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RDPC: Vers un bain de sang - Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC

RDPC: Vers un bain de sang - Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC

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Index de l'article
RDPC: Vers un bain de sang
S'achmine-t-on vers un bain de sang?
Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC
RDPC: un parti d'état-major
Les Progressistes
Les Conservateurs
Les non-alignés
La permanence du conflit de génération
Marasme et paupérisation: sources des conflits
Mathias Eric Owona Nguini: « Le RDPC est à la croisée des chemins parce que les forces sont préoccupées par la succession présidentielle »
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Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC

Les militants du RDPC ne s’entendent sur la manière avec laquelle la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics est menée. Cette mésentente peut déboucher sur une crise majeure.
D’un point de vue nominaliste, la lutte contre la corruption s’entend au sens d’opération d’assainissement des mœurs publiques relativement à la gestion de la res publica. Fondée sur le sacro-saint principe de l’égalité de tous devant la loi, elle projette l’institutionnalisation d’une culture de la reddition des comptes dans la gestion de la fortune publique. Il faut dire que cette représentation sert de support aux motions de soutien de quelques zélateurs du parti dominant et même de rhétorique moralisante du Renouveau contre toute vérité historique. Pourtant autant, la chronique journalistique qui circule après certaines arrestations à fort retentissement médiatique, laisse croire que les différentes opérations de répression des atteintes à la fortune publique initiées, de l’origine du Renouveau jusqu’à nos jours, ne sont en réalité que des actions de légitimation d’un pouvoir chancelant qui manquent de soutien en dépit de l’hypocrisie des initiateurs des motions de soutien par quelques miraculés gouvernants corrompus restés encore en liberté. Avec le recul nécessaire, ce constat n’est pas sans raison. Du moins, il puise à la source des incohérences notées dans la conduite des politiques gouvernantes d’assainissement.
La première vague des arrestations, dont celle de Nkolo Fanga, a suscité beaucoup d’émoi en son temps du fait de la considération que jouissait l’infortuné dans la communauté beti, famille ethnique du nouveau président, mais, portait déjà les germes de la discorde, voire de la dissidence.
En effet, la question qui se posait alors à l’époque était celle de savoir si ce beti avait plus volé que les nordistes putschistes, par ailleurs putschistes aux affaires ayant érigé la corruption en système de gouvernance durant le magistère d’Ahmadou Ahidjo.
Faut-il le rappeler, les études sur l’itinéraire d’accumulation au Cameroun montrent que la communauté nordiste qui compte aujourd’hui parmi les plus riches du Cameroun, a à travers des emprunts bancaires sans remboursement, construit sa puissance économique qui alimente l’économie de la contrebande et de la contrefaçon de cette zone sur ces pratiques peu orthodoxes par rapport à la République.
On note également une levée de boucliers dans les rangs du RDPC avec des arrestations sacrificielles de la deuxième vague (Engo Pierre Désiré, Mounchipou Seidou, Engoula, etc), programme d’ajustement structurel (PAS) oblige.
En fait, la campagne d’explication ordonnée par le leader du RDPC pour légitimer ces actes a laissé apparaître la dissidence. Grégoire Owona, en sa qualité de secrétaire général adjoint du RDPC, avait demandé en 1997 purement et simplement l’arrêt de cette opération, car demandait-il, « qui n’a jamais volé ?» Il n’est pas surprenant aujourd’hui, conformément à sa logique, qu’il demande le remboursement de l’argent détourné plutôt que des poursuites judiciaires contre les gestionnaires indélicats de la fortune publique de son parti. En réalité, cette réticente de Grégoire Owona en son temps était un acte de solidarité avec ses camarades qu’une stratégie de défense personnelle, puisqu’on prétendait, à tort ou à raison, que toutes les structures du RDPC ainsi que les activités et même certains pans de la vie quotidienne des dirigeants du Comité central étaient financés par des gestionnaires de la fortune publique qui ont été élevées au rang de personnalités ressources d’accompagnement.
Bien plus, d’autres ministres ont emboité son pas à l’époque. En guise de réponse le président du Renouveau s’est rebiffé.
Même l’ «Opération Epervier » actuellement menée à un moment où l’ordre gouvernant sans bilan tente d’instrumentaliser la lutte contre les détournements des deniers publics pour se donner une légitimité, exorciser et masquer le débat sur sa longévité au pouvoir, n’échappe pas à ces résistances sur fond de dissidence.
Le point de convergence de cette discorde entretenue autour d’une opération qui se veut républicaine est l’incohérence relevée. La lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics connus sous le nom d’« Opération Épervier » contribue à renforcer cette conviction. Puisque sans être sémiologue, l’Épervier comme rapace ne ramasse que des petits poussins. C’est ce qui a fait dire, semble-t-il, que cet animal vole trop bas, suggérant alors qu’elle soit rebaptisée pour qu’elle devienne une opération républicaine.
En réalité, rien ne peut justifier qu’une opération systématique de lutte contre la corruption sélectionne certains dossiers et met les autres aux oubliettes bien que les instructions y afférents soient bouclées (dossier Amadou Ali et un certain Dooh Collins relatif à une mission à l’étranger jamais réalisée dans l’optique de pister les comptes des éventuelles personnalités soupçonnées de détournement de deniers publics et de détention de comptes dans les banques étrangères, Dossier Remy Ze Meka s’agissant des achats des hélicoptères de combat et bien d’autres scandales à lui imputés, Dossier Tchiroma dans l’affaire des dédommagements des victimes de la Kenyan Airways, dossier des locations des avions présidentielles dans lequel de hautes personnalités sont fortement impliquées, l’affaire du Rio Del Rey dans laquelle le nom de Laurent Esso était cité, les dossiers Camtel et Art, dossier SNI, dossier ARMP, dossier de la gestion du compte d’affection spéciale au ministère de la Culture et même celui de la construction des palais de la culture du temps de l’ami personnel du chef de l’État, Ferdinand Oyono, d’un montant qui s’élève à 1,200 milliard de FCFA, estimation faite par certains parmi les collaborateurs de l’ex-Minac et bien d’autres).
D’où vient-il donc que dans des dossiers ayant fait l’objet de jugement, que les juges soustraient délibérément certaines hautes personnalités impliquées des mailles de la justice. On peut dire tout ce qu’on veut sur l’avis du groupe de travail de l’ONU qui exige la libération de Marafa Hamidou Yaya, il est difficile de penser que l’arrêt de la Cour suprême condamnant l’ex Minadt soit qualifié d’impartial. Alors même que dans cette affaire, on n’a pas pris en compte un aspect important de l’ordonnance de clôture d’instruction du juge Magnaguemabe, notamment le compte Beth qui serait le nœud de l’affaire clouant en prison l’ex-Sgpr. Pourquoi les personnalités se cachant derrière ce compte-écran nommément citées dans le rapport de ce juge qui a d’ailleurs eu maille à partir avec son ministre actuel, Laurent Esso, ne sont-elles pas intégrées dans la procédure ? D’autant plus que la Cour suprême a un pouvoir de révision des décisions à problème face à un élément nouveau comme le compte Beth.
Toutes ces incohérences font qu’aujourd’hui le RDPC apparaisse comme un bateau dans un océan très agité dont l’issue pourrait être des guerres fratricides.
Ikemfuna Oliseh