Visage de la pauvreté : une vie-misère
Trois décennies de Renouveau ont réduit certains Camerounais à la misère la plus abjecte. Une journée dans la famille d’un instituteur à Yaoundé.Il culmine à environ 1,85m. Il est maigre, très maigre même. Ses élèves lui ont trouvé un sobriquet : Émacié. Nul ne peut dire si cette cachexie est le résultat d'un ascétisme intransigeant pratiqué par un homme qui veut se métamorphoser ou si c'est l'effet de l'âge. Sa tête est recouverte de cheveux coupés courts où alternent les plages noires et blanches. Au milieu de sa face, creusées de profondes rides, juste au-dessus d'une large bouche édentée se pointe un gros et long nez. Un front fuyant surplombe les yeux ternes. Sipewo’o Josué dit Émacié est d'une propreté exemplaire malgré ses vêtements qui se sont suffisamment éliminés au fil des lavages successifs. Le savetier connaît par cœur chaque millimètre carré de ses chaussures pour les avoir très souvent entre les mains. Quel âge a Émacié ? Cinquante quatre, Cinquante cinq ou Cinquante six ans ? Personne ne peut le dire. Lui seul peut-être ou ses patrons. Peut-être même ses parents, si certains sont encore en vie. Toujours est-il qu'il approche la retraite, après 35 ans de loyaux services rendus à la nation camerounaise. Lire la suite