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Les injustices de la Justice

Les injustices de la Justice

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Index de l'article
Les injustices de la Justice
Les défauts de la cuirasse
Aux sources de l’affaire
Jeux troubles d’Amadou Ali et de Me Mbiam Emmanuel
Des manœuvres cousues de fil blanc
Paul Biya
Pour en savoir plus
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Affaire État du Cameroun c/Me Eyoum et Cie: Quand le magistrat décide en catimini
Le président de la cour d’appel du Mfoundi confirme l’ordonnance rendue par le président du tribunal de grande instance, Gilbert Schlick, le 27 mai 2010, sans donner  la possibilité à Me Yen Eyoum Lydienne de présenter sa demande.
Suite à l’ordonnance n°33/HC rendue le 27 mai 2010 par Schlick Gilbert, président du tribunal de grande instance du Mfoundi, statuant en matière d’Habeas Corpus et siégeant en la salle ordinaire de ses audiences sis au palais de justice de Yaoundé, la demande de libération immédiate présentée par Me Lydienne Yen Eyoum est rejetée. Le 1er juin 2010, l’intéressée interjette appel de cette décision devant le président de la cour d’appel du Centre. Le 22 septembre 2010, c’est-à-dire environ quatre (4) mois après avoir été saisi, le président de la cour d’appel du Centre reçoit ledit appel et par ordonnance sur requête n°53/Cab/Pca/Ydé, confirme, avec une grande discrétion, selon des sources crédibles, l’ordonnance entreprise en adoptant les motifs, tout en omettant d’informer l’inculpée et ses conseils de l’enrôlement de l’affaire et en évitant de l’extraire pour de la prison centrale de Yaoundé où elle est détenue depuis le 11 janvier 2010, afin qu’elle présente sa demande.  

Pourtant, se fondant uniquement sur les réquisitions du ministère public du 19 août 2010 qui demande de « confirmer la décision du premier juge, et laisser les dépens à [la] charge [de Me Yen  Eyoum] », le président de la cour d’appel écrit : « Statuant contradictoirement à l’égard de Maître Yen Eyoum Lydienne, en matière d’habeas corpus, recevons l’appel en la forme ; au fond confirmons l’ordonnance entreprise. Condamnons l’appelant aux dépens.»

Au palais de justice de Yaoundé, avocats et magistrats rencontrés ne sont pas surpris de la tournure que prennent les événements. Selon certains avocats rencontrés, le 26 octobre 2010, dans la salle des avocats, cette affaire est passée inaperçue. « C’est vous qui nous informez de son issue. Nous ne savons pas quand et où elle a été appelée et jugée. Nous ne savons pas si elle a même été inscrite à un rôle ». Et un autre de renchérir : « Ainsi va la justice camerounaise. Cette manière de procéder ne nous étonne plus. Nous sommes habitués à ces mascarades et parodies de procès. Certains magistrats bafouent volontairement les dispositions pertinentes du code de procédure pénale juste pour contenter la chancellerie et éviter certains désagréments tels que des affections disciplinaires déguisées dans des zones où il n’y a rien à mettre sous la dent. »

Un magistrat rencontré dans son bureau au palais de justice de Yaoundé, visiblement révulsé, raconte sous le couvert de l’anonymat : « Nous subissons de multiples pressions de la part de la chancellerie. Nous ne pouvons rien. Nous ne sommes pas organisés en syndicat pouvant défendre nos intérêts collectifs. Si individuellement un magistrat engage une action pour changer la situation, c’est à ses risques et périls. Dans votre cas par exemple [Aff ministère public contre Talla Jean-Bosco, ndlr], le ministre de la Justice avait appelé le magistrat pour lui demander de trouver un procureur de confiance pour s’occuper de  votre affaire. Celui à qui votre dossier avait été d’abord confié avait trouvé qu’il était vide. C’est bien après que le dossier avait été confié au juge Awono surpris [aujourd’hui en service à Mbalmayo, ndlr], qui avait pris connaissance du contenu du dossier à l’audience, le jour de l’ouverture des débats. Ce qui est paradoxal. Dans le cas de Me Eyoum, elle est dans son droit. Son affaire n’aurait jamais prospérer si la chancellerie n’était pas derrière. Les multiples violations de ses droits et ceux de la défense sont des preuves que mes collègues en charge dudit dossier n’ont pas les mains libres. S’ils tentent de manifester une velléité d’indépendance dans cette affaire, ils seront affectés hors de Yaoundé. Un collègue honnête qui était à Douala et dont l’indépendance était légendaire en sait quelque chose. Il poirote aujourd’hui quelque part dans le septentrion simplement parce qu’il a voulu bien faire son travail. Au stade actuel de l’ «Opération épervier », les magistrats ont les mains liées et aucun d’entre eux ne peut oser aller à l’encontre des directives de l’exécutif transmises via la chancellerie. Vous comprenez pourquoi les arrestations opérées dans le cadre de l’ «Opération épervier » ne sont pas des initiatives du parquet, de la justice. C’est toujours l’exécutif qui demande d’arrêter Untel. C’est dommage pour notre justice et pour l’image du Cameroun. » No comment !

Cette déclaration du magistrat traduit la réalité vécue dans cette affaire qui avait été déclenchée après que le secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso ait instruit, dans la correspondance n°156/c6/Sg/Pr du 29 décembre 2009, le ministre de la justice, Amadou Ali de faire déférer Mes Eyoum et Cie devant le tribunal de Grande instance du Mfoundi (Cf Germinal n°057 du 26 mai 2010). Dans ladite correspondance le secrétaire général de la présidence de la République écrivait : « Faisant suite à votre correspondance de référence, j’ai l’honneur de vous notifier l’Accord du chef de l’État à vos propositions tendant à faire déférer Maîtres Eyoum Yen Lydienne, Baleng Maah Célestin, les nommés Abah Abah Polycarpe, Engoulou Henri et Ngwem au Parquet du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi en vue de l’ouverture d’une information judiciaire contre eux, avec mandat de détention provisoire, du chef d’accusation de détournement de deniers publics et complicité. Vous voudrez bien me faire connaître, pour la Très Haute Information du chef de l’État, l’exécution de ces diligences ».

«Mon brillant collègue Gilbert Schlick, peut bien se tuer, comme il l’avait fait à l’audience, pour démontrer que les magistrats n’ont pas vu cette directive de l’exécutif, il ne convaincra personne, puisque celles-ci sont antérieures à la décision qu’il a prise. De plus, il a été décerné aux concernés un mandat de détention provisoire, comme il est stipulé dans cette lettre du ministre d’État. Si moi je l’ai vu circulé à plus forte raison ceux qui ont le dossier entre les mains», conclut ce magistrat prêt à quitter le corps ou à trouver mieux ailleurs si l’opportunité s’offre à lui.
J.-B Talla

Les défauts de la cuirasse

Des avocats rencontrés n’hésitent pas à relever les violations flagrantes de la loi. Entre autres :  
- Non respect de l’article 587, alinéa 2 du code de procédure pénale qui dispose : « En cas d'appel […] (2) Le président de la cour d'appel ou tout autre magistrat de siège désigné par lui, statue dans le délai de dix (10) jours prévu à l'article 275 (2) ci-dessus. ». L’article 275 (2) dispose : « En matière  de détention provisoire, il doit être statué dans les dix (10) jours qui de la réception de la requête d’appel »
-  Violation du principe du contradictoire. Après avoir reçu communication du dossier, le parquet a requis trois mois pour déposer ses réquisitions qui n’ont pas été communiquées à l’inculpée.
- non extraction de l’inculpée pour qu’elle présente sa demande et non information de ses conseils de l’enrôlement de l’affaire.
Tout laisse à penser que cette affaire est embarrassante pour les juges. Sinon, on ne comprend pas pourquoi d’abord cotée à la chambre de contrôle de l’instruction (tel qu’il apparait sur les réquisitions du parquet général), elle a été jugée par le président de la cour d’appel. Seul !
En outre, on peut aussi se demander pourquoi, le président de la cour d’appel a évité la publicité des débats observée avec le premier juge qui avait ordonné à toutes ses audiences l’extraction de Me Yen Eyoum pour que celle-ci présente et soutienne sa demande de libération immédiate. Par ailleurs, on se demande pourquoi le juger a confirmé l’ordonnance entreprise par ordonnance sur requête alors qu’il se trouve en présence d’une requête d’appel.
J.E.L

Aux sources de l’affaire

Après avoir réussi à faire condamner la Sgbc, à payer la somme de 5 214 497 461,24 FCfa dans l’affaire qui l’oppose à l’État du Cameroun, l’ex ministre de l’Économie et des Finances, Edouard Akamé Mfoumou engage des négociations secrètes avec les responsables de cette banque à l’insu du conseil de l’État Me Yen Eyoum Lydienne, régulièrement constituée. Après avoir injecté son homme de main Me Mbiam dans « l’affaire », il accepte le rapprochement avec la banque pour ne recevoir que 3 615 972 800 FCfa pour solde de tout compte. C’est au cours d’une rencontre initiée par Meva’a m’Eboutou (Minefi qui ne transigeait pas avec les intérêts de l’État) et présidée par le secrétaire général du Minefi que Me Eyoum se rend compte de l’entrée en scène de Me Mbiam Emmanuel, avocat au Barreau du Cameroun qui s’en sort dans cette « affaire » avec une rondelette somme de 354 850 510 FCfa.

Dès son entrée en fonction, Monsieur Meva'a renouvelle, le 08 mai 2003, la constitution de Me Yen Eyoum, comme avocate de l'État. Il ne se sent pas lié par ce que son prédécesseur appelle règlement à l'amiable et définitif, faute de convention expresse allant dans ce sens. Répondant aux interrogations de Me Yen Eyoum sur la conduite à tenir, à savoir désistement de l'État dans la procédure en cours ou poursuite de celle-ci, par lettre du 16 juillet 2003, il fait instruire à Me Yen Eyoum qu'aucune convention n'a constaté le règlement à l'amiable intervenu avec le remboursement de la somme de 3.615.972.800 F.Cfa. Il l'invite par conséquent à préparer un projet d'accord qui intégrera les composants du différend qui oppose l'État du Cameroun à la Sgbc au sujet de la créance Gortzounian.

La Sgbc reste zen. Par la suite, le ministre des Finances et du Budget adresse à son Administrateur directeur général une correspondance qui s'apparente à une mise en demeure, dans laquelle il lui indique qu'aucune transaction régulière n'est intervenue entre les parties et que la Sgbc reste redevable à l'État du Cameroun de la somme de 2.155.971.808,27 francs Cfa, représentant la partie des intérêts légaux qui lui ont été alloués par les juridictions, somme qui a d'ailleurs continué à faire l'objet de poursuites judiciaires à son encontre.

Le nouveau Minefi l'invite à examiner de manière consensuelle avec son conseil et ses services juridiques le reste des frais et des intérêts légaux à couvrir, ainsi que les termes d'un protocole amiable et définitif qui permettrait aux deux parties de clore définitivement ce litige. Faute d'y parvenir, souligne le ministre, il se trouvera dans l'obligation d'instruire la Beac de reverser les sommes saisies à l'État

Les négociations avec la Sgbc échouent, la Sgbc n'entendant plus payer ni frais, ni intérêts encore moins.les honoraires de l'avocate de l'État régulièrement constituée, Me Yen Eyoum. Les instructions sont données à celle-ci de continuer la procédure

Le 08 décembre 2004, Polycarpe Abah Abah est promu ministre de l'Économie et des Finances.

Le 15 juillet 2004, une nouvelle procédure de saisie attribution de créances est pratiquée sur les avoirs de la Sgbc à la Beac-Douala pour le paiement de la somme de 2.155.971.808,27 F.Cfa, représentant le reliquat de la créance, objet de la première saisie suivant procès-verbal de Me Baleng Maah, Huissier de Justice à Douala

La Sgbc initie une nouvelle procédure de contestation devant le juge de l'urgence, statuant sur le contentieux de l'exécution.  Ce qui amène ce juge à ordonner le reversement des causes de la saisie par la Beac à l'État du Cameroun par une décision exécutoire sur minute.

Le 21 décembre 2004, la Beac vire sur le compte de Me Yen Eyoum les causes de la saisie attribution, après avoir exigé, pour ce faire, un Pouvoir spécial l'habilitant à recouvrer et à percevoir pour le compte de l'État du Cameroun. C'est ainsi que le nouveau ministre de l'Économie et des Finances, Polycarpe Abah Abah, délivre à Me Yen Eyoum, conformément aux exigences de la Beac et à la loi le Pouvoir spécial n°607 du 16 décembre 2004, pour lui permettre " de recouvrer, recevoir, au nom et pour le compte de l'État du Cameroun ; les sommes cause de la saisie attribution de créance de FCfa 2 155 971 808,27 pratiquée le 15 juillet, par maître Baleng Maah, huissier de Justice, et de délivrer bonne et valable quittance "

Et suivant les instructions reçues par lettre n° 014/Minefi/Cab/Mindel.B du 23 décembre 2004, la moitié des fonds recouvrés fut virée le 24 décembre 2004 au compte du Trésor public ouvert dans les livres de la Beac soit la somme de 1.077.985.904 FCfa tandis que Me Yen Eyoum conservait toujours suivant les instructions de son client, l'autre moitié soit la somme de 1.077.985.904 francs Cfa jusqu'à ce que l'État et elle se soient mis d'accord sur le montant de ses honoraires.[…]

Le 25 mars 2008, sous les pressions conjointes de la Sgbc et du ministère de la justice, par le biais du procureur général de Douala, la saisie exécutée 4 ans plus tôt est annulée par la Cour d'appel. La réaction du ministre des Finances Essimi Menyé ne se fait pas attendre. Dans la correspondance n° 00001276 du 28 mars 2008, le Minfi écrit : " Faisant suite à votre compte rendu du 26 mars relatif à l'arrêt du 24 mars 2008 rendu par la Cour d'appel du Littoral dans l'affaire visée en objet ; Je vous demande de bien vouloir saisir la Cour commune de justice de et d'arbitrage (Ccja) d'Abidjan aux fin d'obtenir la cassation de l'adite décision, et de poser tous les actes nécessaires à la défense des intérêts de l'État dans cette affaire "

Le vendredi 08 janvier 2010 Me Yen Eyoum est interpellée et placée en garde dans les locaux de la police judiciaire.

Le lundi 11 janvier 2010, elle est conduite chez le procureur, puis devant le juge d'instruction, enfin placée en détention préventive à la prison centrale de Kondengui le mardi à 1heure du matin sur instruction du ministre d’État secrétaire général de la présidence de la République.
Source : Germinal, n°056 du 12 mai 2010.

Jeux troubles d’Amadou Ali et de Me Mbiam Emmanuel

Tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces. Tout flateur vit au dépens de celui qui l’écoute
Une Convention de compensation des créances réciproques a été signée le 25 mai 2010 entre l’État du Cameroun et l’ex-Oncpb représenté par Essimi Menyé, ayant pour conseil Me Maloka, avocat au barreau du Cameroun et la Société générale des Banques au Cameroun, représentée par son administrateur directeur général, Alexandre Maymat, ayant pour conseil Me Mbiam Emmanuel, avocat au barreau du Cameroun. Selon cette convention, « les parties acceptent et conviennent de manière irrévocable que la présente compensation emporte extinction complète de leurs créances réciproques conformément aux dispositions des articles 1289 et suivants du Code civil camerounais » (art.3) « Chaque partie s’oblige à n’engager contre l’autre aucune procédure devant quelque juridiction que ce soit, ayant pour fondement l’une quelconque des créances éteintes. Les parties conviennent d’abandonner toutes les procédures pendantes tant devant les juridictions nationales, qu’internationales et les concernant exclusive »(art.6) «Dans cette optique, dès le 30 mars 2010, l’État a déposé un mémoire auprès de la Cour commune de Justice et d’Arbitrage de l’Ohada à Abidjan tendant au désistement de son recours contre l’Arrêt du 24 mars 2008. Dans la même veine il a versé des conditions dans la procédure en dommages et intérêts pendante devant le tribunal de grande instance du Wouri, à l’audience du 07 mai 2010. Toutes ces écritures ont été communiqués à l’avocat de la Banque respectivement le 05 avril 2010 et le 07 mai 2010 »(art. 7).
C’est en lisant attentivement le préambule de cette convention et les correspondances adressées par Me Mbiam les 07 décembre 2009, 15 et 25 janvier 2010 au Minfi, au ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République que l’on appréhende les jeux troubles et manœuvres de cet avocat et du garde des Sceaux, Amadou Ali.
En effet, ce préambule reprend point par point termes et arguments d’Amadou Ali contenus dans sa correspondance n°3555/0882/99/Danrs du 25 mars 2005 adressée au secrétaire général des services du premier ministre. Selon Amadou Ali, « La saisie attribution de la somme de 2 155 milliards qu’a fait qu’a fait pratiquer Me Eyoum sur les avoirs de la Sgbc à la Beac en décembre 2004, n’a pas respecté les termes de ma circulaire du 14 octobre 2004 sur les saisies-attributions qui dispose : « la notification des actes de procédures ou exploits d’huissier à la Beac, notamment des saisies d’actifs financiers privés appartenant à un tiers ne pourra avoir lieu qu’en exécution d’une décision de justice devenue définitive ». Plus loin, il revient sur l’arrangement entre Akamé Mfoumou et la Sgbc «concrétisé par la lettre du Minefi en date du 03 avril 2001 adressée en la Sgbc » et «entériné[e] par l’arrêt n° 126/Ref du 08 août 2001 de la cour d’appel du littoral ». Avant de conclure : « Aussi l’affaire Sgbc c/ État du Cameroun (Minefi), me semble dès lors définitivement réglée. La nouvelle saisie pratiquée par le Minefi procède par conséquent d’un abus, auquel il serait souhaitable de mettre un terme en rétablissant la Sgbc dans ses droits, quitte à ce que l’État dénonce par la suite l’accord intervenu, au cas où il y en aurait fraude »
De son côté Me Mbiam n’est pas resté inactif. Tout en affirmant qu’il n’a jamais été l’avocat de l’État dans cette affaire, il déclare avoir toujours souhaité qu’il y ait un arrangement à l’amiable. Dans les différentes correspondances sus-mentionnées, il reprend à son compte les arguments du ministre de la Justice contenus dans la correspondance sus-citée. Il fonde sa démarche, soutient-il, sur la lettre du ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République qui, répondant à la sollicitation d’intervention introduite par la Sgbc, demande au Minefi, «sur très hautes instructions du chef de l’État, d’arrêter toute action engagée ou envisagée, dans le cadre de la procédure en objet, de rembourser les sommes indûment saisies » à la Sgbc. Aussi, soutient-il, dans le souci de rechercher l’apaisement et un arrangement à l’amiable, a-t-il rencontré Me Eyoum. Bref, pour Me Mbiam et Amadou Ali, la Sgbc est dans son bon droit.
Des sources proches de Me Eyoum Yen et certains avocats ayant côtoyé Me Mbiam Emmanuel ne voient pas les choses de la même façon. Pour celles-ci, la démarche entreprise par Me Mbiam en direction de l’avocate incarcérée n’était qu’une sorte de baiser de Judas. Toujours selon ces sources, la démarche de Me Mbiam n’était pas sans arrières pensées. « Après avoir essuyé un échec auprès du Ministre Essimi Menyé, il s’était retourné vers Me Eyoum pour l’amadouer à travers des correspondances au ton mielleux dans lesquelles il affirmait que le procès dont il s’agit est un procès civil. Dans ces correspondances, il demandait à l’avocate de faciliter la signature de la convention. Dès qu’il a obtenu la signature de l’avocate, il s’est moqué de tout le monde, même du ministre réticent à qui il avait lancé un défi en lui faisant savoir qu’il signera la convention de gré ou de force». D’autres sources soutiennent que Me Mbiam est membre de plusieurs réseaux et qu’il est assez vicieux, voire dangereux.
Reste que des contradictions que l’on peut relever dans les différentes correspondances et dans la démarche de Me Mbiam suscitent un questionnement.
J.E.L

Des manœuvres cousues de fil blanc

Il n’existe pas de crime parfait et le diable se cache souvent dans les détails. Amadou Ali et Me Mbiam Emmanuel ne s’embarrassent pas d’arguties pour défendre leurs points de vue. Il faut bien tordre le coup aux sophismes
Amadou Ali et Me Mbiam ont mis sur pied une stratégie visant à accréditer la thèse selon laquelle la saisie attribution de la somme de 2 155 milliards qu’a fait pratiquer Me Eyoum sur les avoirs de la Sgbc à la Beac en décembre 2004 procède d’un abus. Ils fondent leurs arguments, comme déjà dit , sur la lettre d’Akamè Mfoumou du 03 avril 2001 et sur l’arrêt n° 126/Ref du 08 août 2001 de la cour d’appel du Littoral. Me Mbiam nous a ressassé lesdits arguments des minutes durant au téléphone, oubliant que le diable se cache souvent dans les détails. Aussi, les contradictions que l’on peut noter dans leur démarche viennent-elles montrer à suffisance qu’il n’y a pas de crime parfait, comme l’affirme un adage populaire.

Si donc l’affaire avait été réglée en 2001, comme le martèlent Amadou Ali et Me Mbiam, comment comprendre que Me Mbiam se démène comme un beau diable pour obtenir la signature de Me Eyoum en vue de signature d’une convention de compensation de créances réciproques ? Pour tout observateur, (même le plus naïf) les agissements de Me Mbiam constituent un inconscient révélateur. Ses actes narguent ses paroles. En allant solliciter la signature de Me Eyoum et en faisant en sorte que la convention soit effectivement signée le 25 mai 2010, plusieurs années après le départ d’Akamè Mfoumou et 5 mois après l’incarcération de Me Eyoum, Me Mbiam reconnaît implicitement que la lettre d’Akamè Mfoumou et l’arrêt n°126/Ref obtenu après d’énormes pressions exercées par la chancellerie sur les magistrats de la cour d’appel du littoral n’engageaient pas l’État du Cameroun qui ne pouvait pas abandonner la procédure « faute de convention expresse allant dans ce sens ». Par ce conséquent, Monsieur Meva’a m’Eboutou était en droit de donner des instructions au conseil de l’État pour la poursuite de la procédure.

En outre, après le verdict de la cour d’appel du littoral, le ministre des Finances, Essimi Menyé avait adressé, à l’avocate, le 28 mars 2008, une correspondance dans laquelle il lui demandait de saisir la Cour commune de Justice et d’Arbitrage de l’Ohada  d’Abidjan. Dans ladite correspondance Essimi Menyé écrivait : "Faisant suite à votre compte rendu du 26 mars relatif à l'arrêt du 24 mars 2008 rendu par la Cour d'appel du Littoral dans l'affaire visée en objet ; Je vous demande de bien vouloir saisir la Cour commune de justice de et d'arbitrage (Ccja) d'Abidjan aux fin d'obtenir la cassation de ladite décision, et de poser tous les actes nécessaires à la défense des intérêts de l'État dans cette affaire". Subrepticement, il a apposé sa signature au bas d’une convention dont le contenu jure avec ses convictions antérieures dans cette affaire. Comment comprendre ce revirement?

Il serait naïf de croire, comme le soutient Me Mbiam, que le ministre des Finances s’est rendu compte sur le tard qu’il avait été trompé. Alors question à un sou : fallait-il attendre tant d’années après son entrée au gouvernement, à un si haut niveau de responsabilité et après avoir roulé sa bosse au Fmi, pour se rendre compte qu’il a été floué dans une procédure qui engage les intérêts de l’État ? Il y a de quoi faire sourire même le plus idiot des Camerounais.

En réalité c’est bien parce que le ministre Essimi Menyé ne comprenait pas qu’on annule une saisie-attribution qui avait été exécutée quatre ans plus tôt qu’il avait demandé au Conseil de l’État de saisir la Cour commune de Justice et d’Arbitrage d’Abidjan. Et si Me Mbiam s’est battu pour que cette juridiction ne connaisse pas de cette affaire, c’est bien parce que, conscient du caractère inique de l’arrêt de la cour d’appel du littoral, il sait qu’en laissant cette juridiction supranationale faire, elle allait annuler ledit arrêt sur lequel Amadou Ali, la Sgbc et lui fondent leurs arguties. Des avocats soutiennent mordicus « qu’on ne peut pas annuler une saisie qui a déjà été exécutée ».

S’il est vrai, comme l’affirme Me Mbiam, qu’il n’a jamais été avocat de l’État dans cette cause, il reste constant, soutiennent d’autres sources, qu’il avait été « recommandé », pour ne pas dire «imposé», à la Sgbc par Akamé Mfoumou. De plus, poursuivent ces sources, Me Mbiam est dans les bonnes grâces du garde des Sceaux (Gds) qui lui confie très souvent des missions spéciales. Autrement dit, « quand il y a des affaires juteuses comme celle qui oppose l’État du Cameroun à la Sgbc, on oblige la partie adverse à le constituer comme avocat. Il est de notoriété publique que Me Mbiam Emmanuel est l’homme de main de plusieurs personnalités de la République ».

A qui profite donc ce crime, est-on tenté de se demander. Certainement pas à l’État du Cameroun et aux contribuables camerounais. Quel intérêt Amadou Ali et consorts ont-ils à prendre fait et cause contre l’État du Cameroun? En tout cas, c’est leur manière d’être patriotes. Mais, quel patriotisme?

Jean-Bosco Talla

Paul Biya «réceptif »

Selon notre confrère La Lettre du Continent l’ancien ministre des affaires étrangères de François Mitterrand, Roland Dumas, à la demande de Me Christian Charrière-Bournazel (cabinet CCD Avocats), ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris, a sensibilisé son vieil ami Paul Biya sur la situation de Me Yen Eyoum Lydienne incarcéré à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis le 11 janvier 2010. Dans ce pénitencier, l’avocate et une quinzaine de codétenues partage un local de 20m2 infesté de rats.
En outre, Bruno Gain, ambassadeur de France au Cameroun, qui maîtrise le dossier, a déjà alerté le garde des Sceaux Amadou Ali, le ministre des relations extérieures, Henri Eyebé Ayissi, le secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, Le directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou.
Selon certaines indiscrétions, lors de la rencontre avec Bruno Gain, Amadou Ali aurait déclaré que les enquêtes se poursuivent. Pourtant, d’autres sources proches du Sed affirment que la première enquête menée par les services du Sed n’avait pas noté des malversations de la part Me Yen Eyoum Lydienne dans les actes qu’elle avait posés.
Lors d’un tête-à-tête, le 12 août 2010, le diplomate français avait même évoqué le sujet avec le chef de l’État camerounais Paul Biya qui aurait été « réceptif ». Au cours de ce tête-à-tête, le cas de Thierry-Michel Atangana, cet autre franco-camerounais condamné à 15 ans d’emprisonnement en 1997 et incarcéré au Secrétariat d’État à la Défense (Sed), a été évoqué.
Faut-il le souligner, dans cette affaire Me Lydienne Annette Yen Eyoum-Loyse est défendu par un collège d’avocats constitué de Me Christian Charrière-Bournazel, Caroline Wassermans, Me Yondo Mandengue Black, Me Mongue Din, Me Kouengoua et Me Betayene.
Maheu


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