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Politique Décryptage : Les sept péchés capitaux de Maurice Kamto

Décryptage : Les sept péchés capitaux de Maurice Kamto

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altDans ses deux dernières sorties en ce mois de mai 2015, à quelques jours de la célébration de la fête nationale, une fête militaire par excellence, dans un contexte de guerre contre le terrorisme, Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), dont le parti politique a remporté un seul siège sur les 180 en compétition, soit un taux de réussite de 0,55% et zéro mairie sur 360 pendant les dernières consultations électorales, s’est auto-présenté en chef militaire et en guide de la nation. Mais la teneur de ses propos le discrédite irrémédiablement pour ces deux fonctions. Son discours est en effet plombé par sept péchés capitaux originels : la déconnexion des faits, le déni des évidences les plus aveuglantes, le déni du mérite spécifique des forces spéciales, la facilité à tomber dans l’hérésie, la préconisation de la gestion des ressources destinées au armées sur la place publique, la tentative de saboter le moral des troupes au front et la volonté d’imposer aux Camerounais la conception française de la République.

1- La déconnexion avec les faits. Dans sa déclaration sur la gestion de la guerre, Maurice Kamto, qui a subi le désaveu cinglant des faits au lendemain de sa tentative de démonétiser la loi camerounaise anti-terroriste, après l’attaque contre Charlie Hebdo la déclaration de guerre de Boko Haram contre le Cameroun et l’allégeance de cette secte obscurantiste à l’Organisation de l’Etat Islamique, prétend aujourd’hui que l’armée tchadienne est « entrée en libérateur sur le territoire camerounais ». Alors même que notre vaillante armée, dans ses multiples composantes, affiche, sous le commandement de son Chef Suprême, le bilan élogieux de zéro centimètre du territoire national contrôlé par la Secte Boko Haram ; une secte qui ambitionne d’établir un Califat en Afrique centrale en s’emparant d’une partie du territoire du Cameroun. Ce faisant, il dépossède l’armée – à qui tous les Camerounais doivent porter un témoignage d’éloquence admirative – de son principal mérite dans la lutte contre le terrorisme de Boko Haram : la préservation de l’intégrité du territoire national et de la paix. C’est à cette même armée qu’il a consacré quatre fois moins de lignes qu’à la diaspora dans sa déclaration largement diffusée la veille… d’une fête militaire.

2- Le déni des évidences les plus aveuglantes. Alors même que les valeureux soldats camerounais, tombés au front de la lutte contre Boko Haram, ont été panthéonisés au cours de deux cérémonies solennelles d’hommages dans la cour d’honneur du Quartier général des armées le 28 août 2014 et le 6 mars 2015, occasion d’un admirable déploiement de louanges, de métaphores, d’hyperboles pyrotechniques pour ces soldats tombés sur le champ d’honneur ; alors que leurs glorieux faits d’armes sont légitimement exaltés par le président Paul Biya qui leur rend un superbe hommage dans chacun de ses discours autant que dans ses décisions quotidiennes ; le candidat malheureux à l’élection des juges à la Cour internationale de Justice de novembre 2008 a affirmé, avec son aplomb habituel, que les hommes en question ont été « enterrés dans l’indifférence de la République ».

3- Le déni du mérite spécifique des forces spéciales. Alors même que, par leur mode de sélection plus sévère et par leur entrainement hors normes, les forces spéciales sont l’élite des forces de défense de tous les pays du monde, l’ancien ministre délégué auprès du Vice-premier ministre, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, exige qu’il ne leur soit accordé aucun avantage qui ne soit également alloué à toutes les autres catégories de forces de défense. Effarant, de la part de celui qui se veut le héraut de la rationalité méritocratique et du respect des différents corps de métier.

4- La facilité à tomber dans l’hérésie. Le président du MRC, qui voit des discriminations partout, sombre dans l’hérésie, lorsqu’il milite pour une armée dont « le niveau d’entraînement » de toutes les composantes doit correspondre à celui « des forces qui font aujourd’hui figure de forces d’élite ». En d’autres termes, selon cet affabulateur multi-récidiviste, une bonne armée ne devrait comprendre que des forces spéciales. Ce qui revient à prôner la suppression de toutes les autres composantes de l’armée, au profit des seules forces spéciales. Une logique qui devrait l’amener à proposer parallèlement, à terme, une université dans laquelle tous les enseignants seraient agrégés ou un hôpital sans infirmière, sans sage-femme, sans généraliste, parce que tous les soignants devraient devenir des agrégés de médecine à terme. Dans quel pays a-t-on expérimenté une telle aberration ?

5- La préconisation de la gestion des ressources destinée aux armées sur la place publique. Le président du MRC, qui est cité en justice dans une sombre affaire de plagiat, d’escroquerie et d’abus de confiance, prône la transparence dans la gestion de l’effort de guerre mis à disposition par la population au profit des forces armées engagées dans la lutte contre le terrorisme et au profit des victimes de ce fléau. Il va jusqu’à exiger qu’ « un point public soit fait chaque mois sur la distribution des fonds […] aux forces de défense concernées ». Ainsi, pour le leader du MRC, le terme « secret défense » n’a assurément aucune signification, dès lors que, du point de vue de ce général improvisé, l’approvisionnement de l’armée nationale en armes et munitions, en carburant et vivres, pourrait tout aussi bien se faire dans la rue, sous les caméras de télévision, au vu et au su de tous !

6- La tentative de sabotage du moral des troupes au front. Le donneur de leçons sur « la gestion psychologique des forces de défense en période de guerre » est le même qui qualifie publiquement les équipements militaires des forces de défenses engagées au front de la lutte contre la filiale de l’Etat Islamique en Afrique centrale de « désuets, acquis à prix d’or et repeints à la hâte ». Ici, il commet deux fautes du même coup. Non content de tenter de saboter le moral des troupes nationales au beau milieu de la guerre contre les égorgeurs de Boko Haram, il étale au grand jour sa méconnaissance de la qualité des équipements récents utilisés par nos forces de défense, fruits de la coopération avec les partenaires traditionnels du Cameroun (France, Allemagne, Etats-Unis, Royaume-Uni, etc.) et avec ses nouveaux partenaires (Chine, Russie, Turquie, etc.).

7- La volonté d’imposer aux Camerounais la conception française de la République. Celui qui a été incapable de présenter des listes de candidats dans plus de 17 circonscriptions sur 360 lors des dernières élections municipales avec le parti politique créé en 2008 qu’il a récupéré et rebaptisé, soit 4,72% de présence et dans plus de 7 circonscriptions sur 85 pour les législatives, soit une présence dans 8,23% des circonscriptions, avant d’être humilié par la Cour suprême statuant comme Conseil constitutionnel où les trois recours qu’il a signé de sa propre main ont été repoussés comme irrecevables à l’audience du 11 octobre 2013, a lancé un appel solennel à la révolte, en reprochant aux camerounais d’accepter ce qu’il considère comme l’« inacceptable ». Tout en essayant assez grossièrement de mettre les Nordistes Anglophones et autres Bamouns au service de son ambition politique ; et après avoir décrété « la confiance » entre les composantes socioculturelles du pays, il propose rien moins que la suppression des ethnies. Ce qui revient à faire disparaître de nos langues maternelles et notre diversité religieuse, en vue d’instaurer au Cameroun la République telle que conçue, suivant l’expression saisissante du célèbre historien Joseph Ki-Zerbo, par ses « maîtres à penser, à chanter et à danser ».
James Mouangue Kobila