique, des liens séculaires tissés entre le Cameroun et la mère patrie, de la navigation à vue donc de l’absence de vision stratégique, on peut affirmer sans risque de se tromper que le Cameroun ne sera jamais indépendant économiquement tant qu’il demeurera le vassal des ténors de l’impérialisme marchand, quand il restera tenu en laisse par ce cordon ombilical appelé Franc des colonies françaises d’Afrique (F CFA). Surtout que la crise de l’endettement, l’échec des projets structurants et des thérapies urgentistes sont si patents qu’on assiste à une montée en puissance de l’escroquerie politique avec en prime le recrutement de communicants dont l’objectif visé est la falsification de l’image d’un système et d’un parti qui ont échoué sur le plan socio-économique et qui ne vivent plus que par la fanfaronnade et le verbe dérisoire.
Comment pouvait-il en être autrement à partir du moment où la planification au Cameroun par l’Unc-RDPC depuis l’accession à la mangeoire suprême de Paul Biya est toujours sujette à caution, alors qu’il existe des économistes de renom au sein de ce parti qui ont été incapables de prévoir les différentes crises, pourtant inscrites dans le mode d’insertion des économies africaines dans l’économie monde, crises qui étaient en train de traverser le Cameroun, aux dires de Paul Biya.
Malgré l’organisation récente d’une conférence internationale dénommer Investir au Cameroun, notre Afrique en miniature reste absente des débats de notre temps, sans doute du fait de la vision essentiellement matérialiste du monde que ses dirigeants provisoires imposent à l’ensemble des Camerounais en leur interdisant de penser, de s’exprimer et en faisant en sorte que le Camerounais typique ne soit ou ne devienne uniquement qu’un homo mandicus, un homme hilare qui boit, mange, danse, défèque et fréquente assidûment les multinationales de Dieu, ces lieux d’abâtardissement et d’émasculation.
Depuis 1982, l’Etat UNC-RDPC s’est évertué à tuer presque tous les pans de l’économie nationale. Quand il ne vendait pas les industries au franc CFA symbolique aux impérialistes marchands, il déployait toute son énergie pour freiner l’agriculture en intervenant de manière intempestive et désordonnée et en l’appauvrissant par des ponctions destinées à enrichir les pontes du régime.
Une attitude qui contraste avec les belles paroles contenues dans ce que militants et sympathisants de ce parti affichaient tel une pancarte de défilé, comme été étant le projet de société du RDPC écrit par des compatriotes visionnaires et signé par Paul Biya, président national du « Rassemblement des détourneurs du parti des Camerounais » (RDPC), pour reprendre l’expression de Saint Eloi Bidoung, 3e adjoint au maire RDPC de Yaoundé VI. Au chapitre économique de Pour le libéralisme communautaire, l’« auteur » présente l’agriculture comme « priorité des priorités dans [sa] stratégie de développement ». Il affirme que le RDPC portera une attention particulière aux industries de transformations agro-alimentaires. Aussi s’engage-t-il à assurer une maitrise de la science et de la technologie sans laquelle il n’y aura jamais un véritable décollage de l’économique, etc. 34 ans après où en sommes-nous ?
Quand aujourd’hui certains membres du RDPC évoquent des « organismes de financement » et autres, cela fait remonter à la surface des consciences Fonds national du développement rural (Fonader) qu’on avait coulé par des interventions intempestives et pressions multiformes, les éléphants blancs. On a bien envie de demander au président du RDPC que sont pour ainsi dire devenus la Cellulose du Cameroun (Cellucam), la Société de Développement de la production de blé (Sodeblé), la Chaîne de montage d’équipements électroniques (Équatorial électronique), la Société des Tanneries et Peaux du Cameroun (Stpc), la Société camerounaise d’engrais (Socame), le Fonds de garantie pour la petite entreprise (Fogape), la Banque camerounaise de Développement (BCD), le Crédit Agricole du Cameroun (CAC), l’Office national de commercialisation des produits de base (ONCPB), la Mission de développement des Semences et des cultures vivrières (Mideviv), La Société de développement du Nkam (Sodenkam), l’Office céréalier, le Centre national d’Études et d’expérimentation du machinisme agricole (Ceneema), l’Office national de développement de l’aviculture et du petit bétail (Ondpab), la Société régionale de développent des zones d’action prioritaires intégrées de l’Est (ZAPI-Est), l’Unvda (Upper Nun Valley Development Authority (UNVDA), la Société de développement de la riziculture dans la plaine de Mbô (Soderim), l’Office national de participation au développement (Onpd), la Mission de développement d’Ombessa (Mido), la Wum Area Development Authority (WADA), le Centre national de développement des forêts et Office de régénération des forêts (Cenador et Onaref), le Centre nationale de développement des entreprises coopératives (Cenadec), si on s’en tient à cette macabre énumération.
Plus loin dans son ouvrage, il formule 30 objectifs pour le Cameroun. S’il réalisait un objectif par an, après 34 ans de règne tous ces objectifs auraient été atteints et il bomberait le torse en frappant la main sur la poitrine en disant j’ai été l’homme qu’il faillait pour le Camerounais. Hélas ! du fait des délestages et des coupures intempestives d’eau et d’électricité, le Camerounais lambda qui prend connaissance du 18e épitre (objectif) de Paul Biya se demande pourquoi on en est arrivé là alors que conscient de la grande capacité énergétique du Cameroun, il s’était fixé pour objectif de « renforcer sa politique de production d’énergie en vue de couvrir tous les besoins nationaux et d’assurer sa présence sur le marché africain ».
Quand de nos jours les responsables du RDPC et leur chef, Paul Biya, bourrent les crânes des Camerounais avec le slogan Emergence en 2035, ils avouent implicitement avec une lucidité extraordinaire et questionneuse qu’après plus de trois décennies de règne, ils ont échoué, car c’est bien d’un pays qui a été sciemment maintenu immergé dans la pauvreté, la gabegie, la corruption, la gestion à l’emporte-caisse, bref dans le marasme économique total qu’ils ont la prétention verbale de le faire émerger en 2035 quand la plupart d’entre eux ne seront plus là pour rendre compte de leur triste bilan.
Junior Etienne Lantier


Mathias Eric Owona Nguini: « Le RDPC est à la croisée des chemins parce que les forces sont préoccupées par la succession présidentielle »

On le présente plus.?Coordonnateur de La Grande Palabre et de la Fondation Paul Ango Ela, le sociopolitiste Mathias Eric Owona Nguini jette un regard sur les dissensions qui secouent le RDPC et donnent son avis sur les questions d’actualité relative à la modification de la Constitution, l’anticipation de la présidentielle de 2018 et autres. Lisez plutôt!
Germinal: Au regard de son fonctionnement, peut-on dire que le RDPC est un parti ou une formation politique ?
Mathias Eric Owona Nguini: Le RDPC est bel et bien un parti politique, si l’on entend par là, une organisation politique qui vise à collecter les mandats électifs pour accéder aux positions décisionnelles liées aux commandes de l’État. Seulement, le RDPC est un parti politique singulier ; c’est un ancien parti unique, c’est-à-dire un Parti officiel ayant assuré au groupe gouvernant, une emprise monopolistique sur les chances de représentation et les ressources de décision. Le RDPC est un Parti d’État qui assure la captation de l’espace politique officiellement pluraliste et démocratique au profit du groupe dirigeant central dominé par le Leader Présidentiel-Présidentialiste camerounais. Le RDPC est comme le disait Abel Eyinga, un Parti administratif permettant à la bureaucratie centrale et à son chef présidentiel de truster les capacités et les ressources politiques dans une perspective oligo-monopolistique le posant en entreprise politique bénéficiant d’une position dominante sur le marché politique.

De votre position d’enseignant-chercheur avez-vous une idée du projet de société du RDPC ?
Le Projet de société du RDPC met l’accent sur la démocratie, la libéralisation économique et politique, la justice sociale et l’attachement aux valeurs communautaires africaines traditionnelles. Pourtant, la référence à ces valeurs et principes politico-idéologiques et politico-moraux est essentiellement rituel et formel même s’il est mentionné dans le Livre-Programme («Pour le libéralisme communautaire»), dans les brochures de propagande de ce parti, dans les professions de foi de ses candidats aux différentes échéances électorales ou dans les résolutions de ses instances supérieures ou les meetings politiques.

Les militants du RDPC présentent Pour le libéralisme communautaire comme étant le projet de société du RDPC. Qu’est ce qui peut d’après vous expliquer le fait que le président national du RDPC, Paul Biya, a très rarement, pour ne pas dire jamais, cité cet ouvrage dans ses discours ?
Si le Président Paul Biya évoque rarement son livre-Programme («Pour le Libéralisme communautaire»), c’est parce que le Leader central camerounais est conscient que ce livre qui est présenté comme bréviaire politique censé orienter l’action gouvernante du RDPC, ne répond plus aux conditions politiques existantes. M. Paul Biya sait que ce livre est décalé par rapport à l’évolution politique du RDPC et du système institutionnel camerounais après sa sortie en 1987.En effet, du fait de la crise économique de survenue entre 1986 et 1988 et de la montée de la contestation anti-autoritaire entre 1985 et 1990, ce livre est devenu un programme politique mort-né parce qu’il avait été conçu pour gérer une libéralisation contrôlée dans le cadre d’un système de parti unique.

Partagez-vous l’idée selon laquelle Pour le libéralisme communautaire n’était en réalité qu’un mirage ?
De manière stricte, «Pour le Libéralisme communautaire» était un livre modelé par l’idéologie de l’autoritarisme réformé à travers «la démocratisation dans un seul parti» pensé dans les cercles dominants et gouvernants camerounais comme moyen de re-légitimation d’un ordre politique autoritaire. La démocratisation concurrentielle y était essentiellement une vue de l’esprit. C’est en cela qu’on peut dire que ce livre-programme participait d’une stratégie habile de séduction d’un leadership politique et étatique autoritaire. Le Leader présidentiel et son groupe dirigeant ont instrumentalisé ce livre comme un moyen de gagner en respectabilité à bon compte, sans envisager concrètement de mettre en place le cadre d’une démocratisation pluraliste réelle.

Êtes-vous d’avis avec ceux qui pensent que le RDPC est aujourd’hui à la croisée des chemins ?
Oui, le RDPC est effectivement à la croisée des chemins parce que l’essentiel des forces et puissances qui se sont installées dans cette formation politique sont essentiellement préoccupées des termes et voies de la succession présidentielle, même si la liturgie politique de ce parti commande que cette question soit un tabou. En effet, l’usure et l’âge du Capitaine-Président contribuent à développer l’orientation des coteries et factions inscrites dans le RDPC pour l’Après-Biya, même si personne n’a le courage de faire inscrire cette question de manière explicite dans les discussions publiques sur l’évolution du Parti d’État. Le RDPC est d’autant plus à la croisée des chemins que non seulement des baronnies et barons se préparent à s’y disputer l’investiture politique de ce Parti Hégémonique pour une éventuelle élection présidentielle devant assurer la succession du leader central Paul Biya, mais aussi parce que cette formation a été secouée par le choix de son Chef central de sacrifier certains de ses Lieutenants Politiques et Institutionnels avec la lutte contre la corruption comme prétexte commode. En effet, même si elles ne le disent pas en public, les baronnies du Renouveau se plaignent du fait que leur chef politique les aurait livrés à la vindicte populaire alors qu’ils ont agi pour défendre les intérêts du système gouvernant en le finançant de manière occulte. Nombre de ces baronnies et barons considèrent que le Président Paul Biya a entrepris de les affaiblir pour mieux s’éterniser à la tête de l’État, voulant leur faire porter à eux seuls la responsabilité de la corruption politique et économique systémique alors qu’il doit assumer cette situation en tant que Leader.

De nos jours, les Camerounais assistent amusés aux joutes oratoires ou aux guerres verbales que se livrent les membres du RDPC par médias interposés. Celles-ci sont-elles révélatrices d’une crise profonde qui traversent cette formation politique ?
Si le RDPC avait su profiter de l’affaire des Modernistes en 2002-004 pour institutionnaliser la pluralité des courants et des tendances dans le RDPC, on aurait pu interpréter ces divergences expressives comme des manifestations de la liberté d’expression au sein de cette formation partisane. Ce n’est pas le cas parce que le bloc dirigeant du RDPC a géré cette controverse autour des «Modernistes» selon ses vieilles méthodes autoritaires basées sur le centralisme politique et orientées vers la persistance du monolithisme idéologique. Ces expressions divergentes indiquent plutôt que le RDPC est colonisé par une multiplicité de coteries venues pour y profiter de sa position de Parti d’État en vue de la convertir en ressource d’ascension vers la Présidence en cas d’ouverture de la succession institutionnelle et politique de Paul Biya. On peut envisager de puissantes luttes politiques feutrées puis ouvertes entre les factions qui se sont incrustées dans le RDPC et qui le parasitent ; ces luttes pouvant même conduire à une militarisation et une milicianisation de ces concurrencess entre baronnies et barons logés dans cet appareil hégémonique.

A l’observation, peut-on dire qu’il s’agit d’un combat entre deux courants au sein de ce parti, à savoir d’un côté les progressistes ?
Non, l’essentiel des luttes entre les coteries en compétition pour le contrôle du Rdpc après son Champion Incontesté Paul Biya se déroule sur des lignes essentiellement conservatrices, entre des «conservateurs durs», des «conservateurs mous» et des «conservateurs opportunistes», les «progressistes» ou «modérés» voyant leurs penchants libéraux censurés par la fermeture persistante du Parti d’État à l’institutionnalisation du débat interne entre courants concurrents. De toutes les manières les «libéraux» que seraient des modernistes ou progressistes n’ont aucune emprise sérieuse sur les commandes du Parti...Le RDPC est, en tant que Parti d’Etat est un parti d’Etats-majors, c’est-à-dire une formation dominée par des oligarques et des hiérarques appartenant aux milieux de pouvoir et d’affaires.

Quelle peut être l’issue probable de cette crise ?
Le RDPC est appelé à être sérieusement ébranlé en cas d’ouverture d’une conjoncture de relève présidentielle en raison de la sédimentation au sein de cet appareil, de plusieurs blocs clientélistes et factionnalistes. Il est possible qu’une telle évolution mène à une véritable guerre d’influence et d’hégémonie entre les coteries et factions inscrites dans le RDPC, surtout si cette formation n’est pas mise hors-jeu par le scénario politique qui ouvrira la possibilité de relève à la Présidence de la République.

Trois points cristallisent les débats au sein du RDPC et même au sein de l’opinion publique : la modification de la Constitution, l’anticipation de l’élection présidentielle et la candidature de Paul Biya à la prochaine présidentielle d’octobre 2018. Quel est votre point de vue sur ces trois points ?
Ces trois points sont articulés même si c’est surtout la réélection du Président Biya qui est le point prioritaire et quasiment incontournable de convergence pour les coteries concurrentes du RDPC parce qu’il est le seul point de convergence entre les coteries présentes dans cette formation partisane encore essentiellement inscrite dans une optique politique conservatrice de facture monopoliste et oligopoliste. La révision constitutionnelle ne se fera que si le Président national du RDPC posé aussi en Président de la République veut en profiter pour orchestrer une succession dauphinale de structure monarchique, en faisant introduire dans la constitution un Vice -Président qui pourrait bénéficier d’une position de successeur constitutionnel. L’anticipation n’est pas impossible si les calculs tactiques du Leader Présidentialiste le commandent.

Le RDPC comme force politique survivra-t-il après son Chef ?
La survie du RDPC en tant que Parti et en tant que formation hégémonique après la tenance et la tenure du Président Biyava dépendre du scénario sociopolitique et politico-institutionnel qui va modeler la conjoncture de succession présidentielle. Si le système hégémonique et institutionnel n’est pas ébranlé ni inquiété dans sa position gouvernante, le RDPC peut survivre. Par contre, si le scénario qui ouvre l’Après -Biya est critique, le RDPC sera probablement dissous, de telle manière que ses réseaux et filières vont se diviser inexorablement ou presque. De toutes les manières, le RDPC sera secoué par la lutte pour le contrôle de son investiture à l’élection présidentielle dans l’hypothèse où le système gouvernant arrive à survivre à un départ du pouvoir de Paul Biya et à conserver ce Parti d’ État comme mécanisme politique.
Comment les partis politiques dits d’opposition peuvent-ils (ou ont-ils les moyens et la capacité de) tirer parti de cette situation au sein du RDPC ?
Les partis d’opposition sont de toutes les façons appelées ,s’ils veulent avoir un rôle certain ou significatif dans la succession,de suivre l’évolution du Rdpc qu’ils ne peuvent évidemment négliger parce que cette formation politique opère encore comme Parti d’État et que cela peut profiter à certaines de ses coteries même en cas de turbulence politique.
Propos recueillis par:
Jean-Bosco Talla