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Paul Biya et la nouvelle Dynamite - Page 3

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Index de l'article
Paul Biya et la nouvelle Dynamite
Serail: Le bullocrate
Au coeur des inconguités d'un congrès
Parole d'un bonimenteur
Paul Biya fait semblant de changer pour que rien ne change
Palais des congrès: l'enfer du décor
Quand Paul Biya rate le coche
Discours pathétique d'un vieillard somnanbule
Discours creux
Un discours fourre-tout et passepartout qui confond discours politique et cours magistral
Comment sortir du
Toutes les pages
Au coeur des inconguités d'un congrès
Au cours du  3ème congrès ordinaire du Rdpc, les militants et sympathisants ont assisté à un florilège d’incongruités. On n’oublier pas de sitôt l’organisation des séances plénières à huis clos.
Lorsqu’on sait comment le 3ème congrès ordinaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) était attendu, non seulement par certains militants de ce parti qui parlaient de « congrès de la dernière », mais par l’ensemble du peuple camerounais et même l’opinion internationale, l’on peut aujourd’hui, au regard des résultats obtenus à l’issue des deux jours de travaux, en déduire que cette rencontre, qualifiée par certains de «cirque politique», est une montagne qui n’a pu accoucher que d’une souris.
S’il est vrai que le mérite de ce troisième congrès est de s’être enfin tenu 15 ans après le deuxième, pour montrer les incohérences d’un parti  dont le dynamisme dans l’inertie ne peut être démenti, il n’en demeure pas moins vrai que cette grand-messe politique semble avoir renforcé le sentiment d’un espoir perdu que des camerounais,  y compris certains militants du Rdpc, auquel ils s’étaient déjà fatalement résignés. Ce rendez-vous politique n’a malheureusement pas pu les sortir de cette inconfortable posture, et les critiques les plus virulentes, exprimées sur la place publique aujourd’hui viennent des rangs même du parti des flammes qui, disent-ils, continueront à consumer le Cameroun et les camerounais.
Toutes ces diatribes, écoutées ici et là, montrent au fond que le parti de Paul Biya est une grosse organisation politique qui repose sur des textes de l’époque monolithique et essaye tant bien que mal de se déployer dans un contexte pluraliste dont elle est réfractaire. Surtout qu’au sein de cet appareil politique, sont embusqués des ténors de la paléontologie politique, frileux aux critiques constructives et champions d’une verbigération  creuse, qui font bouger tout pour que rien ne bouge.

Source de l’inertie

Avant la tenue de ce congrès les 15 et 16 septembre dernier, beaucoup d’esprits naïfs avaient formulé de nombreuses attentes qui, si elles avaient été satisfaites, auraient pu donner de sérieux indicateurs sur la «nouvelle dynamique» dont parle Paul Biya, président national du Rdpc.  Parmi ces attentes, figurait en bonne place la révision des textes organiques du parti. Sur ce point, les adeptes d’une modernisation du mode de fonctionnement du parti présidentiel ont été simplement priés de repasser, puisque un des changements majeurs attendus, à savoir la normalisation des textes de base du Rdpc, n’a pas été pris en compte. Et du coup, les jeunes loups aux dents longues qui espéraient désormais voir le candidat du parti investi à l’issue des primaires, comme cela se fait dans les vrais partis politiques modernes, ont tout de suite déchanté. Pourtant, pour un parti gouvernant comme le Rdpc, cette relecture est une nécessité car comme le reconnaît Tobie Ndi, candidat déclaré (et malheureux) au poste de président national de ce parti : «le besoin de relecture de nos statuts et de notre règlement intérieur est indéniable. Ces textes de base ont déjà besoin de s’arrimer à la modernité démocratique qui est celle de notre temps» (Mutations n°2990 du 14 septembre 2011, p. 3). À ce niveau, une chose frappe les esprits : lorsqu’il s’est agi de la révision de l’article 6.2 de la constitution touchant à la limitation du nombre de mandats présidentiels à la tête de l’État, l’argument avancé était de laisser les Camerounais choisir en toute liberté et autant de fois qu’ils le souhaitaient, l’homme qui doit présider aux destinées de leur pays ; mais quand il s’agit de donner la même chance aux militants du parti de Paul Biya, la logique argumentaire n’est plus la même, comme si ces militants cessaient d’être des Camerounais une fois les toges du parti arborées.
L’autre billevesée constatée pendant ce congrès est le mode de désignation du président national du parti : entre l’annonce du congrès et la date de la tenue de ces assises, il ne s’est pas écoulé un mois, alors que les textes disent  que les candidats au poste de président national doivent déposer leur dossier de candidature au moins un mois avant la date du congrès. De ce fait, Tobie Ndi et St Eloi Bidoung, candidats déclarés n’ont eu aucune chance de voir leurs candidatures retenues.
Par contre, dans la salle de l’élection, non seulement, un challenger de Paul Biya s’est déclaré au mépris des textes, mais l’élection n’était pas secrète puisque les votants se levaient et levaient la main au vu et su de tous. L’autre défi et non des moindres et la question du rajeunissement des cadres du parti. À ce sujet, Paul Biya, dans son discours d’ouverture le 15 septembre 2011, avait suscité beaucoup d’espoirs en déclarant notamment : «Nous devons redonner l’espoir à nos jeunes, c’est pourquoi, tant dans le processus de rénovation de notre parti que dans la gestion des charges publiques, nous encourageons plus encore le rajeunissement des appareils dirigeants. Faire une place significative à la jeunesse, c’est la préparer à prendre la relève». Mais, comme d’habitude, entre le discours et la réalité le gap s’est fait seulement en 24 heures, puisque dès le lendemain, à la lecture des noms des membres élus et/ou désignés du Comité central et du Bureau politique, l’on a constaté que les caciques grabataires pour certains, sont simplement restés en place et quelques jeunes sont restés aux portes de la suppléance. Ce saupoudrage mal apprécié a fait dire à certains observateurs qu’il s’est davantage agi d’un renouvellement que d’un véritablement rajeunissement. Un «bonimensonge», pourrait-on dire.

Curiosités

Les autres leçons de ce 3ème congrès sont tirées de ces petites et nombreuses curiosités qui ont émaillé ces assises ordinaires du parti au pouvoir. Il y a d’abord, la confusion qui était faite dans un tel cadre entre le président national du Rdpc et le président de la République, puisqu’à tous les coups et même dans le programme officiel, il était mentionné «président de la République» au lieu de «président national» ou «le camarade…». Bien plus, pendant ces deux jours de travaux, non seulement le service public tournait au ralenti, mais aussi les véhicules administratifs étaient mis à contribution pour servir un parti politique fut-il au pouvoir. Les réflexes du parti unique ont vraiment la peau dure.
Que dire alors de la plénière magique à huis-clos, c’est-à-dire de réunion ou de l’assemblée où le déroulement des débats et des travaux se font en présence et hors de la présence des membres du Rdpc ? Il n’y a visiblement qu’au Rdpc qu’une telle plénière existe.
Enfin, une autre curiosité qu’il serait difficile de passer sous silence est la présence des généraux de l’armée camerounaise et des commissaires de la police nationale, en uniforme dans la salle. Les camerounais y compris certains militants du Rdpc s’interrogent encore sur la signification de ces présences très remarquées.
Au total, ces curiosités et ces comportements paléontologiques sont symptomatiques de la manière dont le Cameroun est géré, mais surtout, ils indiquent à merveille quelle est la source de l’inertie au niveau étatique, elle se trouve précisément dans le mode de gestion du parti Rdpc. Aussi, les réactions des compatriotes de la diaspora constituent un baromètre de l’effet qu’un tel évènement, dans sa conduite et dans ses résolutions, peut avoir eu auprès de l’opinion à la veille d’une échéance politique aussi importante que le scrutin du 9 octobre prochain.
Jean Paul Sipadjo