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Succession présidentielle: La guerre totale - Laurent Esso: Le Magistrat-chirurgien de l'Opération épervier

Succession présidentielle: La guerre totale - Laurent Esso: Le Magistrat-chirurgien de l'Opération épervier

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Index de l'article
Succession présidentielle: La guerre totale
Vers Etoudi en marchant sur des cadavres
Succession présidentielle: passé, présent et avenir
Louis Paul Motaze: L'Ambitieux silencieux
Rémy Ze Meka: Mourir d'espoir
Edgar Alain Mebe Ngo'o: Le pouvoiriste bling bling
Laurent Esso: Le Magistrat-chirurgien de l'Opération épervier
Franck Biya sur le starting bloc
René Sadi: Le parangon de l'inertie
Broyé par le rouleau compresseur
Mathias Eric Owona Nguini:
Les conditions d'une succession ou d'une transition politique pacifique au Cameroun
Toutes les pages
Laurent Esso: Le Magistrat-chirurgien de l'Opération épervier

Le taiseux aux allures de chat tigre trône au ministère de la Justice. Pour quelle destinée?
Beaucoup retiennent de son passage au ministère de la Défense (Mindef) les dissensions avec le chef d'état-major des armées, et plus cocasse encore, avec le secrétaire d’État à la Gendarmerie, Remy Ze Meka. Là aussi, le chef des armées avait dû sacrifier le ministre. Zé Meka est enfin porté à la tête du ministère de la Défense. 
En tenant compte des réalités camerounaises on peut se demander qui est l’actuel ministre de la Justice. Non pas que l’on ignore l’existence de Laurent Esso, ce fils Dualla dans le Canton Deido, département du Wouri, province du littoral. Ce que l’on sait également de lui, c’est qu’il est chrétien catholique d’obédience Jésuite, régulièrement vu du côté du collège Libermann, membre influent et discret du Ngondo. Il est donc originaire de cette minorité à laquelle le chef de l’État semble accordé assez d’attention.
Sur le plan purement politique, il a été Directeur du cabinet civil de la présidence de la République, ministre de la défense, ministre des Relations extérieures 2006, ministre d’État Secrétaire général de la présidence de la République. Magistrat de formation, il est présenté comme l’un des bulldozers du chef de l’État et l’un des prétendants au trône. Parler de Laurent Esso, c’est s’aventurer presque dans l’inconnu. Tant cet homme est insaisissable sur tous les points. En somme, l’on aura constaté qu’à tout moment où le chef de l’État a besoin de faire le ménage dans une administration quelconque, c’est lui qui est envoyé. Cela a été constaté au niveau de l’armée où, à un moment donné, les officiers supérieurs ont été accusés à tort ou à raison de plusieurs maux. C’était lui lui que l’homme du 6 novembre 1982, avait envoyé pour faire le ménage. Même situation au ministère des Relations extérieures où il avait fait ce qu’il avait pu. Ici ou ailleurs, les avis sont toujours partagés sur la gestion des dossiers à lui confiés par Paul Biya.
Sa nomination au Secrétariat général de la présidence de la République a été aussi perçue, au-delà du côté purement technique, comme une « mission spirituelle ». On se souvient que depuis des années, les Secrétaires généraux de la présidence ont toujours été présentés comme des grands maîtres de la Rose croix, de la Franc-maçonnerie ou encore de l’ordre des Rameaux. Dans cette bataille des loges, Laurent Esso serait lui-même admirateur du premier ordre de la Rose croix. Certaines nominations qu’on lui attribuait viendraient de cela. A titre illustratif, on peut citer le cas de Dayas Mounoumé, ex-Directeur du Port Autonome de Douala, en fuite, neveu du vieux Dayas, ancien parrain de certains dignitaires du pays dans la Rose croix dont Paul Biya (Lire de livre de Eballe Angounou). Ce cas et bien d’autres montraient que la mise à l’écart des Francs-maçons était engagée. Lorsqu’on regarde les hauts cadres arrêtés dans le cadre de l’opération Épervier, plusieurs d’entre eux sont soupçonnés d’être francs-maçons. Ses mouvements seraient donc essentiellement «sécuritaires» pour le président Paul Biya. Le chef de l’État l’avait fait avec Titus Edzoa. Après sa mise à la touche, la chasse aux rosicruciens avait commencé : Agbor Tabbi et Makon Ma Weignong par exemple avait payé le prix fort leur appartenance à cet ordre avec l’arrivée aux côtés du chef de l’État d’un proche collaborateur … Franc-maçon. On peut alors comprendre pourquoi certains cadres de la présidence avaient changé le fusil d’épaule pour devenir rosicruciens.
Mais peut-on se dire que son retour au ministère de la justice consolide en lui des prétentions pouvoiristes? Certes Laurent Esso répond à cette question par la négative, comme d’ailleurs tous les autres. Une attitude dictée par un principe du jeu politique selon lequel : il faut toujours penser au pouvoir mais jamais le déclarer. Toujours est-il que des observateurs de la scène politique camerounaise relèvent à juste titre, les fait étant têtus, que le blanc des sawa entretien tout une stratégie communicationnelle acquise à sa cause - on ne sait pour quelle finalité ? - avec comme lieutenants à la manette, certains confrères bien connus, dont le patron du groupe Anecdote et son directeur général et parfois Jeune Afrique.
Dans la même lancée, ses détracteurs qui estiment que l’ascension à la fonction présidentielle impose comme contrainte l’intégrité ou l’obligation de rendre compte, accusent le ministre de la Justice, Garde des sceaux de partialité dans la gestion de l’Opération Épervier qu’il dirige des mains de maître. On ne comprend pas toujours, l’empressement des journaux aux ordres évoqués ci-dessus à demander l’édiction d’un mandat d’arrêt international contre Essimi Menye, à qui un mandat de comparution venait d'être servi , alors même que Dallas Mounoumé qui a écopé 15 ans de prison est toujours en fuite sans que cela n’écœure curieusement le garant de l’exécution des décisions de justice ; de même, la protection d’Amougou Belinga, chef autoproclamé de la cellule de communication de Laurent Esso, dans le dossier Campost, à qui on demande de payer 700 millions de FCFA. La même faveur qu’il accorde à Atanga Nji, mis en cause dans le même dossier, s’apparente à un brouillage stratégique.
La même opinion, exige du Minjustice, des clarifications sur son niveau d’implication dans le compte Beth, à propos du dossier Marafa/Yves Michel Fotso. Puisqu’en bon magistrat, on ne comprend pas son intrusion dans l’instruction de ce dossier alors confié aux mains expertes du juge Pascal magnaguemabe dont il a au passage demandé la radiation du corps de la magistrature. N’eut-été la vigilance du président de la République lors du récent conseil supérieur de la Magistrature, ce magistrat serait déjà dans la rue pour avoir fait son travail.
L’obligation de rendre compte lui est également opposée dans l’affaire du Rio Del Rey, baptisée "affaire Bibi Ngota". Puisque si les documents présentés étaient faux, son contenu était-il aussi faux ?
Junior Etienne Lantier