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Société Homosexualité : Les confessions d’un repenti

Homosexualité : Les confessions d’un repenti

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A l’évocation de mon seul nom, il y a des personnes qui continuent à frémir, tellement il a été associé à une période peu glorieuse de notre vie médiatico-politique et sociale. Je m’appelle Parfait Mbappou. Ceux qui ont suivi les affaires de l’homosexualité entre 2005 et 2007 savent bien qui je suis. J’ai été utilisé comme témoin principal de la prétendue homosexualité de certaines hautes personnalités de ce pays, souvent avec force photos et détails, dans un rocambolesque montage ignominieux et honteux. Oui, j’ai, en mentant, sali l’honneur et la considération de plusieurs personnalités. Je reconnais que j’ai été utilisé pour inventer des histoires sur les pratiques homosexuelles supposées des hommes politiques et des milieux d’affaires dans le seul but de les faire chanter ou de régler des comptes politiques.
Je n’ai pas que fait du mal à ces personnes, mais aussi à leurs proches, leurs épouses, leurs enfants, leurs parents, leurs amis, leurs collaborateurs, etc. Mais aussi à mes proches, qui ont souffert de mes agissements, ont été montré du doigt dans la rue par ma faute. Cette période de ma vie me marque comme une souillure indélébile et le regard des autres me dardent toujours de ses reproches, de son soupçon et me taraudent de son mépris. Je me rends compte aujourd’hui combien j’ai pu m’écarter du bon chemin et combien on m’en a voulu.
J’ai conscience que je ne peux réparer tous les dommages provoqués par ma démarche et mes mensonges ni dans une lettre de repenti, ni en demandant publiquement pardon à tous ceux qui ont souffert directement ou indirectement de mes fausses accusations. Je sais par exemple que le ministre Grégoire Owona, une de mes « victimes », ne souhaite pas entendre parler de moi, même pas pour aller quémander son pardon. D’autres sont dans le même état d’esprit et je les comprends, même si cela ne m’empêche à chaque fois que l’occasion se présente de faire amende honorable en espérant qu’un jour je gagnerai leur pardon.
Ainsi, si je ne peux plus rattraper mes erreurs passées, j’ai le devoir d’empêcher en les dénonçant les méthodes qui m’ont servi à l’époque afin qu’elles ne fassent pas d’autres « victimes » ni aujourd’hui ni demain. Ce que j’observe aujourd’hui dans certains journaux, où on recommence à citer des noms dans tel cercle ou dans tel gouvernement, ressemble étrangement aux stratagèmes déjà utilisés en 2005. Je revois d’ici les mêmes acteurs, ceux qui m’ont instrumentalisé, qui m’ont poussé à la faute et qui sont restés tapis dans l’ombre tel le marionnettiste qui tire les ficelles à l’abri du regard. J’ai devant moi, couché dans leurs journaux, la photographie d’un scénario dont j’ai déjà été l’acteur principal et je dis que ce mauvais film doit s’arrêter.
En effet, chaque fois que le nom d’un citoyen, quel qu’il soit, est traîné dans la boue, comme j’ai pu le voir avec les droits de réponse de Jean Emmanuel Pondi ou Christian Penda Ekoka publiés dans les journaux, je me sens responsable d’avoir aidé à construire une monstrueuse machination. Je me sens donc tout à fait en droit, aujourd’hui, d’en dénoncer les effets et manœuvres en cours. J’ai changé et je veux que mon témoignage serve à édifier l’opinion publique et la justice. Je suis témoin de Jehovah et ce statut, qui m’a aidé à retrouvé le bon chemin, m’interdit de voir le mal se répandre sans agir. En révélant mon histoire, c’est-à-dire comment je me suis laissé happer par les sirènes de l’argent facile et sale, j’espère de tout mon cœur que cela aidera à la manifestation de la vérité sur cette période sombre de notre vie publique.
Je suis actuellement paralysé des jambes, résultat d’une vie passée scabreuse et peu orthodoxe. Le 15 septembre 2005, nous avons escroqué, cinq de mes complices et moi, une vingtaine de millions de francs CFA à une dame dont le frère est prêtre exorciste. Cette dame nous avait demandé la restitution de l’argent volé sous 21 jours sinon on aurait droit à des représailles. Nous n’avons pas pris sa menace au sérieux et nous avons commencé à tombé malade et à mourir les uns après les autres de façon bizarre. Je suis le seul rescapé de l’équipe et notre histoire est bien connue des habitants de Biyem-assi (Rond-point Express, Montée des Sœurs ou Tamtam week-end). Je dois d’être encore en vie à un début de traitement administré chez les prêtres anglicans de Mendong.
C’est donc malade que je quitte Yaoundé pour Abong Mbang, chez ma grand-mère, afin de poursuivre sereinement mon traitement, mais je suis mal en point. C’est de là-bas que je reçois un coup de fil d’un propmoteur de groupe de presse connu. Dans mes activités de feymania, je l’ai rencontré plusieurs fois, quand il montait des affaires avec certains de mes amis. J’ai d’ailleurs longtemps souhaité à cette époque qu’il me mette sur une affaire, mais cela n’était jamais arrivé.
Quand ce directeur de publication m’appelle donc ce jour de 2006, il sait que je suis malade et démuni et il me propose, me dit-il, une affaire qui va me procurer suffisamment d’argent que je pourrai me soigner convenablement. De quelle affaire s’agit-il ? Il faut que je vienne témoigner au tribunal en la défaveur de Monsieur Grégoire Owona. Concrètement, je dois jouer le rôle d’une victime de l’homosexualité dont ce ministre, secrétaire général adjoint du RDPC, serait le bourreau. Il faut dire qu’à cette période je n’ai plus rien à perdre ni à gagner : je suis amaigri et bien amoché par la maladie. Surtout, j’ai des escarres de 12 cm de profondeur sur les fesses, les escarres sont des blessures issues d’une longue période d’alitement et cela me donne le profil que ce DP en procès avec le ministre Owona attend. Il me demande de révéler l’histoire de ma fausse relation avec Grégoire Owona à Biloa Ayissi, directeur de publication de Nouvelles d’Afrique, en lui cachant la vérité.
Je connais Biloa Ayissi depuis 2004 et il m’avait pris en affection, me considérant pratiquement comme un petit frère. A peine entend-il mon histoire qu’il me fait venir à Yaoundé. A la vue de mes escarres, il verse des larmes et invective celui que je lui présente comme en étant le responsable. « Qu’est-ce que Grégoire a fait à cet enfant ? », pleure-t-il. Il est sincèrement touché et révolté. Il passe quelques coups de fils rageurs et décide de recueillir mon témoignage. Je réalise aussi pour le compte du DP commanditaire des vidéos accablantes, où je charge des personnalités que j’accuse de m’avoir détruit par des relations homosexuelles. J’apprendrai que ces vidéos ont été envoyées à la présidence et à certaines victimes pour mieux les saigner.
Mon histoire devait permettre au DP commanditaire de faire pression sur le ministre Owona et bien d’autres afin qu’ils paient de fortes sommes pour que rien ne soit révélé. J’ignore combien ont payé et ce qui a été versé, mais j’ai régulièrement reçu de l’argent de lui. Quand Biloa Ayissi décide de publier mes confidences qu’il croit être vraies, cela contrarie les plans du DP commanditaire. Alors il me demande de dire, si je suis démasqué dans mon histoire sur Grégoire Owona, de dire que c’est René Sadi qui m’a payé pour l’accuser. Au cours du procès, je trouve les avocats de Grégoire Owona peu incisifs et les juges complaisants vis-à-vis de moi, même si je suis sur fauteuil roulant. Mon récit est parfois contradictoire et mes silences longs, je crois même que si le ministre Owona avait été présent à l’audience je n’aurais pas eu le courage de l’accuser en le regardant.
La piste Owona se compliquant, le DP commanditaire a l’idée de citer publiquement d’autres victimes. Il s’agit d’un ancien ministre et de deux députés RDPC. L’ancien ministre se nomme Mbarga Mboa. Informé très tôt, il me rencontre pour que je lui explique les raisons de mes mensonges. « Je ne suis pas l’ami de Grégoire Owona, mais je n’approuverai pas que son honneur soit sali sur des contrevérités », me dira-t-il. De tout cela, je m’en foutais. Mes fausses histoires me permettaient de gagner de l’argent et d’aller en virée avec les filles comme je me sentais déjà bien. Je me rappelle que quand je suis passé à Satellite FM pour parler de mes relations homosexuelles supposées avec des pontes du régime, des filles m’attendaient dans un taxi dehors pour une bamboula. C’était donc pour moi un jeu, je m’en rends compte aujourd’hui, un jeu dangereux, compte tenu des dégâts provoqués.
Je ne souhaite pas diluer ma responsabilité, mais je veux que soit bien entendu que pendant tout ce temps, je n’ai été qu’un instrument aux mains d’un DP avide d’argent et à l’esprit décidément tordu. J’ignore combien de personnalités il a pu terroriser avec mes faux témoignages. Impossible pour moi de savoir combien ont payé pour avoir la paix. Une chose est cependant sûre : tout a été monté et manigancé avec une visée mafieuse derrière, mais encore avec des calculs politiques afin de discréditer les adversaires politiques de ses amis haut placés.
Ce même phénomène diabolique est en place. Deux cents personnalités ont été montrées du doigt comme étant homosexuelles et d’autres comme faisant partie d’un gouvernement Marafa. Ce sont là les nouvelles victimes d’une machination que je ne connais que trop bien. Au moment où j’écris ces lignes, certaines des personnalités citées sont en train d’être arnaquées pour que leurs noms n’apparaissent plus dans ces listes et d’autres paient pour qu’on y ajoute les noms de leurs adversaires. Et cela rapporte beaucoup au DP commanditaire et son équipe de collaborateurs, dont certains sont des journalistes en service dans sa télé, sa radio et son journal.
Je m’en voudrais de ne pas demander pardon à Biloa Ayissi dont j’ai abusé de l’amitié et lui mentant. Il a cru à ma sincérité et a pensé servir la vérité en dénonçant un Grégoire Owona qu’il croyait être mon bourreau. Il a dû en subir un procès et une condamnation. Je plaide pour que sa bonne foi soit connue dans cette affaire. A sa façon, il est une victime du DP commanditaire.
Je réitère la confession de mes fautes et je prie tous ceux qui ont souffert de mes errements de me pardonner.
Parfait Mbappou, le repenti