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L'intérêt supérieur de la nation, la paix et la cohésion sociales fondent mes actions politiques

L'intérêt supérieur de la nation, la paix et la cohésion sociales fondent mes actions politiques

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Germinal : Quelles sont vos impressions après avoir écouté le discours de fin d'année du président de la République?

Ni John Fru Ndi :  J’ai été attristé parce que j’attendais que M. Biya soit assez précis sur le système électoral qui est un sujet préoccupant au Cameroun et en Afrique. Il s’est exprimé comme si la question électorale était secondaire, un épiphénomène. Il sait pourtant qu’au Sdf, nous avons posé des conditions minimales pour des élections libres, équitables, transparentes et justes. Il a plutôt apprécié ce qu’Elecam est actuellement en train de faire sur le terrain avec sa bénédiction. Une manière de dire aux Camerounais qu’ils peuvent avoir des opinions, mais qu’il fera ce que bon lui semble. Les Camerounais n’ont pas oublié comment il a rejeté les recommandations du Commonwealth pour la création d’une Commission électorale indépendante (CEI), organe indépendant et neutre qui devait conduire le processus électoral, c’est-à-dire qui devait s’occuper des élections depuis les inscriptions sur les listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats.

Mais, une fois de plus, il a réintroduit le Minatd qui a échoué tout comme Onel 1 et Onel 2. Ensuite, nous nous attendions à ce qu’il réitère les promesses faites à Bamenda et décline la stratégie de leur mise en application en 2011. Il ne l’a pas fait. Il n’a pas non plus fait allusion au port en eau profond de Limbè et au barrage de Mentchum. Presque tous les projets auxquels il a fait allusion se trouvent dans la région du Sud. On pourrait se poser la question de savoir qui M. Biya est en train de vouloir tromper. Les Camerounais ou les compatriotes du Sud ? Il a, comme toujours, ressassé ses promesses non tenues.

Dans ce discours Paul Biya donne l'impression d'avoir un regain de vitalité caractérisé par son engagement et sa volonté de reprendre les choses en main. Qu'est-ce qui d'après vous peut expliquer ce regain de vitalité et cet engagement de Paul Biya?

 Les Camerounais et moi-même n’ont vu aucun regain de vitalité, étant donné que je n’ai vu aucune action.

Paul Biya parle aussi d'une année électorale au cours de laquelle des élections seront organisées, principalement l'élection présidentielle. Avez-vous l'impression que plusieurs élections vont être organisées au cours de cette année? Pensez-vous que Paul Biya tiendra à ses engagements? 

Le temps nous le dira

Germinal : Qu’auriez-vous voulu entendre d’autre de la bouche de M. Paul Biya et qui a été omis dans son discours?

Comme je l’ai dit, j’aurais voulu qu’il parle spécifiquement d’Elecam, qu’il soit plus concret ou précis sur la question de l’agriculture parce que les Camerounais ne peuvent pas mettre en application ce dont il parle avec un matériel agricole rudimentaire, sur l’aménagement des routes qui permettent l’évacuation des produits agricoles et sur l’amélioration des infrastructures de communication. Je m’attendais qu’il s’intéresse aussi aux chercheurs en leur demandant de travailler pour l’amélioration des techniques agricoles. J’ai espéré qu’il allait annoncer l’octroi des subventions conséquentes aux paysans et agriculteurs. Hélas ! Les jeunes sont de plus en plus touchés par le chômage. Des diplômés de l’enseignement supérieur gèrent les call box, sont devenus de chauffeurs de taxi, risquent leur vie sur les mototaxi (Ben Skin), bref nos enfants sortis de nos universités exercent toutes sortes de métiers bizarres. Dans son discours, M. Paul Biya n’a pas montré que cette situation le préoccupe. Je me demande quelle prévision budgétaire a été faite pour l’emploi des jeunes.

Avez-vous parlé de ces questions avec lui lors de votre dernière rencontre ? Que vous êtes-vous dits concrètement avec M. Paul Biya?

Effectivement. Comme c’était la première rencontre, je me devais de lui dire franchement ce qui tient à cœur les Camerounais, principalement la question des élections au Cameroun. Je lui ai dit que les Camerounais veulent des élections libres, équitables, transparentes et justes organisées par une structure indépendante

. Cela suppose que vous êtes disposé à le rencontrer pour une deuxième fois, comme vous le dites?

Je l’ai toujours dit. Si, en tant que journaliste, vous fouillez dans vos archives, vous allez vous rendre compte que chaque fois que le Cameroun traversait des moments difficiles, j’ai toujours dit que je suis prêt à dialoguer à M. Paul Biya, pour rechercher les solutions aux problèmes qui se posent dans l’esprit bipartie, pour l’intérêt supérieur de la nation et l’unité de notre pays.  

Mais, pourquoi précisiez-vous chaque fois auparavant que la rencontre doit avoir lieu en présence d’un témoin?

Pour éviter la suspicion et le colportage des ragots devenus le sport favori de certains Camerounais qui ont fait des considérations matérielles et financières leurs principales préoccupations. Quand j’avais perdu mes parents, le président Biya m’a envoyé un message de condoléances. Au lieu de voir dans ce geste du chef de l’État, celui d’un être humain sensible à la douleur de son compatriote, des esprits malins et vicieux ont vite fait de voir derrière ce geste de l’argent que j’aurais reçu. Lorsque mon épouse est tombée malade et est décédée, des compatriotes, même mes camarades du parti, se sont demandé pourquoi l’État m’a assisté et combien de milliards j’avais perçu. Quand le président de la République avait perdu son épouse, je lui avais fait parvenir un message de condoléances. J’avais dépêché aux obsèques une délégation des membres du Sdf. À l’époque, des manifestations avaient lieu sur l’ensemble du territoire national. J’avais demandé que l’on les suspende afin d’honorer la mémoire de l’illustre disparue. Être adversaires et/ou concurrents politiques ne signifie pas que nous perdons le sens de l’humain ou que nous sommes des ennemis. Dans un État moderne où les options démocratiques sont clairement affirmées dans la loi fondamentale, il est normal que celui qui préside aux destinées du pays reçoive ses compatriotes, principalement les leaders politiques et d’opinion avec qui il ne partage pas les mêmes options politiques et idéologiques, afin qu’ils discutent des problèmes qui se posent à la nation et afin que ceux-ci lui proposent des solutions pour les éradiquer ou pour les juguler. Cela fait partie de la vie normale des régimes démocratiques. Récemment en France, nous avons vu M. Nicolas Sarkozy recevoir les leaders des partis politiques de l’opposition, parmi lesquels Jean-Marie Le Pen. Aucun Français n’a pensé que ces leaders allaient se faire acheter. Les Compatriotes n’ont aucun intérêt à suspecter la démarche que nous avons entreprise. C’est dommage pour notre pays que des compatriotes réduisent la lutte pour l’avènement d’une société véritablement démocratique au sein de laquelle les droits humains sont respectés, la presse est libre, les élections sont libres, transparentes, équitables et justes, à une question d’argent ou d’enrichissement personnel des leaders politiques et d’opinion. Pour autant, je les comprends. Le contexte de pauvreté générale ou de paupérisation généralisée, la précarité de l’emploi, l’accroissement du chômage des jeunes, bref l’incertitude des lendemains ont fait en sorte que des Camerounais se préoccupent d’abord de ce qui leur permet de survivre et n’ont plus  le regard tourné que vers le ventre.

Après le discours dans lequel, d’après vous Paul Biya s’est exprimé comme si la question électorale était secondaire, avez-vous l’impression que vous avez été écouté lors de la rencontre de Bamenda ?

Je suis convaincu que tout au long de notre discussion, il a prêté une oreille attentive aux problèmes soulevés, si je m’en tiens aux questions qu’il me posait. Et comme je l’ai dit à vos confrères, il ne faut pas perdre de vu que le président Paul Biya était ici à Bamenda pour le cinquantenaire des armées. Ensuite, il avait plusieurs personnalités à recevoir. Ce qui fait que notre entretien n’a pas duré. En outre, c’était la première rencontre entre le chef de l’État et moi.

Que fera le Sdf si d’ici la prochaine élection présidentielle annoncée il se rend compte que le président de la République n’a pas pris en compte ses doléances ? 

Nonobstant cette rencontre, le programme d’action du Sdf n’a pas changé. Nous avons posé des conditions minimales pour des élections équitables, transparentes et justes organisées par Elecam. Tout en restant fidèle à ce programme d’action, nous attendons du chef de l’État, un signal fort allant dans le sens de la décrispation du climat politique, surtout en ce qui concerne Elecam.  

Au juste, qu’est ce qui avait motivé la demande d’audience adressée au président de la République à l’occasion de la célébration du cinquantenaire?

 En 2007, compte tenu de la situation qui prévalait dans le pays, j’avais introduit une demande d’audience auprès de Monsieur Biya qui est restée sans réponse. En 2010, quand il devait venir à Bamenda, des Camerounais et surtout les militants du Sdf ont attiré mon attention (sur cela) et ont insisté pour que je renouvèle cette demande d’audience. C’est ce que j’ai fait. C’est ce qui a motivé ma demande d’audience.

Vouliez-vous aussi montrer aux Camerounais que vous êtes un homme de dialogue et effacer l’image d’un opposant radical qui vous colle à la peau depuis près de 20 ans?

Qu’est-ce que cela veut dire quand on qualifie un leader politique de radical ou une opposition de radicale? Des gens nous attribuent tous les noms d’oiseaux. Un parti d’opposition n’est pas un béni-oui-oui des actions gouvernementales. Chaque parti a un programme d’action alternatif. Il ne faut jamais oublier que le Sdf veut gérer ce pays en constituant un gouvernement. Le Sdf n’est pas une opposition formelle. Le Sdf a donc un programme d’action qu’il aimerait mettre en œuvre quand il arrivera au pouvoir. C’est sur la base de ce programme que nous avons été élus en 1992.

Comme vous le dites, tous les observateurs s’accordent à dire que vous aviez remporté l’élection présidentielle en 1992. Et depuis ce temps, beaucoup parmi vos militants estiment que Paul Biya est un président illégitime. Cette rencontre avec M. Paul Biya est-elle une reconnaissance tacite de sa légitimité en tant que président de la République?

Que je reconnaisse ou pas M. Paul Biya comme président de la République ne change rien au fait qu’il est là. C’est pour l’intérêt supérieur de la nation, surtout pour la paix et la cohésion sociale que nous sommes obligés, en tant que leader d’une grande formation politique, de privilégier les intérêts du peuple en recherchant le consensus sur des questions précises, en mettant un bémol sur certaines revendications et en évitant d’altérer les options politiques fondamentales et la personnalité politique du parti que nous dirigeons. Être de l’opposition (ne) signifie pas refuser de rencontrer un adversaire ou un concurrent politique qui plus est, préside aux destinées du pays. En plus, dans une démocratie moderne, comme celle que le  Sdf veut réaliser, il y a des sujets qui nécessitent le bipartisme, « bi-partisan », comme cela se dit en anglais, des sujets autour desquels tous les partis, qu’ils soient d’opposition ou au pouvoir, devraient avoir un consensus. Autrement dit, des sujets qui nécessitent une concertation, un accord général, tacite ou manifeste, entre les partis et les pouvoirs publics. L’essentiel, après cette rencontre, est de demeurer soi-même, de savoir qu’on a été écouté et d’observer si les actes pris par le président de la République vont dans le sens de l’intérêt général, de la décrispation du climat politique. En 1992, comme vous évoquez cette période, j’avais subi d’énormes pressions de toutes parts m’incitant à faire une ou deux choses: un, former un gouvernement parallèle et devenir un président bis du Cameroun, comme ce que nous observons actuellement en Côte d’Ivoire ; deux, prendre les armes et engager une guerre avec le soutien d’une fraction de l’armée camerounaise, pour revendiquer notre victoire. Après analyse objective de la situation qui prévalait dans le pays, nous avons estimé que ce n’est pas la solution armée qui allait résoudre le problème, parce qu’il est facile d’entrer en guerre, mais il est très difficile de mettre un terme à un conflit armé et de réconcilier les populations, surtout dans un pays biculturel, aux multiples ethnies et profondément tribalisé comme le Cameroun.

Des observateurs soutiennent que vous avez fait un premier pas pour l’entrée du Sdf au gouvernement. Qu’en est-il exactement ?

C’était une rencontre entre deux leaders qui ont des conceptions différentes sur la gestion de la cité et qui ont longtemps eu des divergences sur la gouvernance politique au Cameroun. Quand les citoyens d’un pays décident de se mettre ensemble sous la bannière d’un parti politique quelconque, c’est parce qu’ils ont l’ambition d’accéder au pouvoir un jour. En outre, au sein du Sdf, ce n’est pas la personne de Fru Ndi qui dicte les orientations. Ce sont ses militants et sympathisants à travers les organes statutaires. Fru Ndi seul ne peut pas se lever un de ses quatre matins et dire que le Sdf va entrer au gouvernement. Je ne suis que le porte-parole des militants et sympathisants du Sdf sans lesquels je ne suis rien. Mon rôle, dans des circonstances comme celle-ci, est de faire le compte rendu de la rencontre avec le chef de l’État aux militants du Sdf, à son organe exécutif. C’est l’organe dirigeant, après consultation des militants, qui décide des choix qui engagent le parti, en tenant compte de nos options politiques et idéologiques. Nous l’avons toujours dit, l’ambition du Sdf est de gouverner le Cameroun. Elle n’est pas d’entrer dans un gouvernement dont les options ne cadrent pas avec les nôtres.

La décision de rencontrer le président de la République avait-elle été prise au cours d’une réunion du Nec ? Est-elle votre décision personnelle?

Les points sur la nécessité de rencontrer  le chef de l’État ont toujours été discutés au sein du Nec. C’est le Nec qui m’a donné le mandat pour rencontrer le président de la République. Après cette rencontre, j’ai l’obligation de lui rendre compte du contenu de notre entretien avec le président de la République.

Quelle est l’atmosphère qui règne au sein du Sdf actuellement ?

 Le Sdf se porte de mieux en mieux, malgré les soubresauts qui le secouent quelquefois et qui sont révélateurs de sa vitalité. Ce qui est d’ailleurs normal dans la vie de tout groupe constitué. Malgré les intrigues et les manipulations diverses, le Sdf demeure solidement ancré dans ses fondements. Il est aujourd’hui seul sur le terrain pour dénoncer et combattre les dérives d’Elecam. Vous savez, nous sommes sur un champ politique. Et en période pré-électorale tous les moyens sont bons pour déstabiliser l’adversaire politique et montrer aux yeux de l’opinion publique que cet adversaire est incapable de diriger le pays. C’est de bonne guerre et les militants et sympathisants du Sdf ne sont pas dupes. Eux qui ont massivement adhéré aux idéaux du Sdf ou qui le soutiennent tout en étant conscients du fait que le parti a une ambition pour le Cameroun consignée dans un projet politique qui n’a pas changé, Mais, qui connait de temps en temps réactualisations.

Les récentes démissions de certains membres du Sdf  ont-elles eu un impact sur la vie de votre parti?

Dans les grandes métropoles, on rencontre des jeunes filles qui célèbrent leur anniversaire au moins trois fois au cours d’une année. Au sein du Sdf, il y a des militants qui ont démissionné plusieurs fois et sont revenus. Comme je l’ai dit plus haut, ces démissions montrent aussi que le Sdf est une organisation démocratique et dynamique qui n’oblige pas les militants à y demeurer. Ceux qui restent croient aux idéaux du Sdf qui n’est pas un parti qui tue l’ambition légitime de ses militants. Certains qui partent savent pourquoi ils quittent le parti. Au-delà des raisons qu’ils évoquent pour justifier leur départ, on peut émettre plusieurs hypothèses pour tenter de comprendre les raisons profondes de leur départ. Il y aurait eu des divergences profondes entre la vision de certains militants qui ont quitté la barque Sdf et les options du parti. D’autres ex-militants, en adhérant au Sdf pensaient que la victoire était proche. Ils ont été désillusionnés, incapables d’intégrer le fait que les batailles pour accéder au pouvoir sont les batailles de longue haleine. D’autres encore, dont les stratégies ont été déjouées, peuvent avoir été manipulés pour déstabiliser le Sdf. On peut aussi penser que certains parmi ceux qui ont démissionné récemment avaient des arrière-pensées politiques, voire politiciennes au moment de leur adhésion. Peut-être adhéraient-ils au Sdf pour l’utiliser par la suite comme rampe de lancement de leur carrière politique. Une manière de bénéficier de l’aura du Sdf en quelque sorte.  Nous ne pouvons que leur souhaiter bonne chance et leur demander d’avoir beaucoup de courage, de détermination. Surtout qu’ils ne pensent pas que sur le terrain les choses seront faciles et qu’ils ne prennent pas leurs rêves pour des réalités. Qu’ils ne s’imaginent pas que leur départ contribue à l’affaiblissement du Sdf  et que les militants convaincus du Sdf les suivront. Au contraire, leur départ permet  de décanter la situation au sein du Sdf. Je n’irai pas jusqu’à dire que certains parmi ces ex-camarades étaient des chargés de mission au sein du Sdf, puisqu’à un moment, certains se sont bien engagés pour la cause du parti. Mais, comme vous le savez, il ne faut jamais jurer de rien. Certains élus qui ont démissionné du parti ont été sanctionnés par les militants parce qu’ils n’ont pas été  capables de gérer, au profit des populations, l’argent des microprojets mis à leur disposition par l’Assemblée nationale. Il en est de même pour certains élus locaux qui ont  démissionné après avoir été sanctionnés par la base pour leur mauvaise gestion et leur incompétence notoire. Des preuves existent. Demandez à certains parmi ces ex-camarades quand ils ont payé leurs cotisations et leur carte de membre du parti. On ne peut faire prévaloir sa qualité de membre d’une simple association ou simpple d’une association politique, d’une tontine que si l’on dispose sa carte de membre et si on est à jour de ses cotisations. Chaque fois que ces ex-camarades ont démissionné du Sdf, ils nous ont parlé de mauvaise gestion, de dictature, de confiscation du parti par les anglophones, patati, patata. Mais que sont-ils devenus dans les partis où ils sont allés ou dans ceux qu’ils ont créés ? Que sont devenus ces partis-là ? Autant il y a eu des départs, autant il y a des nouveaux militants qui adhèrent massivement au Sdf. Je me demande pourquoi les journalistes ne parlent pas aussi de ces adhésions massives au Sdf. En tout cas,  les départs et les arrivées sont révélateurs de la vitalité du Sdf. Comme je vous ai dit il y a quelques minutes, nous sommes en période préélectorale et tous les coups sont permis. Si l’on veut jauger les capacités du Sdf, que l’on organise les élections libres, équitables, transparentes et justes. Enfin, si toutes les flèches sont concentrées aujourd’hui sur les Sdf, c’est bien parce que les gens sont conscients que le Sdf constitue une force politique redoutable et redoutée.  La preuve, les flèches ne sont pas décochées aux partis dont les militants ne peuvent pas remplir une cabine téléphonique.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que les Camerounais d’expression anglaise ont confisqué le Sdf ?

 Les militants du Sdf d’expression anglaise n’ont pas confisqué le Sdf. Depuis la création du Sdf nous avons opté pour l’égalité de chance à tous. Nous avons toujours fait en sorte que les membres issus de tous les horizons, de toutes les ethnies et de toutes les couches sociales trouvent leur place au sein du Sdf. Pour preuve, à Douala, il n’y a pas longtemps, les mairies Sdf étaient dirigées par les autochtones. Actuellement, que les mairies de Douala sont contrôlées par le Rdpc, combien d’autochtones sont à la tête des mairies ? Le Sdf a aussi pris en compte la question des minorités. Nous avons fait en sorte qu’il y ait des Bororos comme conseillers municipaux Sdf dans certaines mairies. Un leader  politique qui ne tient pas compte de la géopolitique est condamné à échouer. Cette perception peut être dû au fait que les militants d’expression anglaise sont beaucoup plus nombreux, engagés et actifs dans certaines zones et font face aux menaces et intimidations administratives. Dans d’autres zones, ce sont les militants d’expression française qui sont plus engagés.

Cela veut-il dire que vous approuviez la politique d’équilibre régional ?

Je ne parle pas exactement de l’équilibre régional. Je veux bien me faire comprendre en prenant l’exemple du Nigeria. Au début des années 60, ce pays envoyait ses étudiants boursiers au Canada et aux États Unis. Si les dirigeants de ce pays avaient voulu s’en tenir au mérite, 60 à 70% des étudiants choisis eussent été de la tribu Ibo, et  environ 20% des Yoruba de l’ouest dont 10% du Nord Nigeria. Vous pouvez imaginer les conséquences politiques d’une telle situation pour l’avenir et la cohésion du pays. C’est juste pour dire que l’on ne peut pas construire un pays si un seul groupe ethnique domine les autres. Les considérations géopolitiques que nous intégrons dans notre démarche nous permettent d’éviter que certains groupes sociaux soient lésés.

Vous tombez dans le piège de l’ethnicité en évacuant le mérite comme critère de promotion politique et de choix des dirigeants de votre parti.

Non, je ne tombe pas dans ce piège. Au contraire, je protège l’ethnicité. Je fais en sorte que chaque camerounais puisse jouir de son ethnicité ou de sa tribalité sans se sentir exclu. Parce que le patrimoine commun doit être distribué de sorte qu’aucune ethnie, aucune catégorie sociale ne se sentent exclues ou lésées. C’est ce que j’appelle la justice sociale.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être un dictateur ? 

Moi dictateur ? Mon Dieu ! Le Sdf est un parti au sein duquel le débat et la discussion sont encouragés, permanents et libres. Si après les débats, une position est arrêtée par la majorité des membres, même si celle-ci est contraire à la position d’un militant qui s’appelle Chairman, j’ai le devoir de la faire respecter. C’est le principe de base d’une organisation ou d’une formation politique démocratique. Le problème est que, des personnes mises en minorité lors des débats tiennent absolument à faire prévaloir et à faire  triompher  leur point de vue comme si celui-ci reflétait l’opinion du parti. Je ne vais pas citer  des noms des personnes. Mais, vous pouvez imaginer de quelles personnes il s’agit, vous qui, je suppose, observez le Sdf depuis le lancement de ses activités ici à Bamenda le 26 mai 1990.

Êtes-vous populiste, comme affirment certains observateurs?

Ce n’est pas la première fois que cette question m’est posée. Vous connaissez bien le slogan du Sdf : Power to the people, le pouvoir au peuple. Si être populiste c’est être auprès du peuple camerounais pour me soucier de de leurs problèmes quotidiens, oui je suis populiste. Si être populiste, c’est lutter pour que les populations aient l’eau, l’électricité, la nourriture, qu’elles envoient leurs enfants à l’école, pour qu’elles soient capables de les soigner quand ils sont malades, etc, oui je suis populiste. Si être populiste, c’est lutter pour les élections libres, équitables, transparentes et jutes soient organisées, oui je suis populiste.

Un journal de la place vous a classé parmi les monarques politiques, c’est-à-dire parmi les leaders politiques qui veulent s’éterniser à la tête de leur parti comme M. Paul Biya veut s’éterniser à la tête de l’État. Quelle est votre réaction ?

Malheureusement, ceux qui ont fait ce classement confondent l’homme ou le leader politique et l’homme d’État qui gouverne effectivement. Il est vrai que tout leader politique aspire à devenir chef d’État ou homme d’État. Je n’utilise pas la force physique pour me maintenir à la tête du Sdf. Ce sont les militants du Sdf qui, lors des conventions qui se tiennent régulièrement, me renouvèlent leur confiance en me reconduisant à la tête du Sdf. Le Sdf est l’un des partis qui tient régulièrement sa convention et le seul qui organise les élections primaires en  son sein pour la désignation de son candidat à l’élection présidentielle.

Qui vous a appris le métier de politicien ? Comment avez-fait pour entrer en politique ? Avez-vous été préparé pour affronter les difficultés du monde politique ?

Je ne saurai dire que j’avais été préparé pour devenir politicien. Quand j’étais collégien, je participais à la vie de mon établissement. On pouvait comparaît cette vie à une sorte de vie politique de l’établissement. Nous avions une sorte de shadow cabinet, où nous débattions de nos problèmes. Mon rêve était de devenir pilote. J’avais obtenu une bourse pour aller poursuivre mes études à Zaria au Nigeria. Hélas, la guerre civile du Biafra m’en a empêché. Ensuite, je voulais entrer dans l’armée. Mais, au moment d’y entrer, je me suis rendu compte qu’un de mes oncles m’avait précédé. J’ai changé d’option. Je peux dire que c’est fortuitement, mieux circonstanciellement que je suis entré en politique. Ma vocation est née au fur et à mesure que je côtoyais les souffrances et les misères de mes compatriotes.  C’est en vendant les livres que mes yeux ont été grandement ouverts sur le drame de ce pays, notamment celui des jeunes sans avenir ni perspective.

Devenu leader du Sdf, vous avez formé un Shadow cabinet. Comment fonctionne-t-il ?

 Le shadow cabinet  est une sorte de gouvernement au sein duquel chaque ministre s’occupe de son secteur d’activité.  C’est une structure au sein de laquelle nous débattons des problèmes de la nation. Cette structure nous permet d’anticiper sur les événements et nous évite de les subir. Le shadow cabinet nous permet de cadrer un nombre approximatif des ministères qu’un gouvernement Sdf pourrait avoir. Nous avons décidé  d’avoir dix-huit ministères au lieu d’une pléthore de ceux-ci qui devient trop couteux pour le budget national.

Que répondez-vous à vos adversaires politiques, notamment ceux du Rdpc qui affirment que le Sdf n’a pas de programme politique ?

Ils sont simplement de mauvaise foi. Les myopes ne peuvent pas voir au-delà du bout de leur nez. Je ne devrais pas répondre à ce genre d’insultes qui s’adressent aux nombreux militants du Sdf qui ont massivement adhéré aux idéaux du parti qui sont consignés dans un programme politique qui avait été vulgarisé auprès des militants et sympathisants. Est-il possible qu’un parti qui n’a pas de programme politique mobilise tant de foule lors des consultations électorales et suscite tant d’espoir chez de nombreux Camerounais ? Même les animaux résistent et refusent d’avancer  lorsqu’ils se rendent compte que le berger les conduit vers un endroit où leur vie peut être en danger. Les Camerounais ne sont pas dupes. Le Sdf a un programme politique depuis sa création. Les membres du Rdpc qui tiennent ce langage ne se rendent pas compte que leur parti a toujours plagié le programme politique du Sdf. Le problème du Rdpc est qu’il nous plagie mal. La mise en place du péage routier, la création de la Société de recouvrement du Cameroun (Src), l’emploi du génie militaire comme agent du développement sont des idées que le Rdpc avait piqué dans le programme économique du Sdf, le Nesprog (National economic salvation program). A l’approche de chaque élection, le Sdf publie une plaquette et un manifeste qui est une sorte de résumé de son programme politique. D’ailleurs, nous sommes actuellement en train de réviser le Nesprog, tenant compte de la situation économique actuelle de notre pays. En plus, il faut souligner que, depuis sa création, le Sdf avait dans sa plateforme toute stratégie de gouvernance, y compris un code électoral qui est la base de notre critique contre Elecam.

En son temps les spécialistes avaient remarqué que le Nesprog était un programme libéral alors que le Sdf se positionne sur l’échiquier politique comme étant une formation politique ayant opté pour la social-démocratie. Avez-vous tenu compte de cette critique des spécialistes ?

 Il faut le dire, à l’époque les gens n’avaient pas lu ce document et se sont contentés de dire que le programme était libéral. À l’époque, la situation économique du pays imposait un dosage entre le libéralisme et l’intervention de l’État. C’est ce dosage que nous avions fait dans le Nesprog. Nesprog II répond à toutes ces questions.

Le Sdf ne gagnerait-il pas à  vulgariser son projet de société  afin de montrer aux Camerounais qu’il a la capacité de diriger le pays si vous arrivez au pouvoir  et afin qu’ils sachent ce que vous entendez faire quand vous serez au pouvoir ?

Nous avons publié le projet de société du Sdf. Ce projet de société avait été envoyé aux compatriotes de la diaspora qui avaient proposé des amendements qui avaient été pris en compte. Dans notre projet de société, nous présentions notre vision du fédéralisme, du péage routier, de l’éducation, de la santé, de l’économie, de l’agriculture, des infrastructures de communication, de la chute de Mentchum etc.  Ce projet est en permanence réactualisé. D’ailleurs, je viens de vous parler de notre plateforme, du Nesprog, de notre code électoral qui sont à la base de notre programme social. Notre approche de gouvernance peut être appréhendée à travers les départements du shadow cabinet.

Il y a quelques minutes vous avez  pris l’exemple d’un berger pour illustrer votre propos. Il est de notoriété publique que vous n’êtes pas seulement un homme politique. Vous êtes aussi un agriculteur, un farmer comme vous le dites. On vous a vu à la une d’un journal, avec un régime de plantain sur l’épaule gauche et une machette dans la main droite. En 1996, vous affirmiez que ce sont les membres du parti qui subvenaient à ses besoins et quand vous seriez riches les militants du Sdf et les Camerounais devaient être informés. Êtes-vous un homme riche ?

(Un temps de réflexion…) Oui, je suis très riche. Mais, d’une richesse humaine. Les hommes, le peuple sont ma richesse. Dieu m’a donné beaucoup de personnes, beaucoup d’enfants, si je peux me permettre cette expression. Et comme vous le dites, j’ai mes plantations, mon cheptel.

 Parlez-nous brièvement de votre progéniture.

J’ai huit enfants. Quatre vivent aux États Unis d’Amérique. Trois parmi eux travaillent déjà et un Tina suit les études en médecine. L’un deux est étudiant en médicine en Allemagne. Il veut se spécialiser avant de voir s’il rentrera ou non au pays. Trois sont en Grande Bretagne. Deux travaillent là-bas et le benjamin va encore à l’école. Je remercie Dieu de me les avoir donnés.

Quelles appréciations faites-vous de la lutte contre la corruption au Cameroun ? La manière de mener cette lutte peut-elle conduire à l’éradication de ce fléau ?

C’est le Sdf qui avait déclenché cette lutte contre la corruption en dénonçant des attitudes et comportements de certains hommes politiques. Quand nous avons commencé à condamner la corruption, j’avais été comparaît à un prophète de malheur. Pendant que nous condamnions la corruption,  le président de la République demandait qu’on lui fournisse les preuves. Nous lui avons apporté la preuve dans ce qui est aujourd’hui convenu d’appeler le Mounchipougate. De nos jours ex-ministres, ex-directeurs généraux et autres sont arrêtés, jugés, condamnés et emprisonnés. Arrêter et condamner les personnes coupables de détournement de deniers publics est une chose. Mais, récupérer l’argent détourné est une autre. Il est paradoxal de constater que l’argent que l’on dépense pour chercher les preuves des détournements est supérieur à l’argent détourné. Prenons l’exemple de la Côte d’Ivoire du temps de feu Houphouet Boigny : quand il avait su que les ministres avaient détourné de l’argent, il avait ouvert un compte et leur avait demandé de verser cet argent dans ce compte. L’argent ainsi récupéré avait été utilisé pour construire la nouvelle capitale Yamoussoukro, qui fait aujourd’hui la fierté de la Côte d’Ivoire. Yamoussoukro est l’un des sites touristiques le plus visité en Afrique. Observer ce qui se passe au Niger où les autorités ont recouvré plus de 6 milliards. On pouvait recouvrer l’argent détourné ne serait-ce que pour bâtir les infrastructures telles que les universités. On pouvait par exemple utiliser l’argent recouvré pour construire l’université de Bamenda nouvellement créée. Allez-y à Soa, regardez ce qu’on appelle Université. En outre, les procès doivent être équitables. À voir le timing et la manière dont les choses sont conduites, on a l’impression que l’on assiste à des règles de compte politique entre les prétendants à la succession du président de la République. C’est dommage pour notre justice qui donne l’image d’être instrumentalisée.

Quelles sont les principes qui guident la gouvernance au sein du Sdf ?

 La transparence et l’accountability.

Cela suppose-t-il que le Sdf peut à chaque moment fournir un compte d’emploi de l’argent que l’État donne aux partis politiques ?

L’argent que l’État donne au Sdf est directement viré dans le compte du parti. Alors que certains leaders politiques empochent cet argent pour satisfaire leurs besoins personnels. Il faut trois signatures pour retirer cet argent du compte du Sdf : celle du trésorier général, celle du secrétaire général et celle du trésorier général adjoint. En tant que chairman, je n’appose pas ma signature sur les chèques avant les retraits d’argent. À tout moment, ceux qui sont chargés des affaires financières au sein du parti peuvent vous fournir un compte d’emploi. Il existe des auditeurs qui font des audits des comptes et présentent leurs conclusions au Nec et aux militants réunis lors de la Convention.

Nous sommes en année électorale. Vous avez toujours été accusé de vouloir être le candidat unique de l’opposition à l’élection présidentielle ou d’une quelconque coalition des partis de l’opposition. En d’autres termes d’être celui-là qui bloque le changement au Cameroun. Le Sdf a-t-il une stratégie pour l’avènement de l’alternance politique au Cameroun ?

C’est trop facile de pointer son doigt accusateur sur autrui et l’indexer comme étant celui qui bloque le changement. Comme je l’ai dit il y a quelques minutes, les Camerounais soutiennent le Sdf parce qu’il a un projet politique cohérent et porteur d’espoir, surtout parce qu’ils savent que son leader n’a jamais trahi. Regardez un peu la composition de l’Assemblée nationale où le Sdf est représenté par 16 députés. Certains partis, hormis le Rdpc, ont un, quatre ou cinq députés. Est-il concevable dans une démocratie que le Sdf avec ses 16 députés laisse le leadership aux autres ? Soyons sérieux et observons ce qui se passe ailleurs. En France, le parti socialiste est le parti majoritaire au sein de l’opposition. Toutes les coalitions, rassemblements et négociations que les partis engagent ou organisent tiennent compte de la position de leader du parti socialiste et lui réservent la place qui lui revient. Comment pouvez-vous admettre que dans une tontine, quelqu’un qui apporte 1 000 000 FCfa ait les mêmes dividendes que celui qui a apporté 20 000 000 FCfa. Au Cameroun, on veut que le Sdf, leader de l'opposition, s’efface pour soutenir le leader d’un parti qui n’est pas représenté à l’Assemblée nationale. Les membres d’un certain parti politique dont j’ignore le nom m’ont approché pour me demander de soutenir leur leader aujourd’hui exilé volontaire en France à la prochaine élection présidentielle. Je les ai écoutés d’une oreille distraite par simple courtoisie. Le Sdf est conscient de la nécessité d’une large coalition des forces politiques, de la société civile et des personnalités épris de changement pour l’avènement d’une alternance politique pacifique dans notre pays. Nous avons même déjà approché certains leaders politiques et de la société civile, pour que nous essayions d’élaborer une plateforme politique dans la perspective de l’élection présidentielle à venir. Beaucoup parmi eux nous ont donné leur accord de principe. Le moment venu, nous discuterons et nous verrons ce qui aura lieu de faire. Mais, j’insiste pour dire que dans toutes les discussions les partenaires doivent tenir  compte de notre poids politique et électoral. Je ne peux même pas vous dire si c’est moi qui serais le candidat du Sdf à l’élection présidentielle à venir. Comme vous le savez, c’est à l‘issue des élections primaires au sein du parti que le Sdf désigne son candidat et déploie sa stratégie.

Un mot sur les journalistes et les médias au Cameroun en général.

Je n’ai pas grand-chose à dire. Sauf que je souhaite que les journalistes deviennent de plus professionnels dans l’exercice de leur métier. Je n’ai pas de leçon à leur donner. Je suis d’ailleurs mal placé pour le faire. J’ai été parfois victimes d’attaques injustes et d’injures parfois violentes de la part de certains médias. Partisan de la liberté d’expression et de la presse, j’ai décidé de ne jamais traîner un journaliste en justice. Même Germinal à un moment donné m’avait rudoyé. Vous ne m’avez pas ménagé dans un dossier que vous avez publié au mai dernier, si mes souvenirs sont exacts. Chacun fait son travail. Et chacun peut commettre des erreurs dans l’exercice de sa profession. Je suis pour qu’on n’emprisonne jamais un journaliste pour une faute commise dans l’exercice de sa profession. Certaines critiques formulées par les journalistes nous permettent de prendre conscience de nos insuffisances et de nous améliorer. Mais, je déplore les conditions de travail et vie des hommes de médias. Certains journaux ont disparu faute de moyens de production. Un journal qui disparait prive la société d’un courant de pensée, d’une manière de voir les choses. Dans les pays développés, les gouvernements apportent une aide substantielle aux entreprises de presse afin que celles-ci ne mettent pas les clés sous le paillasson et que ne disparaisse un courant de pensée. Le gouvernement devrait faire quelque chose en plus ce qu’il fait déjà pour les médias et les journalistes. Le président de la République devrait personnellement s’occuper des problèmes des journalistes. On a l’impression qu’il n’est pas au fait de la situation inquiétante des entreprises de presse et des conditions de travail et de vie des journalistes camerounais.

Et la situation politique en Côte d'Ivoire?

La position officielle du Sdf est contenue dans la lettre que nous avons adressée au président Laurent Gbagbo (lire la lettre adressée au Président Laurent Gbagbo)
Propos recueillis à Bamenda par
 Jean-Bosco Talla
Reportage photo : Amina Christelle.
Traduit de l’anglais par la rédaction

Lettre du Sdf au président Laurent Gbagbo

Monsieur le Président et cher frère,

 En ce moment difficile de l'histoire de votre pays, le Comité Exécutif National du SDF, réuni ce jour à Bamenda, tient par ma voix à vous exprimer toute sa solidarité face aux défis injustifiés que vous affrontez. Au-delà de la longue amitié qui lie nos deux partis, notre appui se fonde sur la justesse de la cause que vous défendez, marquée du sceau du nationalisme dont vous avez fait preuve depuis toujours. Il va sans dire que votre patriotisme ne laisse pas indifférents ceux qui rêvent d'une Afrique libérée de la pression exercée par les intérêts extérieurs malheureusement servis par des procurateurs locaux.

Excellence Monsieur le Président,

À l'analyse des éléments contradictoires rapportés par nos observateurs envoyés sur place ainsi que des différentes dépêches sur le sujet et les informations à notre disposition, votre victoire ne fait l'objet d'aucun doute et la légalité de votre position est inattaquable. Le droit Ivoirien doit être respecté et défendu. Le SDF s'insurge des agressions subies par votre pays, orchestrées par des relents de néocolonialisme érigés en communauté internationale, soucieuse uniquement d'imposer des sujets à leur solde au mépris de la loi Ivoirienne et dans le seul but de leurs intérêts égoïstes. En vous recommandant à la protection de notre mère Afrique, nous vous prions recevoir. Monsieur le Président et cher frère, nos vives félicitations et l'assurance de notre plus haute considération.
Bamenda, le 11 décembre 2010
(é) Ni John Fru Ndi

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