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Comment peut-on demeurer Yves Michel Fotso au Cameroun des feymen ? - Page 3

Comment peut-on demeurer Yves Michel Fotso au Cameroun des feymen ? - Page 3

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Index de l'article
Comment peut-on demeurer Yves Michel Fotso au Cameroun des feymen ?
Une affaire de droit
Le rouleau compresseur aux trousses d’Yves Michel Fotso
Un malheur ne vient jamais seul
Un témoin gênant
Enjeux sous-jacents
Indignation, colère et prudence
Réaction du Tchad
Désir de transparence
Combien pèse le groupe Fotso ?
Le Groupe Fotso quittera-t-il le Cameroun ?
Qui manipule le Fonds Monétaire International?
Lettre au Premier ministre
Toutes les pages
Le rouleau compresseur aux trousses d’Yves Michel Fotso
Depuis quelques jours, Yves Michel Fotso, l’ex Administrateur directeur général (Adg) de la Cameroon Airline (Camair), est dans le collimateur d’une nébuleuse. Lundi dernier son passeport a été retiré par le délégué régional à la sureté nationale du Littoral.
Difficile de dire avec exactitude ce qui est reproché au fils de l’homme d’affaires de Bandjoun, Victor Fotso. Toujours est-il que depuis quelques jours, son domicile de Bonanjo à Douala faisait l’objet d’un encerclement par la police. Tout commence le samedi 30 octobre 2010 avec une convocation de la police judiciaire servie à Yves Michel Fotso. Cinq jours plus tard, c’est-à-dire le jeudi 4 novembre 2010, la police tente de retirer son passeport, mais l’ex Adg de la Camair s’y oppose et refuse d’ouvrir les portes de son domicile aux sbires venus à ses trousses. Grâce à la présence de nombreux journalistes présents sur les lieux et qui tenaient absolument à vivre en direct l’enlèvement cet homme d’affaires, les policiers qui ont déclaré ne pas vouloir théâtraliser les arrestations, comme ce fut le cas par le passé, ont battu en retraite.  Mais dans son souci de collaborer en répondant à la convocation qui lui avait été servie quelques jours plus tôt, Yves Michel Fotso s’est lui-même rendu le lundi 8 novembre dernier dans les locaux de la police judiciaire de Douala où il a été accueilli par le délégué régional à la sureté nationale, le commissaire Mbida Nkili qui lui a alors signifié l’objet de sa convocation. Le commissaire Mbida Nkili qui aurait déclaré à Yves Michel Fotso qu’il agissait ainsi en exécution d’une instruction de sa haute hiérarchie. L’ex Adg de la Camair qui a ainsi accepté, comme à son habitude, de se mettre à la disposition de la police,  s’apprêtait à se rendre, selon une source policière, dans la capitale centrafricaine, Bangui, pour une rencontre d’affaires.

Atermoiements illimités
Ce n’est pas la première fois que ce fils de Bandjoun dans la région de l’Ouest Cameroun se retrouve dans une situation inconfortable. Il y a plus de deux ans, notamment en avril 2008, dans le cadre de l’"opération épervier", Yves Michel Fotso avait déjà été l’objet d’une tentative d’arrestation dans son domicile par la police.  
Par ailleurs, il avait été entendu à Yaoundé par la direction de la police judiciaire au sujet, disait-on, de l’affaire de l’avion du président Paul Biya et pour des problèmes de détournements de deniers publics à la Camair. Depuis ce moment, la vie de l’ex Adg n’était plus de tout repos ; d’autant plus que rumeurs et contre rumeurs au sujet de son éventuelle arrestation se succédaient.
On se souvient d’ailleurs qu’à l’époque, cet ancien étudiant des écoles américaines était monté au créneau sur trois grandes chaines de télévisons, à savoir, Canal 2 international, Stv et Equinoxe, pour expliquer à l’opinion nationale ce qui semblait être sa part de vérité sur ce dont les rumeurs l’accusaient. Les deux sujets phares de son entretien avec les journalistes de ces trois chaines de télévision étaient ceux liés à l’affaire de l’achat de l’Albatros, du nom de l’avion présidentiel qui avait failli coûter la vie au chef de l’Etat, et à sa gestion en tant que Administrateur directeur général de la défunte Camair, devenue aujourd’hui Camer Co.
D’ailleurs, Yves Michel Fotso qui ne maîtrise pas seulement l’art oratoire mais aussi le bien fondé d’un acte de communication, révéla, entre autres, à la grande stupéfaction des Camerounais, que la Camair n’avait aucune comptabilité lisible à son arrivée à la tête de cette compagnie de transport aérien. Signalons que dans le cadre de cette affaire Albatros, certaines hautes personnalités de la république ont été écoutées par la police judiciaire, tandis que d’autres, à l’instar de  l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, Jean-Marie Atangana Mebara, sont en détention à la prison centrale de Yaoundé. Convoqués comme témoins, Yves Michel Fotso, directeur général de la Camair au moment des faits et Jean Marie Asene Nkou, consultant ayant touché 500 millions de commissions pour avoir servi d’intermédiaire dans la transaction entre Camair et Gia International, étaient absents à l’audience du 21 octobre 2010 au tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi.
Seulement, en dépit de cette problématique sortie médiatique et de ces explications clairement fournies, le rouleau compresseur s’était mis aux trousses de celui qui avait eu le courage de mettre fin aux nombreux avantages dont bénéficiaient certaines pontes du régime dans cette entreprise "vache à lait". C’est ainsi que son passeport avait été retiré puis, remis l’année dernière, sur instruction, précisaient certaines sources, du président de la république, afin de lui permettre d’aller chercher la dépouille de sa mère en France.

Coïncidence
A voir comment ce dossier est géré, l’on ne sait plus si cette affaire avance ou non. Tout se passe comme si ces atermoiements illimités étaient une stratégie visant à mettre Yves Michel Fotso dans une mauvaise posture psychologique. Mais à quelle fin ? Pour l’instant, l’on ne saurait le dire. Mais le moment choisi pour le retrait de son passeport offre aux observateurs une piste de réflexion. En effet, la convocation d’Yves Michel Fotso  par le service de la police judiciaire à Douala, arrive à un moment où le groupe Fotso, après avoir perdu le contrôle de la Commercial Bank of cameroun (Cbc), est actuellement engagé dans des négociations avec des Institutions financières internationales et des partenaires asiatiques en vue de la restructuration de cette banque. Ces nouveaux partenaires d’affaires veulent notamment entrer dans le capital de la banque.
Or, l’Etat camerounais avait déjà manifestait, en 2009, par la voix du ministre Essimi Menye des Finances, son intention de venir en aide à cet Etablissement financier qui copmte pour l’économie nationale. « Sans émotions, il faudrait qu’on lui redonne un peu de sang neuf au niveau de ses financements », avait-il alors déclaré en substance avant de poursuivre : « Dans les prochaines semaines, nous allons mettre à la disposition de cette institution, une enveloppe financière pour l’aider à refinancer les fonds propres moyennant un plan de restructuration qui est en préparation ».
Aujourd’hui, les promesses du Minfi ne sont pas encore tenues. Et c’est dans la dynamique de la recherche des partenaires pour la recapitalisation de la Cbc qu’Yves Michel Fotso connait des démêlées avec la justice. De quoi  plomber l’enthousiasme des investisseurs qui avaient déjà manifesté leur volonté à aider la Cbc à renflouer son capital.
Dans tous les cas, la coïncidence est troublante et le moins que l’on puisse souhaiter est que cette affaire évite des confusions et que la transparence soit de mise.
Simon Patrice Djomo